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Le cardinal Zen écrit aux cardinaux : « L’Eglise est tuée en Chine »

Le cardinal chinois Joseph Zen, évêque émérite de Hong-Kong, est intervenu plusieurs fois pour dénoncer l’accord secret entre la Chine et le Saint-Siège qu’il compare à une trahison du ChristVoix qui crie dans le désert des jardins du Vatican, régulièrement, il témigne de la destrcution de la vértibale Eglise en Chine par els mains de celui qui devrait la défendre, le pape François en personne.

Dernièrement il a écrit une dramatique lettre à tous les cardinaux pour les informer de la réelle situation de l’Église de Chine. Il a décidé de la rendre publqiue et elle a été publiée sur le blog du vaticaniste Marco Tosatti :

« Omnem sollicitudinem vestram proicientes à Eum, quoniam Ipsi cura est de vobis.

27 septembre 2019

Chère éminence,

Pardonnez-moi pour les inconvénients que cela vous causera. C’est que, en conscience, je crois que le problème que je présente ne concerne pas seulement l’Église en Chine, mais toute l’Église, et nous, cardinaux, avons la lourde responsabilité d’aider le Saint-Père à diriger l’Église.

Maintenant, à partir de mon analyse du document du Saint-Siège (28/6/19) « Lignes directrices pastorales sur l’enregistrement civil du clergé en Chine », il est tout à fait clair qu’il encourage les fidèles en Chine à entrer dans une Église schismatique (indépendante du Pape et sous les ordres du Parti communiste).

Le 10 juillet, j’ai présenté mes dubia au Pape. Sa Sainteté, le 3 juillet, a promis de s’y intéresser, mais à ce jour je n’ai encore rien entendu.

Le cardinal Parolin dit que lorsque nous parlons de l’Église indépendante aujourd’hui, nous ne devons plus comprendre cette indépendance comme absolue, car l’accord reconnaît le rôle du pape dans l’Église catholique.

Tout d’abord, je ne peux pas croire qu’il y ait une telle affirmation dans l’accord et je ne la vois pas (entre autres, pourquoi cet accord doit-il être secret et ne m’est-il pas non plus donné, à un cardinal chinois, de l’avoir vu?), mais, encore plus clairement, toute la réalité après la signature de l’accord montre que rien n’a été changé, bien au contraire.

Le Cardinal Parolin cite, de la lettre du Pape Benoît XVI, une phrase complètement hors contexte, diamétralement opposée à l’ensemble du paragraphe. Cette manipulation de la pensée du Pape émérite est un grave manque de respect, ou plutôt une insulte déplorable à la personne du Pape encore vivant.

Cela me désole également de voir qu’ils déclarent souvent que ce qu’ils font est en continuité avec la pensée du pape précédent, alors que le contraire est vrai. J’ai motif de croire (et j’espère un jour pouvoir le démontrer avec des documents d’archives) que l’accord signé est le même que celui que le pape Benoît XVI avait, à l’époque, refusé de signer.

Chère Éminence, pouvons-nous assister passivement à ce meurtre de l’Église en Chine par ceux qui devraient la protéger et la défendre contre les ennemis? Suppliant à genoux, ton frère

Card. Joseph ZEN, SDB”

« Dubia » du cardinal Zen sur les « Orientations pastorales du Siège concernant l’enregistrement civil du clergé en Chine » (mises à jour le 8 juillet 2019)

Tout d’abord, il semble étrange qu’un document très important soit délivré par le « Saint-Siège », sans préciser de quel dicastère il émane et sans signature de l’autorité responsable.

Aux paragraphes 1 et 2, le document expose le problème et la ligne de solution générale.

1) Le problème est que le gouvernement renie ses promesses de respecter la doctrine catholique et dans l’enregistrement du clergé, il exige presque toujours d’accepter le principe d’indépendance, d’autonomie, d’auto-administration de l’Église en Chine (cela doit être complété avec ce que la lettre du pape Benoît XVI dit au point 7,8: adopter des attitudes, faire des gestes et prendre des engagements contraires aux préceptes de leur conscience de catholiques « ).

