La Pologne n’est pas la France. Les spectacles blasphématoires n’y sont pas encouragés par les autorités. Bien au contraire, la justice polonaise n’hésite pas à ouvrir une enquête lorsque les faits peuvent permettre d’interdire le spectacle en question.

Ainsi, le parquet polonais a ouvert mercredi une enquête au sujet d’une immonde pièce de théâtre blasphématoire intitulée « La Malédiction » et jouée en ce moment à Varsovie au théâtre Powszechny.

Le procureur Lukasz Lapczynski a ouvert l’enquête sur base d’extraits du spectacle disponibles sur internet.

Ce spectacle anticatholique contient plusieurs scènes extrêmement choquantes. Des personnages en soutane s’y prêtent à des scènes de violence et d’accouplement.

Une actrice agenouillée devant une représentation du pape Jean Paul II simule une scène de fellation. Ensuite le pape est pendu en haut d’une potence avec une inscription « défenseur des pédophiles ».

Le metteur en scène croate Oliver Frljic, connu pour ses provocations scandaleuses, affirme s’être inspiré d’un texte de l’auteur polonais du XIXe siècle Stanislaw Wyspianski, qui traite des relations complexes des Polonais avec la toute-puissante Eglise catholique. Wyspianski y évoque un drame dans un petit village polonais dont les habitants rejettent sur une femme qui a eu deux enfants avec un prêtre toute la responsabilité d’une sécheresse qui frappe leurs récoltes et demandent son châtiment.

Oliver Frljic a aussi suscité l’indignation parmi les Croates pour une scène durant laquelle une actrice incarnant une immigrée musulmane simule un accouchement et sort un drapeau croate de son vagin.

Le parquet a ouvert en même temps une deuxième enquête pour « incitation à commettre un crime » sur la personne de président du parti au pouvoir Droit et Justice (PiS) Jaroslaw Kaczynski, a indiqué le procureur. Dans une des scènes finales, une actrice évoque la possibilité d’une collecte d’argent, auprès des spectateurs, pour payer un tueur à gages qui assassinerait le président de PiS, avant de dire que le metteur en scène Oliver (Frljic) lui a ordonné de supprimer cette scène, qui représente un crime passible d’une peine de prison.

De nombreux particuliers envisagent aussi de porter plainte « pour offense publique aux sentiments religieux », a ajouté le procureur.

La pièce a aussi suscité l’indignation de l’Eglise. « La pièce de théâtre revêt des caractéristiques d’un blasphème », a écrit le porte-parole de la Conférence de l’Episcopat polonais, le père Pawel Rytel-Andrianik, dans un communiqué publié mardi.

Mais, bien sûr, la direction du théâtre tente de se défendre en prétendant qu’il ne faut y voir que de l’art. Pas sûr que cet argument suffira à convaincre la justice polonaise. 

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