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L’Arabie Saoudite met le feu au Moyen-Orient

incendie ambassade saoudienne

La tension dans le Golfe Persique a atteint un nouveau sommet, avec l’exécution d’un religieux chiite, l’imam Baqr al-Nimr, aussi connu comme cheikh Nimr, devenu célèbre pour son opposition frontale au gouvernement sunnite de Riyad qui l’a arrêté en 2012, après les émeutes qui ont marqué l’opposition au Printemps arabe dans le pays, et qui l’a condamné à mort en 2014 en l’accusant d’encourager la violence parmi ses coreligionnaires. Les chiites sont minoritaires dans la plupart des pays musulmans, sauf en Iran, Azerbaïdjan et Irak, ainsi qu’au Liban, où ils représentent la moitié de la population musulmane.

Cette exécution a donné lieu à de violentes manifestations et protestations dans la région.

L’Iran a condamné l’exécution de l’imam al-Nimr et a convoqué le chargé d’affaires saoudien alors que l’Arabie saoudite convoquait l’ambassadeur iranien  en réponse à la réaction « hostile » de Téhéran.

«Le gouvernement de l’Arabie saoudite soutient les terroristes et les mouvements extrémistes, et affronte les critiques à l’intérieur du pays par l’oppression et les exécutions», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Hossein Ansari Jaber, avertissant que « le gouvernement saoudien paiera un prix lourd pour cette politique », selon l’agence de presse iranienne IRNA.

Un des religieux les plus importants de l’Iran, l’ayatollah Ahmad Khatami, a condamné l’exécution prédisant que celle-ci «effacera des pages de l’histoire »  les Saoud qui gouvernent à Riyad.

La mort de cheikh Nimr a suscité une forte réaction, non seulement parmi les représentants de l’Iran, mais aussi parmi la population. Samedi, des manifestants ont incendié le consulat d’Arabie Saoudite à Mashhad, deuxième plus grande ville en Iran. Quelques heures après, l’ambassade saoudienne à Téhéran était également l’objet d’attaques. Des manifestants ont lancé des cocktails molotov, puis ont pris d’assaut le bâtiment et mis le feu. La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour les disperser.

L’Irak et le Liban ont rejoint le mouvement de protestation iranien. Khalaf Abdelsama, chef du bloc parlementaire irakien du parti chiite gouvernant, Dawa, demande la fermeture de l’ambassade d’Arabie Saoudite à Bagdad –ambassade qui avait rouvert le 15 Décembre dernier, pour la première fois depuis 25 ans– et l’expulsion de l’ambassadeur arrivé il y a à peine trois jours. Abdelsama propose également d’ »exécuter tous les terroristes saoudiens qui sont dans les prisons irakiennes« , soit 61 selon les chiffres donnés mi-2015, selon l’AFP.  De nombreuses protestations ont eu lieu en Irak et  en particulier dans la ville de Kerbala.

Pour sa part, le mouvement libanais du Hezbollah a également protesté, accusant Washington d’avoir « une responsabilité directe » dans cet « assassinat » en tant que complice de l’Arabie saoudite.

Craignant des protestations au sein de ses frontières, Riad a envoyé samedi des centaines de véhicules anti-émeute armés dans le village d’Awamia dans la région de Qatif, lieu de naissance de l’imam chiite exécuté. Les alliés des Saoud comme le Bahreïn et les Émirats arabes unis ont, pour leur part,  exprimé leur soutien au Royaume wahhabite.

L’exécution en Arabie saoudite du religieux chiite et de 47 autres personnes a donc provoqué une vague d’indignation dans le Moyen-Orient et Robert Fisk, correspondant de The Independent et spécialiste de la région, estime que ces actions de Ryad sont comparables aux atrocités de l’État islamique. « La seule chose qui manque, c’est la vidéo des décapitations. Les 158 décapitations de la monarchie arabe de l’an dernier sont en parfaite harmonie avec les enseignements wahabites de l’Etat islamique ». « Le Cheikh al-Nimr aurait reçu le même traitement de la part de l’État islamique que celui qu’il a eu de la part des Saoudiens, mais sans la nécessité d’un burlesque pseudo-jugement légal», écrit-il.

En 2015, le Royaume d’Arabie Saoudite a effectué au moins 158 exécutions. Dans ce pays, les juges ont toute latitude pour prendre leurs décisions.

 

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