Il y a soixante-quinze ans…
Depuis treize semaines, les alliés partis de Normandie avaient traversé la France…
Leur consommation de munitions, de bombes et d’essence était telle que l’intendance avait du mal à assurer l’approvisionnement depuis les ports opérationnels distants maintenant de plusieurs centaines de kilomètres : Cherbourg et le port artificiel d’Arromanches…
La traversée victorieuse des alliés en France puis en Belgique se mesure aussi aux dommages collatéraux : villes et ports bombardés et en ruines, campagnes ravagées, mais aussi viols de masse et meurtres de civil(e)s…
Dans ce climat quelque peu délétère il devenait urgent pour les alliés de trouver des ports d’approvisionnement en mer du nord pour permettre le débarquement et l’acheminement des matériels en vue de la très prochaine invasion programmée de l’Allemagne.
L’opération Market-Garden
L’objectif initial pour l’entrée en Allemagne est d’investir la région industrielle de la Ruhr, mais deux approches sont proposées :
– les Américains, Patton et Bradley, proposent de percer en direction de la ligne Siegfried qu’ils pensent être une coquille vide au moment des opérations.
– le Britannique, Montgomery, suggère, quant à lui, de contourner cette ligne par une audacieuse opération combinée aux Pays-Bas.
Eisenhower tranchera en faveur du Britannique contre Patton (déjà !) et il allouera le plus gros du carburant au maréchal Montgomery.
Il s’agissait principalement pour Montgomery de prendre les ponts franchissant les principaux fleuves des Pays-Bas occupés par les Allemands.
Trois villes sont principalement visées : Arnhem, Nimègue et Eindhoven.
L’objectif final de l’opération est de faire passer les blindés de l’autre côté du Rhin principalement à Arnhem afin de les diriger directement vers la Ruhr.
Ce sera l’opération aéroportée « Market » combinée à l’offensive blindée « Garden ».
Le 17 septembre la 1ere division aéroportée britannique du major-général Urquhart sera larguée au nord-ouest d’Arnhem afin de s’emparer de son pont…
Alors que les parachutistes, à pied, progressent à l’ouest d’Arnhem, l’escadron de reconnaissance qui s’infiltre vers le pont se heurte aux positions allemandes et est obligé de battre en retraite…
Très vite la zone grouille de britanniques passablement désorganisés et d’autant plus anxieux que les divers éléments de la division connaissent de gros problèmes de transmissions et n’arrivent pas à se connecter…
Partout l’effet de surprise sur lequel comptaient les alliés est raté…
(Et il n’y a pas qu’à Arnhem !…)
Le gouverneur d’Arnhem, le major-général de la Wehrmacht Friedrich Kussin, cherchant à évaluer la situation et à coordonner les troupes cantonnées dans le secteur, s’est rendu dans l’après-midi avec sa voiture d’état-major vers le village de Wolfheze, situé à 10 kilomètres au nord-ouest d’Arnhem.
Il y avait là le 16e bataillon de réserve SS sous le commandement du Sturmbannführer Sepp Krafft. Krafft était en train d’organiser la défense su secteur quand Kussin arriva. Il annonça à Krafft qu’il aurait des renforts d’ici 18 heures et qu’il avait averti le Generalfeldmarschall Walther Model, commandant du groupe d’armées B, qui lui avait ordonné de donner aussitôt l’alerte et d’informer le quartier général à Berlin de la situation.
Krafft a conseillé au général Kussin d’éviter au retour la route d’Utrecht et de prendre des chemins de traverse, car selon ses informations, la route serait maintenant aux mains de britanniques.
Kussin lui a répondu qu’il se rendrait d’une manière ou d’une autre à Arnhem, pensant qu’il pourrait toujours traverser la route principale…
Mais vers 17 h. il y rencontra le 3eme bataillon britannique du colonel John Fitch…
Lorsque le chauffeur de Kussin, le soldat de première classe Josef Willeke, a vu que la route était bloquée, il a tenté de revenir en arrière. Mais les hommes de la section du lieutenant James Cleminson ont ouvert le feu et ont littéralement haché la voiture du général.
Le général Kussin – qui n’avait aucune chance face à la pluie de balles ennemies – mourut sur le coup, tout comme son chauffeur et son interprête, le sergent Max Köster…
Nous y reviendrons…
L’opération Market Garden se poursuivra encore 4 jours et sera un échec complet.
Du côté allié, les pertes s’élèveront à 16 805 hommes tués, blessés ou prisonniers : dont 7 640 Britanniques et Polonais des 1st British Airborne Division et 1ere brigade de parachutistes polonais, 3 664 Américains des 82nd et 101st Airborne, et 5 354 Britanniques pour le XXX corps.
