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Le France, un paquebot ambassadeur de son pays (exposition à Saint-Etienne)

Grand ambassadeur du pays dont il porte le nom, le paquebot le France est à l’honneur en ce moment à Saint-Etienne jusqu’au 28 février. Le musée d’art et d’industrie de la ville propose un regard original sur cet emblème de la France et plonge ses visiteurs dans le design et le chic des années 60.

Au fil de l’exposition, le visiteur est immergé dans l’ambiance de cette époque par des vidéos, de nombreuses photos et surtout grâce au  mobilier exposé, issu du France, tel que des couchettes, des fauteuils, des tapisseries et même des costumes ou des robes portés par des passagers illustres ou des membres de l’équipage.

Et l’on découvre à quel point le « plus grand paquebot du monde » savait faire honneur à son pays natal. En effet, construit aux chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire et mis en service en 1962, le France était luxueusement décoré par des peintres de l’Ecole de Paris. Chaque chambre était ornée d’une reproduction d’un haut lieu touristique français (châteaux, abbayes, cathédrales, grandes plages ou hautes montagnes…), la carte des vins du restaurant pouvait présenter un choix allant jusqu’à 4000 suggestions (vins de champagne, vins mousseux, vins de Bordeaux, vins de Bourgogne, vins des Côtes du Rhône, d’Alsace, de Provence, d’Arbois…), 5 eaux de tables toutes françaises (Evian, Badoit de Saint-Galmier, Vichy Célestins, Vittel, Perrier), des menus à thèmes illustrés sont proposés à chaque voyage (menu la Chanson Française, menu Fleurs et Fruits de France, menu les Châteaux de France…). Les restaurants du France étaient considérés comme parmi les meilleurs restaurants du monde, la célèbre gastronomie française  démontrait brillamment que sa réputation n’était pas usurpée.

Mais le France est également à la pointe de la technologie. L’exposition montre bien comment les forces vives et les savoirs-faire les plus modernes de la nation toute entière furent mobilisés. Le France comportait un certains nombre d’innovations techniques comme les chaudières à haute pression occasionnant une économie de carburant, les structures en alliage léger d’aluminium, produit en partie à Saint-Etienne, permettant une plus grande vitesse, les ailerons stabilisateurs de roulis des cheminées qui évitaient aussi les retombées de suie sur le pont, fabriquées par la Société  de Constructions Navales et Industrielles en Provence et testés à l’ENSMA de Poitiers, les hélices fabriquées dans les fonderies de Marseille, l’air conditionné dans les cabines…

Mais le Capitole est proche de la roche tarpéienne, après avoir effectué 377 traversées de l’Atlantique, 93 croisières et 2 tours du monde, entre 1962 et 1974, l’Etat français se désengage, à la suite de la hausse du prix du pétrole en 1973 et la dévaluation du dollar. Le gouvernement annonce qu’il cesse de combler les pertes financières de la Compagnie Générale Transatlantique.

Le France est alors abandonné pendant cinq ans avant d’être racheté en 1979 par un armateur norvégien. Le France est  rebaptisé Norway et reprend ses croisières jusqu’au terrible accident du 25 mai 2003 : l’explosion d’une des chaudières cause la mort de sept marins. Le paquebot est désarmé fin juillet. En 2006, il est remorqué en Malaisie et rebaptisé Blue Lady mais son triste sort est très vite fixé. Le fleuron de la construction navale française, le meilleur des ambassadeurs de France est alors démantelé en Inde.

 

Exposition « Paquebot France, le design embarqué », jusqu’au 28 février 2014, Musée d’art et d’industrie, Saint-Etienne (Loire).

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