Un carnaval d’une petite ville flamande de Belgique a retenu l’attention de médias internationaux. Pensez la gravité : malgré les mises en garde, les Juifs y ont été objets de multiples moqueries !
Retour sur un carnaval retentissant et l’origine de la controverse.
Lors du carnaval d’Alost de l’année 2019, un groupe carnavalesque tournait en dérision des Juifs habillés en rose, coiffés de leur traditionnel chapeau de fourrure – le fameux schtreimel – sous lequel dépassent les papillotes, ces longues mèches de cheveux typiques des juifs orthodoxes. L’image n’était pas sans rappeler le célèbre film Rabbi Jacob avec Louis de Funès.
Mais, sous prétexte que ces personnages d’un char carnavalesque étaient assis sur des coffres-forts et des sacs d’argent, les professionnels de la police de la pensée y ont immédiatement vu une allusion antisémite. L’affaire avait été portée jusqu’à l’UNESCO où le carnaval d’Alost avait été classé. L’UNESCO menaçait de retirer ce label et entamait une procédure d’examen des faits. Avant même que l’UNESCO décide quoi que ce soit, la ville d’Alost décidait d’envoyer paître l’institution onusienne et son label, préférant garder son indépendance plutôt que de se soumettre aux ukases internationales.
Mais l’UNESCO et diverses organisations juives belges et internationales avaient tenté de maintenir la pression sur la ville d’Alost et les organisateurs de son carnaval, jouant à la fois de la carotte et du bâton pour espérer obtenir des engagements que de telles scènes ne seraient plus visibles lors de l’édition 2020 de ce carnaval. C’était mal connaître l’esprit frondeur flamand, fidèle à son héros légendaire Tijl Uilenspiegel (Til l’espiègle). Plus les organisations juives haussaient la voix avec le relais des médias durant les quelques jours précédant le carnaval, plus les sociétés carnavalesques d’Alost s’irritaient et promettaient de ne pas se laisser dicter leur comportement. Et le bourgmestre (NVA) d’Alost les assurait publiquement de son soutien, refusant d’exercer la moindre censure sur son carnaval.
Le jour-dit, tous les verrous du politiquement correct ont sauté…
Allusions au Mur des Lamentations (en faux lingots d’or), au Mossad, caricatures de juifs aux nez proéminents se frottant les mains, juifs orthodoxes en fourmis (et non pas en cafards comme l’a écrit Glucksman), tout y est passé dans une grande rigolade de l’ensemble de la population locale.
Sous le regard atterré de quelques représentants d’officines juives venus vérifier quelle attitude allaient adopter les carnavaliers. En quelques instants, les communiqués de presse et les messages sur les réseaux sociaux fusaient. Sophie Wilmès, qui fait office de Premier ministre intérimaire durant la longue attente d’une hypothétique formation d’un nouveau gouvernement belge, elle-même d’origine juive, se disait consternée.
Mais il est vite apparu une nouvelle fracture belge sur le sujet. Du côté francophone, les représentants de tous les partis politiques disaient à quel point ils étaient scandalisés et qualifiaient tout cela d’antisémitisme. A l’inverse, du côté néerlandophone, peu de politiciens ont rejoint ce concert. Bien au contraire, Jan Jambon, ministre-président flamand, a répété être opposé à toute censure en la matière.
Dans l’opinion publique, il suffit d’écouter les conversations sur le sujet dans les cafés pour comprendre que les discours des organisations juives et les commentaires des journalistes sur le carnaval d’Alost provoquent une réaction exactement inverse à l’effet recherché, développant au contraire un sentiment négatif à l’égard d’une communauté qui serait la seule dont il ne serait pas permis de se moquer.
Car telle est bien l’incohérence qui saute aux yeux. Lorsque le carnaval se moque du christianisme, tout le monde est prié de trouver cela drôle. Le président du MR, le parti libéral francophone, soulignait qu’il était pour le droit au blasphème. Mais il concluait qu’il ne fallait pas se moquer des Juifs. Tous ces Charlie réclament le droit au blasphème, à la caricature la plus blessante et sordide, à l’offense la plus ignoble, tant que ce sont les chrétiens qui sont pris pour cibles. Mais voilà, si ce ne sont plus les chrétiens mais les Juifs dont on rit, il n’y a plus de Charlie…
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