Tout le monde a constaté l’envolé des prix des carburants, notamment ceux qui utilisent régulièrement leurs véhicules dotés d’un moteur essence ou diesel. Aujourd’hui dans les stations les moins chères, le gazole côtoie les 1,53€ au litre et l’essence SP95 les 1,62€. Et cela va continuer à augmenter avec la demande plus forte que l’offre. Depuis la crise du Covid 19, l’OPEP+ (OPEP et Russie) a décidé de geler sa production pour faire remonter les prix. Ils ont lâché un peu de lest ces derniers temps, mais pas suffisamment pour atténuer les marchés. Et cela leur profite car ils produisent moins et rentrent autant si ce n’est plus de cash. Cela conforte aussi les Etats-Unis car les producteurs américains dépendent fortement des gaz de schiste dont le prix de revient doit être au-dessus de 50 à 60$ le baril pour que cela soit rentable. Autre effet qui intervient dans la hausse des carburants, la parité euro/dollar. Actuellement, l’euro baisse par rapport au dollar et cela a comme effet de renchérir le baril en euro, que nous achetons en importation aux pays producteurs. C’est pour cette raison que les Etats-Unis sont moins impactés. Pour mieux comprendre, le tableau ci-après compare les prix entre 2008 et 2021 :
On peut voir que la parité euro/dollar a une importance significative sur les prix à la pompe. Par exemple, si en 2008, la parité avait été celle d’aujourd’hui, le prix du baril se serait élevé à 117€ avec un prix du gazole qui aurait été aux alentours des 1,53€, le prix d’aujourd’hui !
Par ailleurs, entre 2008 et 2018, les gouvernements successifs ont aussi augmenté les taxes, notamment la mise en place de la fameuse taxe carbone qui a renchérit la TICPE, Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques, ancienne TIPP. Le tableau ci-après montre les proportions de la composition des prix du gazole et de l’essence en 2018.
Par exemple, pour le gazole, le carburant le plus utilisé par les français, la TICPE est passée de 42,84 centimes/l en 2013 à 61,00 centimes/l en 2018, stationnaire en 2021 à cause de la crise des Gilets Jaunes. Car dorénavant, l’Etat a compliqué l’affaire en régionalisant la TICPE[1]. Au bilan, cela fait environ 18,16 centimes d’augmentation. A cela, il faut ajouter la fameuse taxe de la taxe, c’est-à-dire la TVA à 20% sur la TICPE : 3,63 centimes, ce qui fait un total de 21,79 centimes d’augmentation. Entre 2007 et 2018, soit en onze ans, les taxes sur l’essence ont augmenté de 21 centimes par litre et celles sur le diesel de 27 centimes (source Wikipédia).
Aussi, Madame Pompili est culotté de demander aux distributeurs de faire un effort. Leur marge de distribution est faible (11 centimes environ), tout au plus, pourront –ils consentir une baisse de 1 à 3 cts pour être à prix coûtant. Car l’augmentation provient du renchérissement du baril, de l’euro qui baisse par rapport au dollar, mais aussi de l’augmentation des taxes, notamment la TICPE trop onéreuse et la TVA sur le hors taxe des produits ! Par exemple, quand le gazole prend 5 centimes d’augmentation en hors taxe par litre, il en coûtera 6 centimes à l’automobiliste ! Et tout le monde ne paie pas comme les autres car certains professionnels se font rembourser en partie la TICPE et la TVA comme les routiers et les taxis, histoire d’acheter certaines professions qui ont la facilité de bloquer rapidement le pays comme en 1992, 2000, 2005 et 2010. L’effort principal devrait venir de l’Etat. Il faut savoir que l’augmentation du prix des carburants de 2 à 3 centimes baisse la consommation de 3 % environ, ce qui diminue la rentrée de la TICPE et de la TVA, donc un manque à gagner certain pour les finances publiques. Pourquoi ne pas jouer sur les taxes ? Ils sont pétrifiés à l’idée de le faire par crainte de représailles de leur propre camp à cheval sur la « transition écologique ». Cependant, la dictature mondialiste de la taxe carbone (qui est prévue encore d’augmenter dans les années à venir) est freinée par la mobilisation du peuple qui n’en peut plus de payer. Les Gilets Jaunes sont sortis de la boîte en 2018. Le porte-monnaie des français n’est pas extensible. Le gouvernement appréhende et suit à la minute près l’augmentation des prix à la pompe comme le lait sur le feu car cela peut engendrer une nouvelle crise soudaine. Il marche sur un terrain miné à six mois des élections. Il faut rappeler que le gouvernement en 2000 à mis en place une TIPP flottante pour amortir l’augmentation du baril et lisser les prix à la pompe. François Hollande avait promis de faire de même en 2012 après son élection, mais le prix du baril ayant baissé, il n’a pas mis en œuvre sa proposition. Le quidam français automobiliste, vache à lait, qui n’a pas les moyens de se payer une voiture électrique (je reviendrai sur ce sujet dans un prochain article) et qui survit avec sa voiture diesel fait ses comptes et appréciera l’intervention fort mal à propos du ministre en charge des énergies.
Dernière minute, ce 13 octobre 2021 sur France Info, le gouvernement en concertation avec l’Union Européenne, étudie le recours à la baisse des taxes pour limiter la hausse des carburants. Tiens, tiens, ils sentent la pression monter. Ce même jour, le gazole est à 1,549€ dans une station discount…
Anatole CASTAGNE
[1] Par exemple en 2021, la TICPE coûte plus cher en région parisienne qu’en province (62 centimes au lieu de 60,69 centimes en région métropolitaine).
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