L’Observatoire International Cardinal Van Thuân sur la Doctrine sociale de l’Eglise a été fondé en janvier 2009 par Mgr Giampaolo Crepaldi, ancien secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix, aujourd’hui archevêque de Trieste (Italie). Dirigé par Stefano Fontana, l’Observatoire publie chaque année un rapport faisant appel à des experts internationaux. Le XIIIème rapport, paru en italien en novembre 2021, portait sur le modèle chinois de contrôle social. Sa traduction en langue française vient de paraître aux éditions de L’Homme Nouveau.
Le lecteur trouvera dans cet ouvrage la description du crédit social à la chinoise qui nécessite d’autant plus d’attention qu’il inspire de plus en plus de gouvernements occidentaux. La Chine est en effet parvenue à l’alliance du communisme et d’une forme d’économie de marché. Une façon de voir le monde qui convient sous bien des aspects au programme du Great Reset mis en place par le Forum économique mondial de Davos.
Il ne faudrait pas croire qu’il s’agit là uniquement d’un cadre imposé. Même dans une société si clairement totalitaire, une adhésion d’une partie de la population s’avère nécessaire pour le fonctionnement du système. Un reportage télévisé, signale l’avant-propos de l’ouvrage, montrait par exemple une jeune Chinoise exprimant sa joie après avoir dû donner son empreinte faciale pour l’achat d’un soda à un distributeur. Elle trouvait ce moyen non seulement pratique mais amusant. Le consentement au système était assumé, sans complexe ni réflexion.
Mais qu’est-ce que le crédit social à la chinoise ? Ce système s’incarne dans un certain nombre de points attribués à chaque citoyen et diminuant ou augmentant en fonction des actes considérés comme civiques ou inciviques selon les normes définies par l’Etat tout puissant. A terme, la perte de points entraîne la fermeture de son compte bancaire, l’impossibilité d’envoyer ses enfants dans certaines écoles ou l’interdiction de voyager. A l’inverse, le citoyen modèle bénéficie de certains avantages comme celui de voyager à prix réduits. Ce système implique naturellement de surveiller étroitement les faits et gestes de chaque citoyen en utilisant notamment le big data. Plus la société est numérique, plus il est simple de nous surveiller.
Ce phénomène, bien que né en Chine, n’est pas continental, régional ou national, mais mondial. C’est une nouvelle forme de totalitarisme qui se manifeste aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest et dont le fondement ontologique est l’athéisme. Cet ouvrage met en évidence comment la gestion politique du Covid a permis dans de très nombreux pays et sur une base mondialiste d’importer le modèle chinois de centralisation, d’étatisme, de bureaucratie idéologique et de police politique. Plusieurs rédacteurs de cet ouvrage insistent sur le fait que la transposition du modèle chinois dans les sociétés libérales occidentales n’est surprenant que si l’on oublie que le marxisme tient une part considérable dans la pensée libérale occidentale, dont le Léviathan de Hobbes est le prototype, libéral au point d’être totalitaire, fondé sur l’anarchie originelle des individus à l’état de nature au point de voir dans l’abandon total des droits individuels au Pouvoir politique l’unique moyen d’éviter la guerre de tous contre tous.
L’ouvrage rappelle aussi que dans un tel schéma, c’est la peur qui doit dominer, habilement suscitée et maintenue par le pouvoir politique. Les quelques courageux résistants sont déclarés « ennemis », parce que, selon la formule de Hobes (dans De Cive), « L’Etat conserve à l’égard des dissidents son droit fondamental, c’est-à-dire le droit de guerre, comme envers un ennemi« .
A défaut d’être réjouissant, cet ouvrage permettra à ses lecteurs de mieux comprendre les mécanismes de ce qui se met en place.
Le Modèle chinois : capital-socialisme du contrôle social, Observatoire International Cardinal Van Thuân, éditions de L’Homme Nouveau, collection Reconstruire, 233 pages, 19,50 euros
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