Une élection locale importante avait lieu hier (4 mai) à la Communauté autonome de Madrid, l’une des 17 communautés autonomes de l’Espagne métropolitaine. La Communauté autonome de Madrid comptait au 1/7/2020 (dernier chiffre disponible) 6,8 millions d’habitants (14,3% de la population de l’Espagne).

Beaucoup de changements peuvent être notés. D’une part, et ce n’est certes pas le moindre, il y a eu une forte hausse de la participation, à rebours de ce qu’on observe généralement en Europe depuis 40 ans et notamment en France où les taux de participations sont tombés à des niveaux bas (élection présidentielle) ou très bas (autres élections). La participation est passée dans la Communauté autonome de Madrid (CA de Madrid) de 64,27% en 2019 (élection précédente) à 76,25% en 2021, presque 12 points de plus (chiffre quasi-définitif, après prise en compte de 99,93% des votes). Les électeurs n’ont plus peur de l’épidémie du sars-cov 2, du moins avec des conditions hygiéniques correctes. On ne peut que s’en féliciter.

Le principal gagnant… est une gagnante, la présidente sortante de la CA de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, du Parti populaire. Elle s’était fait remarquée l’année dernière en s’opposant vigoureusement au reconfinement du pays décidé à l’automne par le gouvernement d’alliance du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) avec l’extrême gauche espagnole (Podemos-Gauche unie et verts). Le gouvernement avait du céder car, en Espagne, tout comme en Italie, les compétences en matière de santé appartiennent aux pouvoirs politiques locaux et non au gouvernement central. Toutefois, les déplacements interrégionaux relèvent du gouvernement central et celui-ci avait décidé d’empêcher les habitants de la CA de Madrid de sortir de leur région sauf pour des motifs essentiels.

D’un point de vue politique, elle a répété à de nombreuses reprises qu’elle était prête à s’allier avec Vox, le parti nationaliste plutôt pro-vie (il souhaite restreindre l’avortement) si c’était nécessaire pour conserver la direction de la CA de Madrid. En effet, c’est la rupture de son alliance avec les centristes de Ciudadanos (Citoyens en espagnol) provoquée par ces derniers dans la région de Murcie qui avait incité Isabel Díaz Ayuso à démissionner pour provoquer ces élections anticipées et former si nécessaire une nouvelle majorité.

Il se pourrait bien que la principale raison de son succès soit son opposition à la dictature sanitaire. En tout cas, le PP fait plus que doubler son résultat en passant de 22,2 à 44,7% des votes valides (suffrages exprimés plus les votes blancs mais sans les votes nuls: c’est la référence en Espagne pour calculer les % obtenus) un résultat très différent de celui obtenu par le PP en Catalogne le 14/2/2021 (3,8% contre 4,2% en 2017), aussi bien en niveau qu’en évolution.

Le PP a obtenu hier 65 députés (sur 136) au lieu de 30 précédemment (sur 132). Vox, le possible allié du PP dans cette région, progresse légèrement, de 8,9% à 9,1% et gagne un député (13 au lieu de 12). Il ne manque que 4 élus au PP pour avoir la majorité absolue.

Parmi les gagnants, on note malheureusement l’extrême gauche: Podemos-Gauche unie passe de 5,6% à 7,2% (10 élus) et Más Madrid (verts favorables à l' »identité de genre » et refusant donc l’identité biologique réelle) de 14,7% à 17,0% (24 élus).

Les deux principaux perdants sont le PSOE qui perd plus de 10 points (de 27,3% à 16,8%, soit 24 élus) et encore plus Ciudadanos qui s’effondre en obtenant 3,6% contre 19,5% précédemment. N’ayant pas atteint les 5% fixés par la règle électorale, il n’a plus de députés. Il faut ici rappeler que Ciudadanos est allié à la République en marche au parlement européen. La gauche et les centristes se sont globalement effondrés (58 députés contre 90 en 2019).

Décidément, le centrisme n’est plus à la mode. Il est vrai qu’en temps de crise généralisée (religieuse, politique, sociale, démographique et économique), il faut des mesures claires et généralement prises pour le moyen et le long terme et non pour le court terme. Les changements fréquents, en matière économique et sanitaire notamment, commencent sérieusement à hypothéquer l’avenir de nombreux pays européens et à faire progresser le mécontentement social avec tous les risques qui vont avec celui-ci.

Continuons donc à prier pour avoir des responsables politiques nationaux et provinciaux bons et prudents.

G. Paume

 

Photo: Plaza Mayor (Madrid)

 

 

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