Tel est le constat que les médias israéliens, même les plus apologistes, sont aujourd’hui contraints de faire !
Encore que les fanatiques religieux s’empressent de faire un distingo pour souligner que ce mouvement de rejet manifeste d’Israël, qui enfle d’année en année, est surtout, selon leurs dires :
– très fréquent chez les juifs laïques (36%, plus d’un sur trois !)
– moins marqué chez les juifs religieux – les haredi (moins de 10%, mais près d’un sur dix tout de même !)
http://alyaexpress-news.com/enquete-36-juifs-laiques-veulent-quitter-israel/
La question en Israël n’est pas l’immigration qui ne concerne que quelques dizaines de milliers de personnes, mais bien l’émigration qui en concerne plus de deux millions !
Israël, même quand on est juif, on veut bien y aller comme touriste, mais surtout pas pour y vivre !
Et ce ne sont pas les juifs américains, canadiens, britanniques, allemands ou français qui diront le contraire…
Un constat qui ne surprendra pas ceux qui – au-delà de la propagande médiatique éhontée relayée à dessein notamment en France via les officines du CRIF – suivent d’un peu plus près l’actualité locale où la situation économique est tellement catastrophique que plus rien ne peut la masquer, même et surtout si les autorités locales font tout pour laisser supposer le contraire, utilisant cyniquement les attentats comme rideau de fumée…
Il ne s’agit pas du tout de question sécuritaire comme certains lecteurs pourraient le supposer, mais des soucis sociétaux et relationnels auxquels les juifs, notamment les immigré récents, sont confrontés journellement.
– coût de la vie faramineux
(notamment une crise du logement chronique et des loyers qui flambent, suite à une spéculation immobilière effrénée dont les Israéliens sont les premières victimes.
http://www.tel-avivre.com/2014/12/28/immobilier-israel-le-prix-de-la-location-a-augmente-de-60-ces-six-dernieres-annees/
De violentes émeutes – avec occupation symbolique du boulevard Rothschild à Tel Aviv par des tentes – ont agité le pays au début de la décennie.
Un mouvement aussitôt dénoncé comme « gauchiste » par les médias extrémistes qui ont l’apanage de la diffusion internationale de la propagande !
http://www.cclj.be/actu/israel/boulevard-rothschild-tentes-contestation
Pourtant les observateurs impartiaux ont pu s’en rendre compte :
« C’est la fronde d’une classe moyenne de gens bien formés, correctement payés, qui sent qu’en dépit de ses efforts, de sa loyauté envers l’Etat, de son service militaire, ne récupère pas sa part du « rêve sioniste du 21e siècle » : travailler très dur, monter sa société high-tech et prendre sa retraite à 45 ans. »
On avait même vu alors des manifestants désespérés s’immoler par le feu…
– difficulté endémique d’emploi
La formule à la mode dans classe moyenne israélienne en alya en dit long : « alya boeing »
http://fr.timesofisrael.com/une-vague-massive-dalyah-francaise-la-tendance-alyah-boeing-le-dement/
Les familles s’installent en Israël mais conservent leurs activités en Europe, notamment en France, ce qui n’est pas la meilleure preuve d’intégration !
(Mais il est vrai que si un médecin gagne cinq fois moins en Israël qu’en France, son choix sera vite fait !)
– faible taux de rémunération :
Les salaires sont en moyenne de 30% inférieurs à ce qu’ils sont par exemple en France !
Les 2/3 de la population sont en-dessous du salaire moyen et les emplois à temps partiels sont la règle dans le secteur des services…
(Un pays où les enseignants ne gagnent pas plus que les agriculteurs !)
– faibles retraites :
http://alyaexpress-news.com/avantages-et-allocations-pour-les-retraites-israeliens-la-main-droite-donne-la-main-gauche-enleve/
– antinomie viscérale (pour ne pas dire racisme intrinsèque) et apartheid ashkénaze / sépharade qui va jusqu’aux écoles :
quand on parle de « mixité » par exemple des assemblées et manifestations diverses culturelles et religieuses, voire politiques, en Israël il s’agit le plus souvent non pas de mixité raciale entre juifs et « arables » palestiniens, ni de mixité entre hommes et femmes, mais bien de la présence conjointe tolérée des sépharades avec les ashkénazes !
De même un « mariage mixte » ne désigne pas un mariage non homosexuel ou un mariage entre un juif et un goyim (horreur !) mais bien un mariage entre ashkénaze et sépharade…
http://www.tribunejuive.info/ANCIEN-SITE/israel/segregation-anti-sefarade-dans-les-ecoles-de-jerusalem
C’est en général la plus grosse difficulté, avec la barrière de la langue, à laquelle les nouveaux arrivants (olim) notamment français, sont confrontés : très majoritairement ce sont les descendants de familles de pieds noirs du Maghreb… Donc des Sépharades !