Du côté allemand, Model évalue les pertes de son groupe d’armées B à 8 000 soldats allemands hors de combat, dont au moins 2 000 tués.
Près de 12 000 parachutistes alliés furent ainsi perdus, et Montgomery avec un humour quelque peu particulier déclarera que « Market Garden a réussi à 90 %… » !
L’opération porta cependant un rude coup au dispositif du Generalfeldmarschall Model : sa ligne de résistance sur les cours d’eau des Pays-Bas avait été coupée en deux, et il dut rayer de ses effectifs environ 7 000 soldats et 95 blindés…
Il s’agit pourtant de l’un des derniers grands succès de l’Allemagne.
(Le pont d’Arnhem sera finalement détruit trois semaines plus tard par les B-26 Marauder de l’US Air Force, le 7 octobre 1944, et sera reconstruit à l’identique en 1948…)
Pourquoi alors évoquer une histoire de scalp ?
Les photos parlent d’elles même : plusieurs soldats sont passé sur le site et intervenus après la fusillade
1°) Le véhicule attaqué et accidenté montre ici, portière ouverte, le cadavre du général à l’intérieur…
2°) Cette seconde photo montre clairement que le corps du général a été arraché du véhicule, tiré vers l’extérieur, son manteau ouvert (et sans doute fouillé)…et scalpé ?
Sous cet angle – autre photo – on voit clairement que la peau du crâne a été enlevée notamment à droite arraché d’arrière en avant après incision pariétale et occipitale nette : cela a été coupé !
L’histoire, à cause de ces photos prises par les militaires, donc indiscutables, fit grand bruit…
Une enquête s’en suivit…
Curieusement si tous les hommes membres du détachement furent identifiés, les tireurs, eux, ne sont pas connus…
Le « scalpeur » non plus évidemment, d’autant qu’il est clair qu’il n’a pu achever son forfait, sans doute empêché par un de ses compagnons, choqué, ou craignant, de se retrouver aux arrêts avec lui s’il se faisait prendre…
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les corps du » General major » (major général) Friedrich Kussin, de son chauffeur » Gefreiter » (caporal) Josef Willeke et de l’interprète » Unteroffiizier » (Sous-officier) Max Koester ont été exhumés et réinhumés au « Heroes Cemetery » à côte du cimetière de soldats allemands à Ysselsteyn, aux Pays-Bas.
Leurs restes reposent dans les tombes 143, 144 et 144, rangée 6 du secteur BL.
De bonnes âmes se sont ultérieurement précipitées pour expliquer que ce n’était pas imaginable que des Anglais aient pu commettre une horreur pareille : « ce pseudo scalpage était forcément accidentel et consécutif à l’attaque du véhicule! »
Les investigations ont duré longtemps après-guerre…
Des investigations médico-légales menées sur le crâne ont montré que le général Kussin ne fut atteint que d’une seule balle dans la tête, transversalement au niveau de la mâchoire, ce qui lui cassa plusieurs dents à droite comme à gauche. Mais n’était pas une blessure mortelle. Aucune autre balle ne lui a atteint la tête !
http://www.battledetective.com/Kussin_Junction.html
Aucune altération, aucun choc, aucune lésion n’est visible sur le crâne !
Clairement ce sont les balles qui ont atteint le corps qui ont occasionné des blessures font au moins une mortelle…
Le général Kussin ne s’est pas retrouvé scalpé « par hasard » en se cognant la tête sur le tableau de bord ou la carrosserie du véhicule lors de la fusillade !
Comme a osé l’écrire un commentateur le 15 novembre dernier, un certain Cem Arslan, étudiant en médecine et historien militaire amateur https://www.quora.com/profile/Cem-Arslan-2
« Vers 17 h 30, sa voiture a heurté des éléments de la compagnie B du 3e bataillon de parachutistes, qui ont ouvert le feu et ont tué Kussin, son chauffeur et son batman. L’un des parachutistes du groupe de Britanniques suivant s’est arrêté devant la voiture d’état-major criblée de balles et a scalpé le général.
La 1ère Airborne britannique subira huit mille victimes à Arnhem et dans les environs, annulant ainsi la division en une unité de combat efficace.
Je crois que je peux être excusé si je disais que j’espère que ce parachutiste en faisait partie. »
Preuve que la sauvagerie est décidément sans limites dans l’espace comme dans le temps (et c’est bien cela le plus préoccupant !)…
Claude Timmerman
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