Plusieurs mois après, le cardinal Jean-Baptiste Re, nouveau doyen du Sacré Collège des cardinaux, sans répondre directement au cardinal Zen, a adressé une lettre, le 26 février dernier, à tous les cardinaux dans laquelle il attaque durement le cardinal Zen, attribue la paternité de l’accord au pape précédent Benoît XVI et affirme la possibilité d’Églises indépendantes. Il écrivait, entre autre, que l’accord trouvé entre la Chine et le Vatican le 22 septembre 2018 était le « seul possible ».
Le 1er mars 2020, le cardinal Zen répondait par lettre ouverte publiée sur son blog au doyen du Sacré Collège cardinalice :
« À SE le cardinal Jean-Baptsite Re
Doyen du Sacré Collège des cardinauxEmminence,
Qu’il me soit permis d’utiliser le support d’une lettre ouverte pour une communication plus rapide.
Indirectement, j’ai pris connaissance de votre lettre du 26 février qui (Prot. N. 1/2020) a également l’honneur d’avoir ainsi inauguré votre haute fonction de doyen du Collège des cardinaux.
J’admire votre courage à vous aventurer dans des questions que vous reconnaissez pourtant être «complexes», mettant en péril le prestige de votre honorable mission nouvellement inaugurée. Mais on sait qu’aujourd’hui il y a un vice-pape qui parvient à donner du courage à tous les serviteurs du Saint-Siège.
Venons-en à la lettre.
1. Pour clarifier la vision de Jean-Paul II et de Benoît XVI concernant le communisme, il me suffit maintenant de vous renvoyer à la page 161-162 du livre Dernières conversations (le pape Benoît m’en a envoyé un exemplaire avec la dédicace « en communion de prière et de pensée »).
La question du journaliste Peter Seewald:
« Avez-vous activement partagé et soutenu l’Ostpolitik du pape (Jean-Paul II)? »
Benoît a répondu: « Nous en avons parlé. Il était clair que la politique de Casaroli, bien que bien mise en œuvre, avait échoué. La nouvelle ligne poursuivie par Jean-Paul II était le résultat de son expérience personnelle, du contact avec ces pouvoirs. Bien sûr, on ne pouvait pas espérer que le régime s’effondrerait bientôt, mais il était évident qu’au lieu d’être conciliant et d’accepter des compromis, il fallait s’y opposer fermement. C’était la vision de base de Jean-Paul II, que je partageais. »
2. Pour prouver que l’accord signé avait déjà été approuvé par Benoît XVI, il suffit de me montrer le texte signé, qu’il ne m’a pas été concédé de voir à ce jour, et les preuves des archives, que vous avez pu vérifier. Il resterait cependant à expliquer pourquoi il n’a pas été signé à l’époque.
3. Le changement « d’époque » dans le sens du mot « indépendance », je le crains, n’existe que dans la tête du très éminent secrétaire d’État, induit peut-être par une traduction incorrecte du chinois faite par le jeune secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, maintenant monoculus rex à Regno Caecorum, également responsable d’au moins 10 erreurs dans la traduction de la lettre du pape Benoît en 2007.
Cependant, étant donné l’intelligence du Très Éminent, il m’est difficile de croire qu’il a été trompé, il est plus probable qu’il a voulu « être trompé ».
4. Je ne comprends pas la dernière partie de votre lettre, assez confuse. Les faits sont là. J’ai des preuves que Parolin manipule le Saint-Père, qui me montre toujours autant d’affection, mais ne répond pas à mes questions. Face aux positions prises par le Saint-Siège que je ne comprends pas, à tous les frères désolés qui se tournent vers moi, je dis de ne pas critiquer ceux qui suivent ces dispositions. Cependant, comme les dispositions laissent encore la liberté à ceux qui ont une objection de conscience, je les encourage à se replier sur l’état des catacombes, sans s’opposer à aucune injustice, sinon ils finiraient par en perdre davantage.
Qu’est-ce que j’ai fait de mal?
5. Je suis à 100% d’accord avec l’invitation à prier.
Je me souviens que récemment le Saint-Siège a également recommandé l’invocation à la Madone « Sub tuum praesidium » et celle à l’Archange Saint Michel. Il y a bien sûr « l’Oremus pro Pontifice » qui se termine par « et non tradat eum in animam inimicorum ejus ».
Je vous souhaite des moments plus heureux dans votre long service en tant que doyen du Collège des cardinaux.
Votre obligé
Card. Zen
Premier dimanche de carême
De l’Évangile selon Matthieu (4: 8-10)
Le diable l’a pris sur une très haute montagne et lui a montré tous les royaumes du monde et leur gloire et lui a dit : « Toutes ces choses que je te donnerai si, en te jetant à mes pieds, tu m’adoreras. »
Jésus répondit : « Va-t’en, Satan! En fait, il est écrit: le Seigneur, ton Dieu, tu adoreras: tu ne l’adoreras que. »
Francesca de Villasmundo
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