Le pasteur Jonathan Boardman est le chapelain de l’église anglicane de Rome All Saint, celle où s’est rendu dimanche dernier le pape François pour y chanter l’office anglican appelé « Evensong », « chant du soir », qui est à base d’une compilation de Vêpres et de Complies, et que les modernistes conciliaires nomment improprement des Vêpres. Cet abus de langage des clercs oecuménistes ne doit pas être anodin puisqu’il laisse croire à un semblant d’unité liturgique entre anglicans et catholiques.

Pour souligner cet événement extraordinaire qui, si le cheminement œcuménique se poursuit avec de tels pas de géant, pourrait devenir sous peu une pratique ordinaire du pape conciliaire, l’agence SIR (Service Information Religieuse) a interrogé le pasteur Boardman, si fier d’accueillir pour la première fois dans l’histoire un pontife romain en son église anglicane romaine.

Cette visite s’inscrit dans le processus naturaliste et relativiste de rapprochement et de « réconciliation » des deux Églises par dessus les divergences doctrinales. Or ce processus d’unité dans la diversité, si l’on lit attentivement les réponses du révérend Boardman a avancé considérablement à l’insu des braves gens. Il est vrai que si l’Église issue de Vatican II ne cessent depuis 50 ans d’abandonner ses prérogatives, son droit d’aînesse, ses dogmes, son enseignement traditionnel, de mettre son catholicisme à la porte, pour se mettre au diapason du monde et d’une culture contemporaine et indifférentisme d’origine protestante, il faut bien que les protestants fassent eux-aussi quelques concessions linguistiques et pratiques. Cette unité dans la diversité, tombeau de la Tradition catholique et victoire du protestantisme, vaut bien quelques effets de manche et belles paroles : 

« Nous pouvons dire que la figure du pape, explique Boardman, a un rôle officiel pour nous (les anglicans de Rome, ndlr). Après 50 ans de dialogue ils ont établi qu’un primat d’honneur est déjà donné à l’évêque de Rome par les anglicans. Le pape est, dans une certaine mesure, le chef des chrétiens. Et nous sommes heureux de cela parce que le pape est pour nous un exemple de témoignage, de service, de soin de l’Église, d’une vie totalement vouée à l’amour pour Christ. Et chaque pape que nous avons connu et avec lequel nous avons dialogué a reçu ce respect. 

Mais nous pouvons dire que le pape François est un pape qui est peut-être plus facile à aimer. Une personne qui se présente humble et avec une ouverture envers les personnes dans le besoin, simples et humbles. Et cela a donné à notre petite communauté de Rome la force de l’inviter et de l’accueillir. »

Concernant le dialogue entre les deux églises en cours depuis 50 ans, il a selon le pasteur permis de ne plus

« être des étrangers mais des pèlerins ensemble » avec « la détermination de continuer à travailler, vivre et aimer ensemble. »

Que les chrétiens travaillent ensemble pour la ville de Rome par exemple est

« un impératif, continue-t-il. Nous devons le faire parce que notre division, comme a dit François il y a quelques jours à Sainte-Marthe, est un scandale. Les scandales existent, mais un des scandales les plus grands est l’incapacité des chrétiens à oublier leurs disputes et à donner un témoignage commun. »

Ce message qui s’inspire de la pensée bergoglienne est trompeur et mensonger comme l’esprit qui a conduit aux diverses hérésies protestantes. Le scandale ne réside en effet pas en la division entre catholiques et protestants, cette division est même salutaire pour les âmes véritablement attachées à l’Église catholique et à sa doctrine. Le scandale est de faire croire, pape François en tête de file, que les deux Églises sont respectivement coupables de cette séparation entre chrétiens alors que ce fut Luther, surnommé le polisson des latrines par Thomas More, et les fidèles qui adhérèrent à sa doctrine hérétique, condamnée par les papes pendant presque 500 ans, qui se sont séparés par orgueil, par déraison, par lâcheté, de la Sainte Église catholique dont ils ne voulaient plus suivre les préceptes.

L’impératif de François, repris par le pasteur anglican, de s’unir entre chrétiens de diverses confessions pour travailler ensemble à un monde meilleur n’est pas catholique. Dans sa lettre sur Le Sillon, « Notre charge apostolique », parue en 1910, le saint pape Pie X condamnait ce rêve

« de refondre la société dans de pareilles conditions et d’établir sur terre, par-dessus l’Église Catholique, «le règne de la justice et de l’amour», avec des ouvriers venus de toute part, de toutes religions ou sans religion, avec ou sans croyances, pourvu qu’ils oublient ce qui les divise: leurs convictions religieuses et philosophiques, et qu’ils mettent en commun ce qui les uni: un généreux idéalisme et des forces morales prises «où ils peuvent ».

Il rappelait l’impératif de l’Église catholique qui sera et restera, au nom de la vraie charité chrétienne, et jusqu’à la fin des temps, de ramener au bercail les brebis égarées dans des « convictions erronées »  :

« La doctrine catholique nous enseigne que le premier devoir de charité n’est pas dans la tolérance des convictions erronées, quelque sincères qu’elles soient, ni dans l’indifférence théorique ou pratique pour l’erreur ou le vice où nous voyons plongés nos frères, mais dans le zèle pour leur amélioration intellectuelle et morale non moins que leur bien être matériel. Cette même doctrine nous enseigne aussi que la source de l’amour du prochain se trouve dans l’amour de Dieu, père commun et fin commune de toute la famille humaine, et dans l’amour de Jésus-Christ. Non, Vénérables frères, il n’y a pas de vraie fraternité en dehors de la charité chrétienne. » 

Le pape Pie XI écrira sur ce sujet, en 1928 dans l’encyclique Mortalium animos, ces phrases toujours d’actualité :

« On comprend donc, vénérables frères, pourquoi ce Siège apostolique n’a jamais autorisé ses fidèles à prendre part aux congrès des non-catholiques: il n’est pas permis, en effet, de procurer la réunion des chrétiens autrement qu’en poussant au retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ, puisqu’ils ont eu jadis le malheur de s’en séparer. »

Francesca de Villasmundo

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