Peu de temps après la vague de détonations meurtrières de bipeurs qui ont frappé le Liban et en particulier le mouvement Hezbollah à l’instigation d’Israël, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a publié un message énigmatique sur les réseaux sociaux indiquant que son pays passait à une « nouvelle phase de la guerre ».
Le ministère américain de la Défense s’est dit « très préoccupé » par l’éclatement d’une guerre terrestre entre Israël et le Hezbollah à la suite de cette vague d’explosions meurtrières de bipeurs et d’autres appareils électroniques au Liban, a rapporté ce jeudi le Wall Street Journal.
Le Pentagone est alarmé par le fait que la situation est sur le point de « devenir incontrôlable », a déclaré un haut responsable.
Transfert de troupes
Israël a récemment transféré vers le nord une division composée de milliers de commandos et de parachutistes qui opéraient à Gaza.
Les craintes d’une opération terrestre israélienne imminente dans le sud du Liban ont été évoquées lundi lors d’une réunion du Pentagone par le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin. La vague d’explosions a porté le risque d’une guerre régionale à de nouveaux sommets, a-t-il noté. Après avoir parlé avec son homologue israélien Yoav Gallant, Austin a eu l’impression que Tel-Aviv se préparait à de nouvelles options militaires concernant le Liban, a déclaré un responsable américain de la défense cité par le WSJ.
Austin a exhorté le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant à « donner aux négociations diplomatiques le temps d’aboutir », selon le porte-parole du Pentagone, le général de division Patrick Ryder. Le secrétaire d’État Antony Blinken a souligné mercredi qu’il était « impératif que toutes les parties s’abstiennent de toute action qui pourrait aggraver le conflit ».
Le 17 septembre, plusieurs milliers de bipeurs utilisés par des membres du mouvement Hezbollah ont explosé dans différentes régions du Liban. Les autorités libanaises ont déclaré que 12 personnes ont été tuées et environ 3 000 blessées par la détonation des engins. Le pays a dû faire face à une nouvelle vague d’explosions le 18 septembre, avec cette fois également des explosions de radios portatives. Vingt personnes ont été tuées et plus de 450 blessées dans les banlieues de Beyrouth et dans la vallée de la Bekaa, selon le ministère libanais de la Santé. Le Hezbollah et les autorités libanaises ont imputé l’incident à Israël et ont promis de riposter.
Les bipeurs étaient utilisés par le Hezbollah comme un système de communication fermé moins susceptible d’être piraté et écouté. D’autres engins explosifs étaient insérés dans des talkies-walkies, des téléphones et des scanners d’empreintes digitales.
Washington nie toute implication
Israël n’a fait aucune déclaration officielle au sujet des explosions.
Alors que des analystes militaires ont émis l’hypothèse que les services de renseignement américains pourraient être à l’origine des explosions, Washington s’est empressé de prendre ses distances avec ces faits. « Les Etats-Unis n’ont aucune implication dans les attaques électroniques contre le Hezbollah », a déclaré mercredi la Maison Blanche.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a également fait remarquer mercredi que les détonations de bipeurs au Liban pourraient être une action préventive avant une opération militaire majeure qui doit être évitée à tout prix.
« Il est évident que la logique derrière l’explosion de tous ces engins est de le faire de manière préventive avant une opération militaire de grande envergure. Aussi important que soit l’événement en lui-même, le fait qu’il s’agisse d’une indication confirme qu’il existe un risque sérieux d’ escalade dramatique au Liban, et tout doit être fait pour éviter cette escalade », a déclaré M. Guterres aux journalistes lors d’un point de presse.
Léo Kersauzie
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