Photo : Le président Donald Trump a accueilli à la Maison Blanche trois patrons de l’IA pour vanter un partenariat de 500 milliards de dollars, baptisé Stargate, pour construire des centres de données d’IA à travers le pays. Larry Ellison patron d’Oracle, a suggéré que l’IA pourrait être utilisée pour développer des vaccins personnalisés à base d’ARNm
Lors de son deuxième jour de retour à la Maison Blanche, le président Donald Trump a accueilli trois des plus hauts dirigeants des multinationales travaillant sur le développement de l’intelligence artificielle (IA). Il s’agissait de vanter un partenariat de 500 milliards de dollars dans le cadre d’un projet baptisé Stargate.
Objectif : que l’IA soit dirigée à partir des Etats-Unis
Larry Ellison, PDG d’Oracle, Masayoshi Son, PDG de SoftBank et Sam Altman, PDG d’OpenAI ont rejoint Trump à la Maison Blanche et ont promis 500 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années pour la construction de nouveaux centres de données d’IA, en commençant par 10 au Texas (bien que le conseiller de Trump, Elon Musk, concurrent d’Open AI, ait ensuite émis des doutes sur le montant de l’argent dont disposaient réellement ces trois multinationales).
« Ce que nous voulons, c’est que cela reste dans ce pays », a déclaré M. Trump. « La Chine est un concurrent, les autres sont des concurrents. Nous voulons être dans ce pays et nous le rendons accessible. Je vais beaucoup aider en déclarant l’état d’urgence, car nous sommes dans une situation d’urgence, nous devons construire ces installations. Ils doivent donc produire beaucoup d’électricité. Et nous leur donnerons la possibilité de réaliser cette production facilement, dans leurs propres centrales s’ils le souhaitent. »
Futurs vaccins à à ARNm
Lors de la conférence de presse, Larry Ellison a suggéré d’appliquer l’intelligence artificielle au développement de nouveaux vaccins à à ARNm.
« Grâce à l’IA, on peut détecter le cancer à un stade précoce grâce à un test sanguin et, grâce à l’IA, on peut identifier les cancers qui menacent réellement la personne », a-t-il déclaré. « Une fois que nous avons séquencé le gène de cette tumeur cancéreuse, nous pouvons concevoir un vaccin pour chaque personne afin de la vacciner contre ce cancer. Et nous pouvons fabriquer ce vaccin, ce vaccin à ARNm de manière robotisée, encore une fois, grâce à l’IA, en 48 heures environ. Imaginez donc la détection précoce du cancer, le développement d’un vaccin contre le cancer pour votre cancer particulier, qui vous est destiné, et que ce vaccin soit disponible en 48 heures. C’est la promesse de l’IA et la promesse de l’avenir. »
Plusieurs observateurs, dont des voix généralement pro-Trump, se sont inquiétés de cette proposition, rappelant la similitude avec l’opération Warp Speed de la première administration Trump, qui visait à développer et à tester des vaccins contre le COVID-19 en un temps record. Deux des trois vaccins COVID autorisés aux États-Unis dans le cadre de l’opération Warp Speed étaient également à base d’ARNm.
Le soutien de Trump à Larry Ellison et à ses collègues laisse penser que Donald Trump et son équipe n’ont pas tiré les leçons de l’opération Warp Speed, à savoir les pièges que représentent les tentatives de précipiter les progrès médicaux et la nécessité d’examiner de manière plus critique la technologie de l’ARNm.
Le système fédéral des Etats-Unis de déclaration des effets indésirables des vaccins (VAERS) fait état de 38 264 décès, 219 594 hospitalisations, 22 134 crises cardiaques et 28 814 cas de myocardite et de péricardite au 27 décembre 2024. Les chercheurs du CDC ont reconnu un « taux de vérification élevé des signalements de myocardite au VAERS après la vaccination contre la COVID-19 à base d’ARNm », ce qui conduit à la conclusion que « la sous-déclaration est plus probable » que la sur-déclaration.
Une analyse portant sur 99 millions de personnes dans huit pays, publiée en février dans la revue Vaccine, a « observé des risques significativement plus élevés de myocardite après la première, la deuxième et la troisième dose » de vaccins COVID à base d’ARNm, ainsi que des signes d’un risque accru de « péricardite, de syndrome de Guillain-Barré et de thrombose des sinus veineux cérébraux », et d’autres « signaux de sécurité potentiels qui nécessitent une enquête plus approfondie ». En avril, les CDC ont été contraints de divulguer par décision de justice 780 000 rapports de réactions indésirables graves jusque-là non divulgués, et une étude réalisée au Japon a constaté « une augmentation statistiquement significative » des décès par cancer après la troisième dose d’injections COVID-19 à base d’ARNm.
Plus tôt ce mois-ci, un rapport très attendu du grand jury de Floride sur les fabricants de vaccins contre le COVID a révélé qu’il existait des « problèmes profonds et sérieux » dans le processus d’examen des sociétés pharmaceutiques, notamment une réticence à partager les preuves d’événements indésirables qu’elles ont trouvés.
Tous les regards sont actuellement tournés vers Trump et Robert F. Kennedy, qui sera le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Trump a donné des signaux contradictoires quant aux perspectives de reconsidérer les vaccins et a nommé au sein de son administration à la fois des détracteurs et des défenseurs des mesures de lutte contre le COVID-19. Les sénateurs auront l’occasion de demander à Kennedy ce qu’il pense des implications de Stargate pour les nouveaux vaccins à ARNm lors de ses audiences de confirmation, qui pourraient commencer fin janvier ou début février.
Pierre-Alain Depauw
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