Bombardements à Alep le 31 janvier 2015
L’archevêque chaldéen d’Alep, Mgr Antoine Audo, président de Caritas Syrie, qui assistait à Rome à l’assemblée générale de Caris internationalis: « Je crains très fortement, en tant qu’évêque, qu’Alep ne soit vidé d’ici quelques mois des chrétiens ». « Ils étaient 150.000, peut-être les deux-tiers sont partis. Il n’y a plus de désir de rester, d’espérer et de résister ».
Nettoyage religieux
A propos des bombardements par des groupes rebelles en direction des quartiers chrétiens:
« ce sont des messages très clairs pour faire partir les chrétiens d’Alep, comme c’est arrivé surtout à Mossoul en Irak l’été dernier avec l’EI. » « Les groupes armés deviennent de plus en plus forts » et « j’ai l’impression depuis plusieurs semaines qu’on va toujours plus vers un refus d’une solution politique », a-t-il déploré.
« Je crois, que, sur place, c’est la Turquie qui rassemble tous ces groupes armés, c’est l’Arabie Saoudite et le Qatar qui les financent pour des buts bien particuliers, c’est à dire pour la puissance sunnite dans la région ».
« La disparition de la présence chrétienne intéresse davantage l’Arabie Saoudite et la Turquie que la présence de chrétiens actifs et ayant une vision un peu séculière d’un Etat moderne ». « Les chrétiens d’Alep se tournent spontanément vers le pape et le Vatican. Le pape a pu faire une oeuvre de réconciliation à Cuba. Pourquoi pas une solution pour la Syrie? », a-t-il observé. (Source)
Alep bombardé depuis des mois, libération précaires de certains villages
Alep est assiégée et bombardée par les groupes islamiste depuis l’année dernière; les chrétiens ont réveillonné sous les bombes et depuis le déluge de feu se poursuit. Tandis que ces derniers jours des villages chrétiens ont été délivrés de l’Etat Islamique par les bombardements de la coalition:
les opérations de la coalition ont permis la reprise d’un certain nombre de villages de la zone, faisant reculer les miliciens djihadistes. Le long de la vallée de la Khabour, affluent permanent de l’Euphrate, se trouvaient plus de 30 villages chrétiens fondés dans les années 1930, où avaient trouvé refuge les chrétiens assyriens et chaldéens d’Irak ayant fui les massacres perpétrés à l’époque par l’armée irakienne. Le 23 février dernier, la zone a été attaquée par les djihadistes du prétendu État islamique, provoquant la fuite massive de la population assyrienne, mais les miliciens détiennent encore plus de 230 chrétiens pris en otage alors. À ce propos, ces derniers jours, l’Assyrian Human Rights Network (AHRN) a repris des indiscrétions selon lesquelles au mois de mars, les djihadistes auraient demandé en échange de la libération des otages une rançon globale de 22 millions US$ [23 millions selon d’autres sources], soit près de 100 000 US$ par otage. Face à l’impossibilité de la communauté assyrienne de rassembler une telle somme, les négociations auraient été interrompues et toutes les tentatives visant à rouvrir les canaux de négociation par l’intermédiaire de chefs de clans tribaux auraient été vaines. (Source)
« au début, je faisais le pari sur la réconciliation, le salut, une solution de paix, dit encore Mgr Audo. Maintenant, je ne suis plus dans l’espérance, j’essaie de me maintenir dans ma foi chrétienne, qui est très secouée et très perturbée », se désole le prélat. (Source)
« Propagande et guerre psychologique contre le gouvernement »
Mgr Audo avait aussi déclaré il y a 10 jours:
Au cours de ces dernières heures, selon des nouvelles reprises par les agences internationales, dans la région d’Alep, les milices djihadistes auraient consolidées leurs positions, intimant à 2.000 militaires de l’armée bloqués dans la zone de l’aéroport militaire de se rendre. « En réalité – indique Mgr Audo – depuis plus de trois ans, pour sortir d’Alep, nous n’utilisons plus les aéroports qui se trouvent tous dans des zones disputées. L’impression est que sont en cours une forte propagande et une guerre psychologique contre le gouvernement, orchestrées notamment au niveau international, au travers d’un usage piloté de l’information. Ils parlent d’une prochaine attaque sur Alep, déclarant qu’Alep est au bout du rouleau. Peut-être préparent-ils quelque chose ». (Source)
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