Le calendrier nous donne l’occasion de rappeler que les événements de mai 1968, dont Eric Zemmour dans Le suicide français nous décrit les conséquences fatales jusqu’à aujourd’hui, commencèrent en réalité le 22 mars de manière significative, voire près d’un an plus tôt, à la faculté de Nanterre.

Cette faculté fut créée en 1964 pour désengorger la Sorbonne de l’afflux d’étudiants issus du « baby-boom ». Le marxisme régnait alors presque sans rival sur l’université, en relation avec une influence du parti communiste français qui restait considérable.

Le 29 mars 1967, une bande de 60 étudiants investissent le pavillon réservé aux filles, à la cité universitaire. Celles-ci pouvaient aller dans le pavillon des garçons, mais non l’inverse. Le doyen fait appel à la police, on le lui reproche au nom de la tradition datant de Saint Louis (excusez du peu !), mais l’occupation se poursuit une semaine et ne cesse que sous certaines conditions qui ne seront que partiellement respectées.

Le 26 janvier 1968 le ministre de la Jeunesse et des Sports, François Missoffe, inaugurant une piscine, se voit interpellé par un des ex-occupants, un rouquin fort en gueule, au sujet des « problèmes sexuels des jeunes ». Il répond : « Avec la tête que vous avez, vous connaissez sûrement des problèmes de cet ordre. Je ne saurais trop vous conseiller de plonger dans la piscine. », ce qui n’était pas si mal observé, mais son interlocuteur y voit «  une réponse digne des Jeunesses Hitlériennes. ». Il s’agissait bien entendu de Daniel Cohn-Bendit, que toute la France allait découvrir sous le nom de « Dany le rouge » et dont chacun connaît la brillante carrière encore inachevée du rouge au vert en passant par le rose pédophile, au service effectif de ce qu’il vomissait alors.

Ces étudiants étaient réputés disciples d’Herbert Marcuse, philosophe freudo-marxiste judéo-germanico-américain alors mondialement à la mode, qui voyait dans la libération sexuelle et face à sa répression, le combat révolutionnaire déterminant dont les étudiants étaient l’avant-garde. D’un certain point de vue, ce n’était pas faux.

En réalité, leur groupe et leurs idées étaient plus hétéroclites : anarchistes renaissants, trotskistes persistants, castristes, « mao-spontex » naissants et situationnistes évanescents. Ils avaient en commun tout de même les thèmes de Marcuse, ainsi qu’une idéalisation coupablement naïve de l’appartenance revendiquée par chacun, un rejet du PCF jugé stalinien (et qui l’était encore beaucoup) et surtout la lutte contre l’impérialisme yankee à l’oeuvre au Vietnam.

Après une manifestation anti-américaine, le 22 mars, en soutien aux manifestants arrêtés, une assemblée générale attribua cette date au « mouvement » en cours.

Chacun sait que les universités françaises allaient s’enflammer comme ailleurs dans le monde, mais en France, les lycées, les usines et les entreprises rejoignirent les grèves générales suivies d’occupations. Le pays était paralysé.

La réaction gaulliste : contre-manifestation massive du 30 mai, menace militaire, dissolution et victoire électorale ont stoppé puis vaincu ce « mouvement ».

La suite nous est racontée par Zemmour : une défaite apparente pour une victoire profonde de cette révolution culturelle.

Aujourd’hui une jeunesse à deux visages, hélas opposés, est en réaction contre l’idéologie des « soixante-huitards » devenus vieux jouisseurs et serviteurs privilégiés du système de domination par les désirs individuels désordonnés mais conditionnés.

Puissent ces deux jeunesses ne pas s’opposer dans une guerre civile manipulée mais se retrouver pour une Renaissance Française.

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