Sortie en fanfare médiatique pour le livre d’entretiens du pape François avec celui qui se définit lui-même un agnostique, ex-rouge converti au vert, en termes clairs un marxiste-écolo, le fondateur de Slow Food et créateur du réseau international de Terre Mère, l’Italien et gastronome Carlo Petrini. Comme à son habitude, le pontife argentin qui veut plaire au monde arc-en-ciel aime se confier et dialoguer avec les athées convaincus, les gauchistes revendiqués, les anciens communistes devenus les idéologues d’une écologie déshumanisée et panthéiste, et si à la mode. De Scalfari à Petrini, ces amis bergogliens, profitant notoirement de ces conversations à bâtons rompus publiables, ont tous un même pedigree progressiste, vantant la solidarité pour tous et l’aide aux pauvres étrangers, et célébrant la Terre Mère, nouvelle idole de peuples déchristianisés.
En vente dans les librairies italiennes depuis hier mercredi, intitulé TerraFutura, conversations avec le pape François sur l’écologie intégrale, l’ouvrage fait jaser tout le landerneau journalistique français qui en relaye le même extrait piquant, et accablant envers l’Église d’avant le Concile. Le pape François se fait le critique d’une « moralité bigote » qui a fait « d’énormes dommages » et dont il accuse l’Eglise du passé d’avoir été le représentant, confondant ainsi la saine morale catholique prêchant la tempérance et la chasteté avec ce puritanisme bigot du XIXe siècle qui, né dans les pays protestants, s’est infiltré dans des nations catholiques mais aux élites libérales par trop mâtinées d’un jansénisme condamné par les papes :
« L’Église a condamné le plaisir inhumain, brut, vulgaire, mais elle a en revanche toujours accepté le plaisir humain, sobre, moral. Le plaisir vient directement de Dieu, il n’est ni catholique ni chrétien ni quoi que ce soit d’autre, il est simplement divin. Le plaisir de manger sert à s’assurer qu’en mangeant on se maintient en bonne santé, tout comme le plaisir sexuel est fait pour rendre l’amour plus beau et assurer la pérennité de l’espèce. »
Comme en a conclu une journaliste d’Europe 1,« ce pape est vraiment rock’n roll ».
Mais le livre ne s’arrête pas à ces considérations libres, il est avant tout un manifeste pour « un nouvel humanisme pour faire face aux responsabilités planétaires auxquelles nous sommes confrontés, mis en évidence par le cri de la Terre, le cri des pauvres et maintenant la peur de la pandémie ». L’anthropologisme des temps modernes et de l’Eglise conciliaire fait place à l’écolocentrisme post-moderne et mondialiste. Tant pour l’italien rouge et vert que le clerc argentin tout de blanc vêtu, la Terre Mère devient le nouvel Alpha et Oméga de l’homme de demain, supplantant le Christ Rédempteur et distanciant l’Homme déifié des humanistes du siècle dernier.
Trois dialogues entre les deux progressistes alimentent l’ouvrage et sont suivis de cinq analyses approfondies avec des textes appariés des deux auteurs sur Biodiversité, Économie, Migration, Education, Communauté. Mais dans cette seconde partie les propos du Pape ne sont pas originaux : ils sont tirés de documents et d’interventions déjà connus.
« C’est ainsi que leur vision commune d’un engagement mondial pour cultiver et protéger les biens humains et terrestres s’est développée – dit un communiqué de l’éditeur -, poursuivant avec un pragmatisme révolutionnaire vers une vie en harmonie avec eux-mêmes, avec leur communauté et avec la nature. »
Jorge Maria Bergoglio livre également dans ces entretiens sa pensée sur Benoît XVI, il en fait son prédécesseur en matière révolutionnaire :
« Alors je me fâche quand on dit que Benoît est un conservateur, Benoît était un révolutionnaire! Dans tant de choses qu’il a faites, dans tant de choses qu’il a dites, il était un révolutionnaire. »
Notamment, il évoque une « grande intuition de Benoît XVI », qu’il imite en dialoguant avec Petrini l’agnostique :
« Lors de la dernière rencontre interreligieuse qu’il a tenue à Assise, il a également invité les agnostiques parce qu’ils ont quelque chose à nous dire. A tous les croyants, quelle que soit leur religion, les agnostiques doivent parler. C’est une intuition qu’avait Benoît et qui a ouvert une nouvelle phase. »
Difficile d’écrire un livre écolo-compatible sans parler de la superstar écolo du moment Greta Thunberg et de son activisme auprès des jeunes qui plaît bien à l’hôte du Vatican :
« Quelqu’un dit qu’elle est poussée par les autres, qu’elle est manipulée. Je ne sais pas et en tout cas ça m’intéresse relativement. Si son action et son activisme permettent à des millions de jeunes du monde entier de se mobiliser, d’y participer, il faut uniquement s’en se réjouir et être optimiste. Je m’intéresse à la réaction des jeunes : outre que l’avenir, ils doivent prendre le présent. »
Ces brefs extraits le démontrent : dans ces «dialogues » convenus, à la saveur progressiste et conformiste, au jeunisme assumé, le pape François ne sort pas du politiquement, sexuellement et climatiquement corrects. Un livre qui plaira au monde…
Francesca de Villasmundo
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