Ces dernières semaines, le général de Villiers avait entamé une série de « Lettres à un jeune engagé ». Après sa décision de démissionner, il en adresse une ultime à ses frères d’armes.
Mon cher camarade,
J’avais encore pas mal de choses à vous dire ; et puis, – je dois bien l’avouer – j’avais pris goût à ce rendez-vous hebdomadaire, qui me permettait d’aborder certains sujets importants, de vous faire part de mes réflexions et de recueillir vos réactions.
Mais voilà, l’heure du départ est arrivée, plus rapidement que prévu. Cela ne vous étonnera pas, vous dont l’imprévu est le pain quotidien. Depuis le premier jour, nous avons appris à avoir, avec nous, un sac prêt pour partir « au coup de sifflet bref ». Choisir d’être militaire, c’est accepter de ne plus s’appartenir, tout-à-fait.
Pour autant, la disponibilité à servir « en tous temps et en tous lieux », d’une ville à l’autre, d’un continent à l’autre, ne fait pas de nous des déracinés. Nous appartenons à une patrie que nous aimons ; nous sommes les héritiers d’une histoire qui nous a façonnés ; nous sommes porteurs de convictions qui nous font avancer. Sortir de sa zone de confort, c’est s’exposer, mais c’est aussi se révéler ; à soi-même, pour commencer. « Je vaux ce que je veux ! ».
Au moment de partir, je vous redis à quel point la vie militaire mérite d’être vécue. Aimez-la avec passion. Donnez-lui beaucoup, car on ne peut s’engager à moitié. Et si parfois il lui arrive d’être ingrate, considérez un instant tout ce qu’elle vous a donné.
A titre personnel, je reste indéfectiblement attaché à mon pays et à ses armées. Ce qui m’importera, jusqu’à mon dernier souffle, c’est le succès des armes de la France.
Fraternellement et fidèlement,
Général d’armée Pierre de VILLIERS
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