Message Urbi et Orbi sur la ligne anthropocentrique de son sermon lors de la messe de Minuit où le pape insiste à nouveau sur le « pouvoir de cet Enfant » qui est « le pouvoir de l’amour », « le pouvoir du service », Jésus étant celui qui a pour mission de révéler à l’humanité l’amour du Père pour l’homme : « C’est le pouvoir du service, qui instaure dans le monde le règne de Dieu, règne de justice et de paix. »
Or le Christ, s’il témoigne incontestablement de l’amour de Dieu pour sa créature, est venu avant tout pour racheter les hommes et rétablir ainsi, nous dit Pie XII, « l’amitié originelle avec Dieu, qui avait été rompue, moyennant sa sainte et très douloureuse passion, se faisant médiateur entre Dieu et les hommes: car il n’y a qu’un Dieu, et qu’un médiateur entre Dieu et les hommes: le Christ Jésus fait homme (I Tim., II, 5.) » Dieu, premier servi !
Cette paix mondiale désirée et certainement éminemment souhaitable constitue l’ossature du message pontifical. Mais invoquer la paix fraternelle de toutes ces forces pour différents pays du monde et les gens qui souffrent, dans une sorte d’incantation spirituelle comme le fait François, sans demander la conversion des âmes au Christ et le retour à la vraie charité chrétienne ne favorisera pas la paix pour autantSon message Urbi et Orbi s’inspire de l’idéal humaniste pacifique messianique qui n’en appelle pas à l’avènement du règne du Christ-Roi sur les Nations mais à une union fraternelle mondiale mise en place par les instances internationales mondialistes et fondée sur la devise trinitaire Liberté-Égalité-Fraternité, idéal que Jorge Maria Bergoglio a fait sien dans bien d’autres discours. Le langage naturaliste de François plonge ses racines dans « un universalisme humaniste, explicitement obligatoire, dont les fondamentaux catholiques seraient implicitement facultatifs, ou ne seraient conducteurs et directifs que pour les catholiques » (in Paix dans le Christ ou paix sans le Christ ?) et dans la pensée marxiste qui lit l’histoire humaine sous l’angle de l’économie et du progrès matériel, considéré la fin ultime de la vie en société :
« Paix sur la terre à tous les hommes de bonne volonté, qui travaillent chaque jour, avec discrétion et patience, en famille et dans la société pour construire un monde plus humain et plus juste, soutenus par la conviction que c’est seulement avec la paix qu’il y a la possibilité d’un avenir plus prospère pour tous. »
Cette paix naturelle et naturaliste, sans attache spirituelle aux fondamentaux chrétiens, n’est qu’une utopie messianique. Et vouée à l’échec. La paix absolue en soi n’existe pas à cause de la nature violente et pécheresse de l’homme et des intérêts opposés des pays et des religions mais elle sera d’autant moins atteignable à proportion de l’éloignement du monde du christianisme et de la morale naturelle.
Déjà du temps de Pie XII, cet éminent pape écrivait dans sa lettre encyclique Summi Pontificatus du 20 octobre 1939 :
«Et avant tout il est certain que la racine profonde et dernière des maux que Nous déplorons dans la société moderne est négation et le rejet d’une règle de moralité universelle, soit dans la vie individuelle, soit dans la vie sociale et dans les relations internationales: c’est-à-dire la méconnaissance et l’oubli, si répandus de nos jours, de la loi naturelle elle-même, laquelle trouve son fondement en Dieu, créateur tout-puissant et père de tous, suprême et absolu législateur, omniscient et juste vengeur des actions humaines. Quand Dieu est renié, toute base de moralité s’en trouve ébranlée du même coup, et l’on voit s’étouffer ou du moins s’affaiblir singulièrement la voix de la nature, qui enseigne même aux ignorants et aux tribus non encore arrivées à la civilisation ce qui est bien et ce qui est mal, le licite et l’illicite, et fait sentir à chacun la responsabilité de ses actions devant un juge suprême. (…)
Quand fut affaiblie la foi en Dieu et en Jésus-Christ, quand fut obscurcie dans les âmes la lumière des principes moraux, du même coup se trouva sapé le fondement unique, et impossible à remplacer, de cette stabilité, de cette tranquillité, de cet ordre extérieur et intérieur, privé et public, qui seul peut engendrer et sauvegarder la prospérité des Etats. (…)
De nos jours, au contraire, les dissensions ne proviennent pas seulement d’élans de passions rebelles, mais d’une profonde crise spirituelle qui a bouleversé les sages principes de la morale privée et publique. (…)
L’autorité de Dieu et l’empire de sa loi étant ainsi reniés, le pouvoir civil, par une conséquence inéluctable, tend à s’attribuer cette autorité absolue qui n’appartient qu’au Créateur et Maître suprême, et à se substituer au Tout-Puissant, en élevant l’État ou la collectivité à la dignité de fin ultime de la vie, d’arbitre souverain de l’ordre moral et juridique, et en interdisant de ce fait tout appel aux principes de la raison naturelle et de la conscience chrétienne.
