La France est le pays d’Europe où la consommation de cannabis est la plus forte, alors que cette drogue y est interdite. La raison est simple. Quand un policier surprend un consommateur, il est obligé de faire un rapport, puis de convoquer l’individu avec signalement au parquet, faire un rapport de l’audition ; les procureurs, submergés de travail, dans 9 cas sur dix mettent le dossier à la corbeille à papier. Résultat, les policiers écœurés ne relèvent plus les infractions.

Ensuite, se sont développés le coffee shop qui vendaient des boissons avec un taux autorisé de cannabidiol (THC) allant jusqu’à 0,2 %. Plusieurs d’entre elles ont été fermées car dans l’arrière-boutique se préparaient des breuvages avec des taux supérieurs. Ce n’est pas pour « emmerder les Français » (comme dit notre Premier Ministre) que le cannabis est interdit. Les troubles les plus fréquents sont liés à une atrophie du cerveau. De plus sous l’influence du cannabis, un conducteur devient un danger public.

Les défenseurs du cannabis trouvèrent un cheval de Troie pour faire craquer l’interdiction. Il fut raconté que le cannabis supprimait les douleurs que les antalgiques n’arrivaient pas à supprimer. De fait l’autorisation de mise sur le marché (AMM) fut donnée dans les souffrances de personnes atteintes de sclérose en plaques. Mais les chirurgiens commencèrent à utiliser en cancérologie le produit commercialisé, alors qu’aucune expérimentation n’avait été effectuée dans ce domaine ; certaines douleurs liées aux nerfs (neuropathies) virent apparaître des prescriptions rigoureusement temporaires. Le ministre de la santé Agnès Buzyn entendait remettre de l’ordre dans les coffee-shop ; les gérants de ces établissements prétendaient en effet que dans les cigarettes il y avait moins de 0,2% de cannabis, il n’y avait donc pas lieu de les interdire. Pour Buzyn, « le cannabis pourrait arriver en France » à titre d’antalgique. Le cheval de Troie ouvrirait ses flancs pour libérer ses produits mortels.

Beaucoup de traitements antalgiques comme la codéine sont à base de dérivés de l’opium : on les nomme les opioïdes. Or en Amérique ces produits sont détournés massivement de leur utilisation. Ils sont de très loin la manière de se droguer des jeunes car, comme en France, ils sont en vente libre ; le tout aboutissant à un nombre considérable de décès par overdose : en prenant les mesures drastiques qui s’imposent, il faudra plusieurs générations pour désintoxiquer la jeunesse. Nous risquons en France de nous trouver dans une situation similaire ans notre pays grâce à Buzyn.

Un coup de tonnerre vient de retentir. Le Lancet, la plus célèbre revue médicale au monde, vient de publier une étude effectuée sur 1574 participants, du 13 août 2012 au 8 avril 2014. Ces personnes souffraient de douleurs chroniques et prenaient divers antalgiques. Ont été pris en compte les états dépressifs ou anxieux. L’idée était qu’en ajoutant du cannabis, les douleurs seraient encore mieux soulagées. 300 d’entre eux, en sus de leurs antalgiques habituels, reçurent donc du cannabis. La conclusion des chercheurs était la suivante : « un score de gravité de la douleur plus élevé« . « Nous n’avons trouvé aucune preuve que l’usage de cannabis a réduit l’usage des opioïdes prescrits ou augmenté les taux d’abandon des opioïdes« .

Autrement dit, le cannabis augmente les douleurs chroniques, y compris quand elles sont déjà prises en charge. Voilà notre cheval de Troie par terre avant qu’il n’ait pu nuire.

Buzyn va-t-elle tenir compte de cette étude très convaincante ? Pas sûr ! En effet les dépendants au cannabis représentent un électorat dont Macron va certainement avoir besoin pour les prochaines échéances.

Jean-Pierre Dickès

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