Mikhaïl Gorbatchev, dernier président de l’URSS, personnage adulé de l’Occident pour sa « perestroïka », celui qui a autorisé la chute du mur de Berlin et de l’URSS, est invité aux festivités du 25è anniversaire de l’unification des deux Allemagne à Berlin. C’est le moins que pouvait faire l’Allemagne d’Angela Merkel pour le remercier.
Historiquement l’Allemagne ne fut unifiée pour la première fois qu’en 1871, sous Bismarck, ministre Prussien, à la suite de la guerre qui opposa la France à la Prusse.
A l’occasion de cette commémoration, le dernier président de l’Union soviétique, a très sensiblement changé de discours par rapport à la position qu’il défendait encore il y a peu de temps, il serait même en passe de rejoindre celui de Poutine. Il a même invité les dirigeants de l’Union Européenne a bien écouter le discours du président russe, Vladimir Poutine, au club Valdaï fin octobre à Sotchi, pour s’en inspirer.
« J’ai découvert dans le discours de Poutine un désir de trouver des moyens pour réduire les tensions et pour créer de nouveaux cadres de partenariats en perspective », a-t-il dit.
Il a appelé l’Occident à lever les sanctions contre la Russie et à unir les forces politiques internationales pour aider l’Ukraine.
C’est de Berlin, au cours de l’assemblée du New Policy Forum (Organisme dont il est le fondateur), qu’il a affirmé que dans les années 1990 les dirigeants occidentaux se sont proclamés vainqueurs de la guerre froide et ont décidé de dominer le monde.
« Ce qui s’est produit ces derniers mois pourrait être qualifié d’effondrement de la confiance. De cette confiance que nous avons créée avec tant de peine par des efforts conjugués à la sortie de la guerre froide, de cette confiance sans laquelle les relations internationales dans un monde normal sont inconcevables », a indiqué le père de la perestroïka. », « la situation actuelle plonge ses racines dans les événements des années 1990 ».
« Or, au lieu de bâtir un mécanisme de sécurité européenne, de procéder à une démilitarisation d’envergure de la politique européenne – ce qui d’ailleurs a été promis par l’Otan dans sa déclaration de Londres – l’Occident et, en premier lieu, les Etats-Unis se sont déclarés vainqueurs dans la guerre froide », adéclaré l’ex-président soviétique.
« Profitant de l’affaiblissement de la Russie et de la disparition des contrepoids, ils ont tenté d’asseoir leur domination mondiale ».
« Il faut revenir aux projets de construction du système de sécurité collective en Europe qui comprendrait la Russie. » « J’estime que nous nous sommes assurés une fois de plus que la sécurité européenne ne peut exister que pour l’ensemble de l’Europe. Aucune tentative de résoudre ce problème par l’Otan ou par la politique de défense de l’UE ne peut donner de résultats positifs. Je dirais plus, ces tentatives sont simplement contreproductives. La seule issue est de revenir aux projets et aux dessins de la construction du nouveau système de sécurité collective européenne qui assurerait des garanties à tous ses participants ».
Et de citer pour preuves, l’élargissement de l’Otan, les bombardements de la Yougoslavie, le soutien aux séparatistes kosovars, le déploiement d’un système de défense antimissile en Europe, l’invasion de l’Irak, l’intervention en Libye et la pression sur la Syrie.
« On pourrait dire, en utilisant le langage imagé, qu’un abcès s’est formé. Abcès qui s’est transformé ces derniers temps en une plaie sanglante », a indiqué M. Gorbatchev », »Qui souffre le plus de ces bouleversements? C’est l’Europe, notre maison commune », a-t-il conclu.
Selon l’ancien président soviétique, l’Europe s’affaiblit, tandis que d’autres centres d’influence gagnent en puissance et en dynamisme. Ceux qui ont pris connaissance du discours de Vladimir Poutine au forum Valdaï, reconnaîtront les expressions et les exhortations poutiniennes de ce discours.
Vladimir Fédorovski, conseiller diplomatique pendant la période de la glasnost , de 1985 à 1990 sous Gorbatchev, était hier samedi l’invité de Christophe Hondelatte sur BFMTV. Il a lui aussi rappelé que l’OTAN n’avait pas tenu ses promesses en contre-partie de l’unification de l’Allemagne; l’OTAN qui ne devait pas s’étendre à l’Est. (Voir ci-dessous la carte de l’expansion de l’OTAN).
Or aujourd’hui dimanche 9 novembre, selon l’état-major des Forces d’autodéfense estoniennes, l’OTAN a débuté en Estonie la phase active de ses exercices de forces de réaction rapides: l’opération « Trident Juncture ».
Selon le scénario des exercices, l’Estonie a été attaquée par une grande puissance adverse. L’Otan, en conformité avec l’article 5 de la charte de l’Alliance atlantique, qui considère une attaque contre un pays membre de l’Otan en Europe ou en Amérique du Nord comme une attaque visant l’ensemble de l’Alliance, expédie en Estonie sa Force de réaction rapide. Source
L’OTAN étendant sa zone d’influence toujours plus prés des frontières russes, devient donc une menace de plus en plus directe pour la Russie. L’Estonie jouxte la Russie. Au mois de septembre c’était en Ukraine que l’OTAN s’exerçait. L’Ukraine qui ne fait pas partie de l’Alliance atlantique.
Voici la carte de l’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est de 1949 à 2009, avec une accélération très net du processus à partir de 1990, (union de l’Allemagne 1989). On le voit, après l’Ukraine, l’encerclement serait quasiment total.
Emilie Defresne
Pour mémoire voici le communiqué final de la conférence de Crimée (Yalta) qui fixait le partage de l’Europe en février 1945, suite à la défaite de l’Allemagne à la fin de la Seconde guerre mondiale.
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