Ah! la diplomatie et ses petits secrets! Comment François Hollande va-t-il s’y prendre pour livrer les navires à la Russie, sans mécontenter trop visiblement l’Oncle Sam? Et si la Mistral n’était qu’en mouillage à Saint-Nazaire, mais déjà transféré à la Russie sur le papier ?
C’est ce que semblerait indiquer la capture d’écran de MarineTraffic effectuée hier matin à propos du Vladivostok subitement immatriculé en Russie et battant pavillon russe…
Énorme surprise! Bien qu’il n’y ait eu ce vendredi aucune cérémonie officielle à Saint-Nazaire où la délégation russe ne s’est pas rendue…
Depuis 14 h, hier 14 novembre, le BPC Vladivostok est sous pavillon russe et a troqué son MMSI français pour un numéro russe. Un état de fait que DCNS a démenti, affirmant de façon peu convaincante qu’il ne s’agissait que d’un « test« . DCNS est l’entreprise française qui a passé le contrat de vente des deux porte-hélicoptères avec la Russie .
Le MMSI est un numéro international régulé par l’autorité des communications basée à Genève et qui sert à déterminer l’appel sélectif des navires. Celui du BPC Vladivostok est en effet passé de 227022600 – enregistré sous pavillon français-, à 273549920, enregistré sous pavillon russe depuis cet après-midi. L’ancien était encore valable hier 13 novembre et semble l’être à nouveau aujourd’hui 15 novembre depuis 11 h heures, heure de Paris (Source)… Le mystère s’épaissit ! François Hollande serait-il revenu de Brisbane ?
En effet:
DCNS, promis juré!, assure que le BPC Vladivostok n’est pas passé sous pavillon russe, que ce qui apparaît sur le site MarineTraffic (voir la capture d’écran ci-dessus) est un test et que d’ici une heure (donc avant 17h) le navire aura perdu sa nationalité russe. « Le Bureau Véritas a demandé à ce qu’un test soit fait avec le numéro d’immatriculation russe du navire, afin de pouvoir délivrer un certificat de navigabilité », explique DCNS.
Coïncidence: ce test a eu lieu le 14 novembre, jour annoncé de transfert du BPC construit à Saint-Nazaire au client russe et jour où Ria Novosti fait état d’un « ultimatum » russe de deux semaines à la France. Source
Peut-être que si Vladimir Poutine et François Hollande ne se sont rien dit c’est parce qu’ils n’avaient rien à se dire, que tout avait déjà été dit et conclu sur la livraison du Vladivostok…
Entre les deux hommes, une ombre, un fantôme. Celui du navire de guerre Mistral dont la livraison à Moscou reste en suspens, conditionnée par Paris à une amélioration de la situation ukrainienne. Dans le cadre glacé d’un grand hôtel de Brisbane ultra sécurisé, François Hollande et Vladimir Poutine, qui se sont rencontrés samedi en marge du G20, ont soigneusement évité le sujet qui fâche. «Les deux parties considéraient que ce n’était pas le sujet du jour», avance un diplomate français.
Circulez, il n’y a rien à voir, donc. Ces dernières heures, l’entourage de François Hollande s’est ainsi employé à déminer les menaces à peine voilées lancées par Moscou à la veille du G20. Jeudi, une source russe anonyme – qualifiée de «haut placée» – avait indiqué à l’agence Ria Novosti que la France avait jusqu’à fin novembre pour livrer le premier des deux navires militaires commandés par la Russie. À défaut, Paris s’exposerait à de sérieuses demandes de compensation. Source
Néanmoins l’entrevue d’aujourd’hui samedi à Brisbane entre François Hollande et Valdimir Poutine s’est passée de façon fort amicale si on en croit Dmitri Peskov, le porte-parole de Poutine. Peut-être que l’immatriculation russe momentanée n’était qu’une ruse de François, pour éviter le sujet avec Vladimir? François Hollande, dont Valérie Trierweiler affirme à longueur de pages de son livre, que son défaut majeur est le mensonge et la dissimulation ?
M.Poutine a eu un long entretien avec le président français. Le dossier ukrainien a été au centre de la rencontre. Les interlocuteurs ont souligné que la situation dans le sud-est de l’Ukraine et le maintien des sanctions contre la Russie portent préjudice à toutes les parties », a indiqué M.Peskov devant les journalistes.
Les deux présidents ont noté l’importance des relations russo-françaises et estimé que la crise dans le sud-est de l’Ukraine ne devait pas assombrir les rapports entre Moscou et Paris.
La rencontre entre MM.Poutine et Hollande a duré près de deux heures. M.Hollande a tutoyé M.Poutine, l’appelant « cher Vladimir » devant les journalistes.
Ensuite les deux chefs d’Etat se sont rendus, à bord d’un même véhicule, à une réception offerte par le premier ministre australien dans la Galerie d’art moderne de Brisbane en l’honneur des chefs d’Etat du G20. Source
Ne va-t-on pas nous refaire le coup des célèbres « Vedette de Cherbourg » avec ce navire? qui, frappées par un embargo décrété par le général de Gaulle, n’auraient jamais du parvenir à Israël qui les avait commandées. Un mystérieux vol s’était opéré dans la nuit à la barbe de tout le monde (?) et les vedettes étaient parvenues en Israël sans encombre. C’était en 1969.
Quoiqu’il en soit, cette histoire de porte-hélicoptères est en train de tourner au Vaudeville. Après l’invitation officielle pour le transfert des navires envoyée à Moscou, rétractée par voie de presse, mais jamais rétractée auprès du ministère de défense russe. Après le lampiste démis de ses fonctions pour avoir lancé l’invitation, Maintenant c’est le pavillon du navire qui change de nationalité chaque jour… Vivement le prochain épisode! Parce qu’en définitive comment ce navire pourrait-il ne pas arriver à bon port ? Le tout est de savoir comment …
Emilie Defresne
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