2) Face à la situation complexe et qui n’est pas toujours la même partout, le Saint-Siège donne une ligne générale de conduite:

d’une part, il n’a pas l’intention de forcer les consciences, et demande donc (en omettant de dire explicitement « au gouvernement ») que la conscience catholique soit respectée;

d’autre part, il pose comme principe général que  » la clandestinité ne relève pas de la normalité de la vie de l’Église « (lettre du pape Benoît 8.10), c’est donc normal qu’elle en sorte.

Concernant la citation de la lettre du Pape Benoît XVI au point 8.10, je me permets de transcrire la quasi-totalité du paragraphe:

(a) « Certains d’entre eux (évêques) ne voulant pas se soumettre à un contrôle indu exercé sur la vie de l’Église et désireux de maintenir leur entière fidélité au Successeur de Pierre et à la doctrine catholique, ont été forcés d’être consacrés clandestinement. »

(b) « La clandestinité ne fait pas partie de la vie normale de l’Église, »

(c) « et l’histoire montre que les pasteurs et les fidèles ne s’en servent que dans le douloureux désir de garder intacte leur foi »,

(d) « et de ne pas accepter l’ingérence des organes de l’État dans ce qui touche les profondeurs de la vie de l’Église ».

Le Père Jeroom Heyndrickx et le cardinal Parolin n’aiment mentionner que la partie (b); Le pape François (dans son message du 26 septembre 2018) ajoute également la partie (c); mais il me semble que les parties a) et d) sont également importantes.

Le paragraphe montre clairement que la non-normalité n’est pas un choix des clandestins, le choix est inévitable. C’est la situation qui est anormale! Cette situation a-t-elle changé aujourd’hui?

3) Le long paragraphe 3 tente de prouver que ce qui est suggéré au par. 5. est juste :

Première preuve : la Constitution garantit la liberté religieuse.

Question: mais que nous dit la longue histoire des persécutions, malgré la Constitution?

Deuxième preuve : après l’accord, « logiquement », l’indépendance ne doit plus être comprise comme une indépendance absolue, mais uniquement par rapport à la sphère politique.

Tout d’abord, je dis : si je ne vois pas le texte de l’accord, il m’est difficile de croire qu’ils ont vraiment reconnu le « rôle particulier du successeur de Pierre ».

Alors je demande : y a-t-il quelque chose de logique dans les systèmes totalitaires? La seule logique est que, selon Deng Xiaoping, « un chat blanc est égal à un chat noir », à condition qu’il serve les objectifs du Parti.

Dans le post-accord immédiat, rien n’a été changé dans la politique religieuse du parti, tout a été officiellement réaffirmé et les faits le prouvent.

Troisième preuve : le contexte du dialogue « consolidé ».

Question: mais le document ne reconnaît-il pas que le gouvernement a renié à ses promesses, comme indiqué tant au premier paragraphe qu’au paragraphe 9 de ce document ?

Quatrième preuve : tous les évêques sont légitimés.

Cela prouve seulement la générosité infinie du Pape ou peut-être la pression tout-puissante du gouvernement, mais dans les pardonnés et les « récompensés », nous ne voyons aucun changement, aucun signe de repentir, mais des actes clairs de triomphe audacieux, riant des autres qui ont misé sur le mauvais cheval.

4) Le paragraphe 4 indique que les raisons ci-dessus justifient une nouvelle attitude. Ici au moins il y a l’honnêteté de dire que ce qui est proposé est une nouveauté, et que donc il n’est pas en continuité avec le passé, mais en niant le passé comme déjà passé, c’est-à-dire comme n’étant plus valable.

On dit également que le Saint-Siège essaie de s’entendre avec le gouvernement sur une formule (qui sauve la chèvre et le chou).

Mais nous nous demandons : « une formule » ? Ce que le gouvernement demande, ce n’est pas une déclaration de théorie, c’est tout un système, dans lequel il n’y aura plus de liberté pastorale, mais en tout il faudra suivre les ordres du parti, y compris l’interdiction pour les mineurs de moins de 18 ans de participer à toute activité religieuse.

