Après avoir célébré, dans l’après-midi du Vendredi Saint 14 avril, dans la Basilique Saint-Pierre au Vatican, l’Office de la Passion, le pape François s’est rendu au Colisée pour présider, de l’esplanade du Palatin qui fait face à l’amphithéâtre, le traditionnel Chemin de Croix. Il a suivi en prière les méditations des 14 stations écrites par la bibliste française Anne-Marie Pelletier qui, explique Radio Vatican « a souhaité, dans ses textes, mettre en évidence la présence féminine, le drame de la guerre, des migrants, des familles lacérées et des enfants abusés. »
Au terme de cette Via Crucis, le pape François a pris la parole pour conclure avec une dernière méditation dans laquelle il a tenu à commettre une repentance collective pour le sang versé par les migrants ! Il a exprimé une « honte » collective pour toutes les images de destruction et de naufrages «qui sont devenues ordinaires dans nos vies » et pour les personnes persécutées pour leur couleur de peau ou pour leur foi.
Le pape François a centré sa prière sur cette vergogne communautaire :
« O Christ, notre unique Sauveur, nous revenons vers toi les yeux remplis de honte et le cœur plein d’espérance». « De honte, a-t-il continué, à cause de toutes ces images de dévastations, de destructions et de naufrages qui sont devenues ordinaires dans nos vies, de honte à cause du sang innocent versé chaque jour par des femmes, des enfants, des migrants et des personnes persécutées pour la couleur de leur peau, pour leur appartenance ethnique, sociale et pour leur foi, honte pour toutes les fois où, comme Judas et Pierre, nous t’avons vendu et trahi, laissé mourir seul pour nos péchés, fuyant lâchement nos responsabilités, honte pour notre silence face à l’injustice, pour nos mains égoïstes dans le don et avides à arracher et conquérir, pour notre voix forte pour défendre nos intérêts et timide pour parler de ceux des autres. » Honte aussi pour «les évêques, les prêtres, les consacrés, qui ont scandalisé et blessé l’Église».
«L’espoir, poursuit François dans sa prière, que nos trahisons ne nous éviteront pas ta Miséricorde, l’espoir que la croix transforme nos cœurs endurcis en cœurs de chair capable de rêver, de pardonner et d’aimer. L’espoir que ton Église essaiera d’être la voix qui crie dans le désert de l’humanité. L’espoir que le bien vaincra malgré sa défaite apparente».
« A la fois honteux et remplis d’espérance, nous te demandons de nous laver dans le sang et dans l’eau qui coulent de ton corps transpercé, continue le Saint Père, de pardonner nos péchés, et nos fautes. Nous te demandons de te souvenir de nos frères fauchés par la violence, par l’indifférence et par la guerre. Nous te demandons de rompre les chaînes qui nous enferment dans notre égoïsme, notre cécité volontaire, et la vanité de nos calculs mondains. Nous te demandons de ne jamais avoir honte de ta croix, de ne jamais l’instrumentaliser, mais de l’honorer et de l’adorer parce qu’avec elle tu nous a montré la monstruosité de nos péchés, l’injustice de nos jugements et la puissance de ta miséricorde».
Le pape projette ainsi son obsession migratoire jusque dans le Chemin de Croix du Vendredi Saint. Dans cette Église conciliaire qui met l’homme et non plus Dieu au centre de la foi, cet appel à tout un chacun à se reconnaître comme ayant une responsabilité personnelle dans le drame des migrants et des naufrages fait de cette Via Crucis un parcours initiatique pour devenir un bon fidèle de la religion humanitariste mondiale. Les dernières paroles du pape argentin évoquent certes, et de façon émouvante, le Christ et sa Croix, rémission des péchés des hommes, mais déforment la notion du péché considéré presque exclusivement sous l’angle sociétal. Le migrant prend la place du Christ dans l’imaginaire collectif. Sont péchés nos réticences à ouvrir nos frontières nationales à l’invasion, nos défiances envers l’étranger sacro-saint paré de toutes les vertus, nos méfiances envers les clandestins.
L’offense grave faite à Dieu créateur que constitue tout péché est étouffée par cet anthropocentrisme omniprésent et ce pseudo-humanitarisme chrétien.
Francesca de Villasmundo
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