Victor Aubert, président d'Academia Christiana, avec Alain Soral

Depuis l’annonce de l’intention du ministre de l’Intérieur Darmanin de dissoudre Academia Christiana, et plus encore depuis un entretien de Darmanin sur un plateau télé interprété par beaucoup comme une confusion entre Academia Christiana et Civitas, certains dans les milieux de la droite et de la dite extrême droite tentent volontiers d’opposer les bons traditionalistes d’Academia Christiana aux abominables intégristes de Civitas, ou le mouvement de formation intellectuelle Academia Christiana aux mouvements d’ultradroite présentés comme violents pour simplement vouloir rendre hommage à Thomas.

La stratégie de l’opposition entre nous conduit à la défaite

Cette dualité que certains voudraient encourager est significative autant qu’elle est vouée à l’échec.

Significative d’abord par ceux qui en sont les initiateurs. Gilles-William Goldnadel, Gilbert Collard, des élus du RN et de Reconquête sont à l’avant-garde de cette stratégie perdante. La stratégie de la dédiabolisation est une lubie électoraliste. Rejoindre le camp des modérés pour plaire au plus grand nombre et espérer emporter la mise aux élections. C’est une stratégie généralement promue par des pièces rapportées du camp national, des arrivés tardifs qui servent souvent deux maîtres à la fois, accordant nécessairement la priorité à l’un des deux – et ce n’est jamais le nôtre !

Les modérés

Significative aussi par tous les modérés qui rejoignent cette stratégie, par facilité, par confort ou encore par souci de « respectabilité ». Quand Civitas a fait l’objet d’une intention de dissolution, Valeurs Actuelles a simplement reproduit la dépêche AFP, Gabrielle Cluzel et Charlotte d’Ornellas avaient piscine et Ligne Droite était aux abonnés absents. Or, comme le soulignait hier l’éditeur Sylvain Durain, c’est à ce moment-là qu’il fallait que tout le camp catholique et national monte au créneau. Mais non, les bien-pensants du camp catholique et national ont détourné le regard. Rendez-vous compte, Civitas et Pierre Hillard étaient accusés d’antisémitisme, la marque de l’infréquentabilité.

Or, cette stratégie-là est toujours perdante. Comme l’a répété à plusieurs reprises Alain Escada, si Civitas est considéré par le Régime comme le mal absolu, une fois Civitas disparu par dissolution c’est un autre mouvement, plus modéré, qui deviendra à son tour le mal absolu, ramenant sans cesse le centre de plus en plus à droite. Et c’est ce qui est arrivé.

Les mêmes anathèmes pour tous

Le pire étant que le modéré d’hier est à son tour frappé des mêmes anathèmes que les plus radicaux qui l’ont précédé. Ainsi, les accusations d’antisémitisme ou d’exaltation de la collaboration portées à l’encontre d’Academia Christiana ne relèvent pas d’une simple confusion de Darmanin entre Civitas et Academia Christiana. Preuve en est le contenu de la notification d’intention de dissolution d’Academia Christiana qui, sur ces deux accusations, cite notamment des propos d’intervenants aux universités d’été d’Academia Christiana.

Et, nous l’avons déjà dit dans un précédent article, conformément à la circulaire Darmanin et son annexe sur l’interdiction des rassemblements et manifestations « d’ultra-droite », les services de Darmanin chargés de monter les dossiers de dissolution épluchent des années de militantisme et de traces sur les réseaux sociaux, trouvant toujours moyen de considérer que si X a l’air bien gentil, il fréquente néanmoins Y qui fréquente Z, permettant de la sorte d’affirmer que les dirigeants des mouvements visés par une intention de dissolution fréquentent des gens déjà condamnés pour racisme ou antisémitisme ou homophobie, ou encore qu’ils fréquentent des dirigeants de mouvements déjà dissous, ce qui aux yeux de la république maçonnique est déjà une preuve manifeste de culpabilité, seuls les ex-détenus pour meurtre ou viol ayant droit à une réinsertion sociale, réinsertion tout bonnement interdite aux condamnés pour délits d’opinions politiques.

Qui veut diviser pour régner ?

Les Goldnadel, Collard et consorts encouragent Academia Christiana à adopter une posture d’opposition à beaucoup d’autres organisations déjà dissoutes, à adopter un profil lisse. Dommage que la marche contre l’antisémitisme soit déjà derrière nous sans quoi ces illustres penseurs auraient certainement conseillé à la direction d’Academia Christiana d’y participer. Mais combien de temps ces illustres conseillers resteront-ils amis d’Academia Christiana, maintenant que les médias commencent à diffuser des images de Victor Aubert, patron d’Academia Christiana, avec Alain Soral qu’il qualifie de « boss », ou encore faisant le « salut romain » dans une Manif pour Tous ?

La seule stratégie potentiellement gagnante serait de faire front commun, dans tout le camp catholique et national, des modérés aux radicaux. Unis, ces différents acteurs deviendraient une force. Mais le Diable est habile et sait comment diviser pour régner.

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