Pour son confrère le cardinal Marx, président des évêques germains, les couples mixtes devraient pourvoir être unis dans la réception de l’Eucharistie, ce qui est, à y regarder de plus près, un pas supplémentaire vers la messe œcuménique sur laquelle, dit-on dans les couloirs romains, une commission avec à sa tête le cardinal Walter Kasper est en train de travailler.
Au cours d’un entretien au site autrichien kath.net, reprise par le site italien La Fede Quotidiana, le cardinal Brandmüller a exprimé sa ferme opposition à cette disposition inter-religieuse prises par les prélats d’Outre-Rhin. Pour lui, cette initiative des évêques allemands s’insère dans la « tactique du salami » (tactique visant à évincer graduellement, tranche par tranche, les opposants par l’infiltration progressive) et est « un stratagème totalement malhonnête ». Il a insisté sur le risque « de prendre des règles établies pour des situations d’une extrême gravité afin de les appliquer à la vie de tous les jours ». L’Église a-t-il précisé n’est pas une ONG avec le devoir d’aider les personnes dans leur vie :
« L’Église est une œuvre de Dieu, la forme visible et vécue à travers laquelle le Christ ressuscité continue son œuvre de rédemption du monde. »
L’actuelle « faim eucharistique » des protestants n’est pas suffisante pour justifier une semblable « solution ». Le prélat allemand retient cette expression comme « un cas interprété comme une généralité » et la qualifie de « scénario honteusement mélo-drammatique », simplement « lamentable ». Il invite les protestants qui ont cette « faim » à se convertir :
« Un chrétien qui désire vraiment la Sainte Communion et sait qu’il n’y a pas d’eucharistie sans Église et qu’il n’y a pas d’Église sans eucharistie demandera son admission dans l’Église catholique. Tout autre chose serait discutable et malhonnête. »
L’Église, ajoute-t-il, n’est pas un self-service où chacun peut choisir selon son propre désir.
Tout en saluant cette prise de conscience d’un évêque conciliaire sur les dérives toujours plus modernistes et progressistes de ses collègues, il est dommage que le cardinal Brandmüller ne fasse pas le rapprochement entre le dialogue œcuménique entrepris depuis plus de 50 ans par les ecclésiastiques conciliaires et les innovations révolutionnaires de ses confrères germains qu’il désapprouve. Ces dernières ne sont que les conséquences du premier et de tous les pas « œcuméniques » de rapprochement avec les protestants réalisés par l’Église conciliaire, à la suite de l’ouverture prônée par Vatican II. Ces pas divers et variés, de Paul VI à François, ont entraîné lentement mais sûrement une relativisation de la théologie catholique sur l’Eucharistie et un abandon conséquent de pans entiers de la doctrine traditionnelle. Le pape actuel n’a-t-il pas, courant janvier, annoncé qu’un « consensus était atteint entre luthériens et catholiques sur des questions fondamentales relatives à la doctrine de la justification » ?
Aussi déplorer l’accès à la communion pour les protestants est certainement une bonne chose mais risque bien de n’être qu’une lamentation conservatrice stérile. Car le problème est bien plus profond, plus fondamental, il réside dans l’esprit œcuménique conciliaire qui inspire et gouverne les autorités romaines, les prélats et prêtres conciliaires, et les pousse inévitablement, parfois à contrecœur pour certains il est vrai, à « évoluer » constamment dans un sens progressiste pour atteindre la mythique « unité dans la diversité »…
« Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je! quand on l’approuve et qu’on y souscrit, quoique ce soit avec répugnance »,
écrivait déjà en son temps Bossuet dans son Histoire des variations des églises protestantes…
Francesca de Villasmundo
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