Il y en a qui sont plus victimes que d’autres. En Birmanie, les Rohingyas musulmans sont les nouveaux martyrs de la religion de la bien-pensance sur lesquels la conscience morale universelle veut faire pleurer mémé dans sa chaumière, pendant que le peuple Karen à majorité catholique, l’une des ethnies minoritaires du Myanmar, nom officiel donné à la Birmanie, meurt ou fuit sous la persécution dans l’indifférence générale.

Il y en a qui de persécuteurs deviennent victimes au grè des modes médiatiques et humanitaristes : à savoir les Rohingyas musulmans originaires du Bengladesh, pays musulman, et établis à l’ouest du Myanmar.

« Ni intégrés et encore moins assimilés à leurs compatriotes bouddhistes »

comme le rappelle Philippe Raggi, chercheur en géopolitique au sein du CF2R  (Centre français de recherche sur le renseignement), ce peuple musulman a

« des groupes armés, mobiles et entraînés. […] Un certain nombre de combattants Rohingyas sont des jihadistes militants, en liaison étroite avec le Harakat al Jihad al Islami du Bengladesh voisin, ayant été entraînés par l’ISI (les Services pakistanais), souvent passés par les madrassas pakistanaises et ayant connu le théâtre afghan. »

Mais pour alimenter la lutte idéologique des activistes immigrationnistes et immigrophiles contre une islamophobie mythique, nouvelle fantasmagorie inventée par eux pour museler toute opposition à l’invasion migratoire de l’Europe par des vagues des mahométans qui se déroule actuellement sous nos yeux, les Rohingyas sont devenus la nouvelle minorité opprimée à cause de leur religion musulmane, oppression dont tous les médias mainstream parlent et sur lesquels un monde de bons sentiments se penche, pape compris.

Aung San Suu Kyi, l’actuel chef du gouvernement birman, lauréate du prix Nobel de la paix en 1991, bouddhiste et Birmane, a beau dénoncé « un immense iceberg de désinformation » qui promeut « les intérêts des terroristes », rien n’y fait… Que le Bengladesh ferme ses frontières à ce peuple agressif pourtant en conformité ethnique et religieuse avec lui puisque bengali d’origine et musulman n’y change rien non plus… Que les Rohingyas veulent séparer l’État de Rakhine du Myanmar pour instituer un État islamique, n’est qu’un point de détail… Les Rohingyas sont persécutés à cause de leur religion musulmane, un point c’est tout, scandent les bien-pensants !

Ainsi l’actuel voyage apostolique du pape François en Birmanie, inspiré par la désinformation ambiante en faveur des Rohingyas, est mis sous le signe de la défense de cette minorité, dans une optique internationale et politiquement correcte.

« Love & Peace » et « Harmony and Peace » sont les deux slogans qui accompagnent ce séjour bergoglien qui a débuté ce matin, lundi 27 novembre, dans cette partie de l’Asie. Au menu sont prévues des rencontres œcuméniques avec les autres religions pour dispenser un message basé sur le dialogue inter-religieux et les droits de l’homme pour promouvoir une paix purement humaine inter-confessionnelle et inter-ethnique.

Cependant c’est l’Église birmane qui a dicté la ligne directrice au pape en lui demandant de montrer sa proximité envers les minorités persécutées mais de ne pas prononcer le terme « Rohingya » afin de ne pas heurter les bouddhistes et de ne pas provoquer une augmentation de la tension. Ce terme désigne la minorité musulmane apatride de l’ouest de la Birmanie. Pour le gouvernement et la plupart des Birmans les Rohingyas ne sont pas une ethnie mais des immigrés illégaux musulmans venus du Bengladesh voisin. Ils les nomment « Bengalis » en langue birmane. 

« Si le pape François utilisait [lors de son voyage] le mot Rohingya, cela voudrait dire qu’il considère ces musulmans comme un groupe ethnique [birman]. Et cela mettrait les gens en colère »,

a expliqué Mgr Alexander Pyone Cho, évêque de Pyay, dont le diocèse s’étend sur l’État de l’Arakan.

Le père Bernard Cervellera, directeur d’AsiaNews, agence officielle de l’Institut pontifical des missions étrangères, rappelle de son côté que

« ce qui s’est passé pour la population rohingya, c’est ce qu’ont supporté toutes les minorités pendant la dictature [1962-2011] sans que personne ne dise rien pour eux. Ainsi il y a encore des dizaines de milliers de Karen dans des camps en Thaïlande. »

Mgr Charles Bo dans un entretien à Églises d’Asie, le 24 mai dernier, a quant à lui précisé que dans l’État de Kachin, à grosse composante chrétienne et où les combats ont repris en 2011 après dix-sept ans de cessez-le-feu,

« la situation est pire que dans l’État de l’Arakan [où vivent les Rohingyas]. Il y a des combats et des tueries. Mais la communauté internationale se concentre uniquement sur les Rohingyas ».

La crainte de l’Église birmane, souligne le père Cervellera, est que « si la tension avec les Rohingyas continue », « cela risque de retomber » sur les chrétiens.

C’est la peur qu’exprime pareillement Mgr Raymond Sumlut Gam, évêque de Bhamo, qui a déclaré à AsiaNews le 29 août 2017 :

« Le problème des Rohingyas est très sensible actuellement. Le pape prie pour les musulmans Rohingyas et parle de leurs droits et d’assistance. Le Saint Père est une personne très passionnée. Cependant il est nécessaire de connaître les détails de ces événements. […] Ce qui me préoccupe c’est qu’aujourd’hui le problème des Rohingyas est très délicat du point de vue politique et que le choix des paroles du pape pourrait avoir un impact négatif  sur d’autres personnes. Nous avons peur que le pape n’ait pas des informations assez précises et délivre des déclarations qui ne reflètent pas la réalité. […] Affirmer que les Rohingyas sont « persécutés » peut en effet créer des tensions au Myanmar. »

Ce voyage pontifical est donc délicat et sous haute tension. Car la question qui se pose est : le pape François saura-t-il refréner son idéologie islamophile et immigrophile afin de préserver le sort des chrétiens birmans ?

Francesca de Villasmundo

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