Non, Vénérables Frères, le salut pour les nations ne vient pas des moyens extérieurs, de l’épée, qui peut imposer des conditions de paix, mais ne crée pas la paix.
Ces règles devront s’appuyer sur l’inébranlable fondement, sur le rocher infrangible du droit naturel et de la révélation divine.
Car s’il est vrai que les maux dont souffre l’humanité d’aujourd’hui proviennent en partie du déséquilibre économique et de la lutte des intérêts pour une plus équitable distribution des biens que Dieu a accordés à l’homme comme moyens de subsistance et de progrès, il n’en est pas moins vrai que leur racine est plus profonde et d’ordre interne: elle atteint en effet, les croyances religieuses et les convictions morales, qui se sont perverties au fur et à mesure que les peuples se détachaient de l’unité de doctrine et de foi, de coutumes et de mœurs, que faisait prévaloir jadis l’action infatigable et bienfaisante de l’Eglise. (…)
Aussi, comme représentant sur la terre de Celui qui fut appelé par le Prophète: » Prince de la paix » (Is., IX, 6), faisons-Nous appel aux chefs des peuples et à ceux qui ont une action, quelle qu’elle soit, sur la chose publique, pour que l’Eglise jouisse toujours d’une pleine liberté d’accomplir son œuvre éducatrice en annonçant aux esprits la vérité, en inculquant les règles de la justice, en réchauffant les cœurs par la divine charité du Christ.
Instaurer dans le Christ tout ce qui est dans le ciel et sur la terre (Ephes., I, 10), (…) fit la consistance des relations pacifiques entre les peuples.
Depuis bientôt deux mille ans, l’histoire – si sagement appelée par un grand orateur romain magistra vitae (Cic., Orat., I, II, IX) – démontre à quel point est vraie la parole de l’Ecriture, qu’il n’y aura jamais de paix pour celui qui résiste à Dieu (Job., IX, 4.) Car seul le Christ est la » pierre angulaire « . (Eph., II, 20), sur laquelle l’homme et la société peuvent trouver stabilité et salut.
A l’opposé, tout autre édifice qui n’est pas solidement fondé sur la doctrine du Christ, repose sur le sable mouvant et est destiné à une ruine misérable (cf. Matth., VII, 26-27). »
Bien souvent l’actuel détenteur du trône pétrinien a parlé de ces conflits et ces guerres qui dévastent le monde de part et d’autre et qu’il nomme « une troisième guerre mondiale en morceaux ». Bien souvent il a demandé la paix mais jamais, malheureusement, il n’a invoqué, pour l’obtenir et la conserver, un retour des nations à la doctrine sociale du Christ-Roi, pourtant seul moyen surnaturel pour instaurer une certaine paix naturelle et durable entre les peuples et les pays.
Il ne peut y avoir de paix sans le Christ car « la paix la plus durable, la plus profonde, la plus libératrice, la plus responsabilisante, pour les individus comme pour les communautés, est la paix pensée, priée, vécue dans le Christ, demandée et obtenue dans le Christ, préparée et répandue dans le Christ, lui qui est le Prince de la Paix. » (in Paix dans le Christ ou paix sans le Christ ?).
Francesca de Villasmundo
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