Cette coupe du monde au Qatar en 2022 n’a pas fini de faire parler, huit ans avant son ouverture. La fête semble déjà gâchée à moins que l’argent n’arrange tout. Il y a la mort des ouvriers sur les chantiers des stades mais aussi les soupçons de corruption et enfin les conditions de l’organisation des matchs. Le président de la FIFA Sepp Blatter n’a pas manqué de pratiquer la langue de bois depuis l’attribution de l’organisation de la coupe du monde en 2010 au Qatar jusqu’à hier.

Lors d’une conférence de presse, il a en effet reconnu pour la première fois qu’organiser la coupe du monde au Qatar avait été une erreur, déclarant : « Le rapport technique du Qatar indiquait bien qu’il faisait trop chaud en été, mais le Comité exécutif (de la Fifa) avec une majorité assez large a décidé qu’on va jouer au Qatar. » Et Sepp Blatter n’en démord pas : les matchs se joueront en hiver. Voilà qui va être casse-tête pour les organisateurs des championnats européens car cela signifierait qu’elle se jouerait en plein milieu d’une saison. Il faudra donc réorganiser les dates différemment ou les clubs vont devoir se passer des internationaux, ce qui semble peu probable.  Sur son site, la FIFA n’a pas manqué pourtant de vanter les atouts de l’organisation d’un tel événement comme elle le fait pour chaque candidature. Alors pourquoi se rendre compte si tard que c’était une erreur et n’avoir pas choisi les USA, comme en 1994 ?

Depuis 2013, des soupçons de corruption ont fait jour. Le magazine de sport France Football a révélé une possible corruption, publiant un mail  de Jérôme Valcke envoyé à Jack Warner, alors vice-président de la Fifa, dans lequel le secrétaire de l‘instance dirigeante du football mondial écrivait: « Ils ont acheté le Mondial 2022 ». Celui-ci avait plaidé l’humour. Le magazine avait des preuves indirectes comme des enveloppes d’argent non marquées de la somme de chacune 40.000 dollars qui auraient été distribuées aux délégués de l’union caribéenne de football. C’est sans compter les stars de football qui ont été grassement payés pour promouvoir cette candidature. Mais la France serait aussi mêlée. Le magazine évoque une réunion secrète à l’Elysée en novembre 2010 à l’initiative de Nicolas Sarkozy et en présence du prince du Qatar Tamin bin Hamad al-Thani, du président de l’UEFA Michel Platini et de Sébastien Bazin, représentant en France de Colony Capital. Michel Platini aurait accepté de donner sa voix au Qatar, plutôt qu’aux Etats-Unis comme il souhaitait initialement le faire, en échange d’investissements qataris en France, concernant notamment le Paris Saint-Germain ou la création d’une nouvelle chaîne pour concurrencer Canal +.  D’autres preuves sont apparues depuis et une enquête du FBI est en cours.

Si personne n’ose le clamer trop fort, beaucoup le pensent intérieurement : tout n’est pas clair dans l’attribution de l’organisation et il y a eu corruption à plus ou moins grande échelle. Cela fait bien longtemps que des spécialistes ont pointé les difficultés d’une telle organisation que certains n’ont pas voulu voir. Il était donc temps que Sepp Blatter reconnaisse l’erreur. Et d’ailleurs comme s’il avait montré toute sa compétence, il brigue un autre mandat à la tête de la FIFA !

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