On estime que la communauté française – qui est connue comme l’une des plus grandes du monde et la plus importante d’Europe – est à 75% sépharade. D’où la « plaisanterie » très en vogue en ce moment dans ses rangs, qui en dit long sur l’antagonisme qui oppose les communautés : « Tu es juif ou ashkénaze ? »
Il est vrai que depuis peu nous avons assisté à une véritable révolution : entre le Consistoire conquis par Joël Mergui et le Crif maintenant aux mains de Francis Kalifat, la communauté juive qui est en France a aujourd’hui des institutions plus représentatives de sa composition où les sépharades règnent en maître.
Mais en Israël même, cela ne s’arrange pas !
Car si l’Etat d’Israël est fondamentalement ashkénaze bien avant qu’il existe, de par les origines du sionisme, la population sépharade occidentale, notamment ibérique et maghrébine – également « diasporisée » pro parte dans l’Empire Ottoman, notamment dans l’actuelle Turquie – est en plus en butte aux représentants de la branche historique orientale juive composant les Mizrahim, eux-mêmes les premiers à avoir rallié l’état d’Israël où les Ashkénazes les désignaient par le sympathique vocable yiddish de « vilde ‘hayïes » (bêtes sauvages!) Le ton était donné !
On a coutume aujourd’hui de regrouper les Sépharades et ces Mizrahim dans une même communauté de « rites non ashkénazes » abusivement globalement dénommée « sépharade », mais où ces Mizrahim savent rappeler aux Maghrébins qu’ils sont, eux, les descendants, et donc authentiques héritiers, des rédacteurs du talmud de Babylone !
C’est d’ailleurs à cette branche qu’appartient la famille de l’actuel grand rabbin sépharade d’Israël, Yitshak Yosef. Une dynastie : son père, Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d’Israël était reconnu comme « Posseq » (décisionnaire talmudique) et est aujourd’hui considéré comme « le plus grand talmudiste depuis Maïmonide » ! Il est à l’origine de la scission du parti politique religieux israélien, créant un parti proprement sépharade le Schass…
Autrement dit les immigrants sépharades d’Occident sont discriminés même parmi les Sépharades Israéliens où les Mizrahim règnent en maître…
Une dure réalité à assumer pour un Eric Zemmour ou un Gaston Ghrenassia (E. Macias)
En fait le tout est de savoir de quoi on parle : un pays à l’économie artificielle sous totale perfusion américaine, qui, depuis cinquante ans, l’a surarmé avec l’aide de l’Allemagne, et qui continue à le faire…
Il suffit de voir les indicateurs économiques internationaux concernant Israël !
Cela n’empêche pas ces donneurs de leçons de la propagande de clamer qu’Israël est un pays merveilleux, et de se poser en « modèle mondial » (sic !)
http://www.lemondejuif.info/2017/03/vietnam-israel-modele-mondial/
En fait Israël, ce n’est que la matérialisation du mythe biblique.
Un mythe dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas partagé par la majorité de ceux à qui il s’adresse : si on admet, en gros, une population juive globale de 15 millions de personnes dont 6 millions en Israël où un tiers rêve de s’évader, on constate que la population sioniste convaincue n’excède pas quatre millions de personnes ! Les autres, mêmes s’ils soutiennent Israël du bout des lèvres, prennent bien soin de ne pas y aller, ou, s’ils y sont, rêvent d’en sortir…
Bien peu sont des sionistes « convaincus et militants » : au total à peine 25% de la population juive revendiquée !
En plus, les justifications bibliques sont aujourd’hui définitivement balayées par les résultats archéologiques…
«Après 70 ans d’excavations et de fouilles extensives sur la terre d’Israël, les archéologues ont trouvé que les actions du patriarque sont des histoires de légende; nous n’avons pas séjourné en Egypte, ni fait un exode, nous n’avons pas conquis la terre. Il n’y a pas non plus de mention de l’empire de David et de Salomon.
Ceux qui s’y intéressent savent tout cela depuis des années, mais Israël est un peuple têtu et ne veut pas en entendre parler.»
Ze’ev Herzog Professeur d’Archéologie et d’Histoire antique du Proche Orient – Université de Tel Aviv.
(Ha’aretz Magazine, 29 Octobre 1999)
Le mythe de la « Terre promise » Les Palestiniens dans la tourmente depuis un siècle
Un constat qui ne fait que confirmer les travaux de Finkelstein, l’auteur du célèbre ouvrage « La bible dévoilée » dont les chrétiens, apôtres des fables vétérotestamentaires, entérinées par Vatican II à travers le dogme de l’ingérence biblique, devraient bien s’inspirer…
On en vient donc à se demander quel sera, à terme, le véritable rôle de ce « mur de la honte » qui enceint aujourd’hui Israël ?
Et si, comme son prédécesseur édifié à Berlin, le but final de ce mur était de contenir les habitants à l’intérieur ?…
A l’époque du mur de Berlin – dont les seuls soutiens étaient les « intellectuels engagés » occidentaux – la grande plaisanterie était de dire: « Le mur est à l’est, les communistes sont à l’ouest »…
Dira-t-on bientôt la même chose des sionistes ?
Claude Timmerman
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