5) Au par. 5 il y a les véritables directives pastorales. En bref : signez tout ce dont le gouvernement a besoin, éventuellement avec une spécification écrite qui nie ensuite ce que vous signez. Si une clarification écrite n’est pas possible, faites-la verbalement, avec ou sans témoin. Tant qu’il y a l’intention de ne pas avoir accepté en conscience ce qui a effectivement été signé.

On signe un texte contre la foi et il est déclaré que l’intention est de favoriser le bien de la communauté, une évangélisation plus adéquate, la gestion responsable des biens de l’Église.

Cette règle générale est évidemment contraire à tout principe moral. Si elle était acceptée, elle justifierait l’apostasie.

6) Au par. 6, il est dit que le Saint-Siège comprend et respecte ceux qui, en conscience, n’acceptent pas la règle ci-dessus. De toute évidence, il s’agit de compassion pour une minorité «têtue» qui ne comprend toujours pas la nouvelle règle. Leur attitude est fausse, mais le Saint-Siège les tolère « temporairement ».

7) Le paragraphe 7 parle de certaines obligations des évêques, citant un document qui n’a rien à voir avec notre question.

8) Au par. 8 il est dit que les fidèles doivent accueillir la décision de leurs pasteurs. Qu’est-ce que cela signifie? Qu’ils n’ont pas la liberté individuelle de choisir? Et leur conscience ne doit-elle pas être respectée?

Aux frères qui me demandent quoi faire, j’ai toujours donné la réponse : respecter les choix des autres et rester ferme dans la conviction de sa conscience. C’est parce que je n’ai pas le pouvoir d’imposer mes jugements sur ce qui est bien ou mal aux autres.

Mais le Saint-Siège n’a-t-il aucune autorité et donc aucun devoir de clarifier aux membres de l’Église ce qui est bien et ce qui est mal ? L’a-t-il fait avec ces « Lignes directrices » ? Quitter la clandestinité est à encourager, rester caché peut être toléré? Les évêques et les prêtres ont le choix et les fidèles non?

9) Au par. 9 il est dit que le Saint-Siège demande entre-temps (et omet à nouveau le mot « au gouvernement ») que des pressions intimidantes ne doivent pas être exercées contre les communautés catholiques non officielles, comme cela s’est déjà produit. (Ne pas nommer le mot «gouvernement» est presque comme la vénération traditionnelle de ne pas mentionner le nom de l’empereur.) Enfin, il est recommandé à tout le monde de discerner la volonté de Dieu avec «patience et humilité». Mais moi je me demande : et la persévérance de la foi, elle est partie aux oubliettes ?

Il est précisé ensuite que « la voie actuelle est également marquée par de nombreux espoirs, malgré les difficultés ». Il me semble cependant que les faits détruisent tout fondement d’espérance humaine. Quant à l’espérance en Dieu, elle ne peut jamais être séparée de la volonté sincère de vouloir aussi souffrir selon sa volonté.

Conclusion

Ce document a radicalement inversé ce qui est normal et ce qui est anormal, ce qui est légitime et ce qui doit être toléré.

L’espoir de ses rédacteurs est peut-être que la minorité pitoyable mourra de mort naturelle. Par cette minorité, je veux dire non seulement les prêtres clandestins (à qui les évêques ne se sont pas donnés depuis un certain temps quand ces anciens meurent, ni les délégués, parce que l’évêque officiel du diocèse est déjà légitime), mais aussi de nombreux frères de la communauté officielle qui, avec une grande ténacité, ont travaillé pour un changement, espérant être soutenus par le Saint-Siège, mais au lieu de cela, ils sont encouragés à accepter la soumission au gouvernement, ridiculisés par les opportunistes gagnants.

Que le Seigneur ne permette pas la réalisation de ces désirs, de ceux qui veulent la mort de la vraie foi dans ma chère patrie. Seigneur, ayez pitié!

Cardinal Zen, 27/09/2019″

Francesca de Villasmundo

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