Marseille est-elle une enclave des Comores ? C’est la question que l’on pourrait se poser, à entendre que les Comoriens de Marseille « exigent » une place dans la vie politique locale et s’organisent en ce sens.

Le 12 janvier, le Dock des Suds accueillait une grande réunion politique organisée par les indignés de la cité phocéenne.  Ce meeting a réuni des centaines de Comoriens en présence d’élus de différents partis. Le mot d’ordre : réclamer une représentation des minorités visibles sur les listes électorales. Les Comoriens sont environ 70.000 à Marseille et entendent se mobiliser.

Parmi les meneurs de ce collectif des indignés de la cité phocéenne, on trouve Nassurdine Haidari, déjà adjoint au maire. En veston cravate et flanqué de son écharpe tricolore, il tranche au milieu des costumes traditionnels africains. Il clame que la communauté comorienne représente 10% de la population marseillaise et qu’elle mérite son conseiller régional, son conseiller général et plusieurs conseillers municipaux. Aujourd’hui, la communauté comorienne compte tout de même déjà deux adjoints au maire et une conseillère municipale mais c’est insuffisant à leurs yeux !

Alors, pour forcer les portes des partis, ce collectif souhaite que les Comoriens soient rejoints par d’autres communautés immigrées dans cette démarche qui a le mérite de la clarté : « vouloir placer des hommes et des femmes à l’intérieur des partis politiques ».

Nassurdine Haidari veut allier les communautés maghrébines et comoriennes dans une démarche qui témoigne une fois de plus du développement des communautarismes. Nassurdine Haidari ose une remarque : «Quand les communautés arménienne ou juive négocient avec les partis de manière secrète, nous assumons le fait que nous négocions de manière claire et transparente au vu et au su des Marseillais ». 

Mais les mauvaises langues auront beau jeu de souligner que si Nassurdine Haidari s’agite de la sorte, c’est peut-être avant tout parce que le PS n’a pas l’intention de le reprendre sur sa liste. Du coup, être à la tête d’un collectif communautariste pourrait l’aider à retrouver une oreille plus attentive chez les camarades socialistes. C’est déjà la tactique qui lui avait permis d’être candidat en ordre utile aux précédentes élections municipales. En effet, en 2007, il avait déjà organisé un meeting du même tonneau. A l’époque, c’était au nom du CRAN (conseil représentatif des associations noires) dont il était le vice-président qu’il avait organisé cette réunion publique. A l’issue de la soirée et à la demande de Fayçal Douhane qui était alors délégué national du PS, Menucci s’était engagé à ce que Nassurdine Haidari soit sur les listes en ordre éligible.

Mais une fois élu, le bonhomme a été plus remuant que prévu. En janvier 2011, Mediapart lui avait offert une tribune qu’il intitulera « Et bien le musulman… il t’emmerde ! ». Car notre représentant autoproclamé des Comoriens de la cité phocéenne est aussi un religieux affirmé.

« Très tôt, la religion prend une place capitale dans sa vie : il est imam dès l’âge de 11 ans, et jusqu’à ses 26 ans. Il apprend l’arabe seul, en autodidacte, et est responsable du prêche du vendredi », écrivait à son propos le journal Salam News de juillet-août 2009.

Si Nassurdine Haidari échouait dans sa tentative de se faire reprendre sur les listes du PS, il pourrait être tenté de lancer une liste communautaire mais aurait peu de chance de retrouver un poste d’adjoint au maire…

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