Matteo Salvini a accepté que son parti, La Ligue, participe au nouveau gouvernement italien conduit par Mario Draghi depuis samedi dernier. Un membre de la Ligue, l’économiste Giancarlo Giorgetti, a ainsi été placé à la tête d’un ministère stratégique en ces temps de crise économique, le ministère du Développement économique.
Gouvernement d’ « unité nationale » pour faire face à la « guerre » contre le covid et aux enjeux afférents, telle est l’excuse invoquée pour absoudre cette alliance plutôt contre-nature entre le parti souverainiste italien et le banquier européiste Draghi, aux programmes politiques plus que divergents.
Ainsi, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour qu’au sein de La Ligue cet alibi d’ « unité nationale » ne crée la désunion. Le parlementaire européen, député européen de La Ligue Vincenzo Sofo, fiancé de Marion Maréchal-Le Pen, quitte le parti après 12 ans :
« Je ne peux pas partager le chemin emprunté en rejoignant la grande alliance de soutien au gouvernement Draghi nouvellement formé, qui, je le crains, procèdera au Grand Reset de tout ce pour quoi nous nous sommes battus. »
L’euro-député Sofo a décidé de ce départ suite au vote de confiance donné par La Ligue au nouvel exécutif de Draghi. Parallèlement, il a quitté le groupe européen Identité et Démocratie et annoncé sa volonté de rester au Parlement européen en passant au groupe Conservateurs et Réformistes (Ecr) dirigé par Giorgia Meloni, du parti souverainiste et identitaire Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) qui n’occupe aucun poste au sein de l’exécutif Draghi mais qui est cependant un allié de La Ligue.
Le chef de la délégation des Frères d’Italie – ECR au Parlement européen, Carlo Fidanza, commente ainsi la décision de Sofo :
« Nous l’accueillons avec enthousiasme ».
«La confiance dans le gouvernement Draghi pour la Ligue représente un changement clair par rapport au projet politique sur lequel je travaille depuis que Matteo Salvini est devenu secrétaire fédéral », explique Sofo dans un long communiqué :
« J’ai rejoint ce mouvement en 2009 car c’était la seule alternative au PDL (Parti de la Liberté lancé par Berlusconi, ndlr) et à une dérive centriste du centre-droit qui a laissé des millions d’Italiens orphelins à la recherche de quelqu’un pour défendre leur identité, leurs revendications patriotiques et sociales. C’est précisément pour cette raison que j’ai été parmi les premiers et les plus enthousiastes partisans du tournant national opéré par Salvini pour construire une force politique capable de se battre à Bruxelles pour empêcher le suicide de l’Europe et de notre pays à travers les folles directives européennes. En plus d’être l’un des promoteurs les plus convaincus d’une alliance avec les Frères d’Italie comme alternative au monopole politique du centrisme. »
Avec la décision de voter la confiance en Draghi, l’ex-gouverneur de la Banque centrale européenne, « la mission de La Ligue, explique Sofo, change et vise à collecter l’héritage du PDL plutôt qu’à construire un grand mouvement patriotique, identitaire, conservateur et social. Choix légitime et probablement similaire à sa nature originelle mais en contraste avec les raisons pour lesquelles j’ai personnellement adhéré à ce mouvement et aux fondements qui ont toujours caractérisé mon activité politique ».
Dans ce même communiqué, Sofo prend donc acte de ce tournant de La Ligue « qui malheureusement, en dépit d’être difficile et douloureux de quitter un mouvement après presque douze ans et de nombreuses batailles menées, m’empêche de continuer au-delà du militantisme pour la Ligue. Que je ne renie pas, que je remercie et que je continue de considérer comme un interlocuteur politique important sur de nombreuses questions. Mais je dois continuer le mandat confié à moi en 2019 par les Italiens au Parlement européen afin de continuer à lutter contre les nombreuses distorsions et injustices de l’ UE actuelle et cela, à mon avis, ne s’accorde pas avec les intentions de Zingaretti, Renzi et Di Maio qui, comme le montre le choix des ministres, constitueront l’épine dorsale de ce gouvernement Draghi, rendant très difficile pour La Ligue de pouvoir l’orienter sur la bonne voie ».
« C’est pourquoi, conclut Sofo, pour poursuivre ma mission à Bruxelles, dans les prochains jours je vais offrir ma contribution à la famille des conservateurs européens actuellement dirigée par Giorgia Meloni. »
« La volonté exprimée par l’eurodéputé Vincenzo Sofo de rejoindre le groupe ECR au Parlement européen démontre à quel point le projet politique des conservateurs européens, dont le parti international est dirigé par Giorgia Meloni, est moteur et fédérateur», souligne encore Carlo Fidanza, le chef de la délégation des Frères d’Italie – ECR au Parlement européen :
« Un projet renforcé ces derniers jours par la position de cohérence des Frères d’Italie au niveau national en disant non aux gouvernements contre nature comme l’exécutif Draghi. Après tout, a ajouté Fidanza, aucun des 44 partis appartenant à notre famille politique ne gouverne avec la gauche. » « Nous sommes convaincus que l’ensemble du groupe ECR accueillera Vincenzo Sofo avec enthousiasme, ayant appris à apprécier son action, sa compétence et sa profondeur politique et culturelle », conclut le chef de la délégation de la FdI au Parlement européen.
Francesca de Villasmundo
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