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La Tour de Pise

Qui ne connait la Tour de Pise, en Toscane, célèbre pour son inclinaison de près de 4° vers le sud ? A l’œil du spectateur, ces quelques degrés sont importants et suscitent de l’étonnement mêlé à de l’inquiétude. L’édifice, érigé sur un sous sol marneux et peu stable, menace de tomber et tombera un jour (inquiétude). Mais pour l’instant – et cet instant dure depuis des siècles -, il tient, et cela relève du miracle (étonnement). Deux sentiments qui alimentent, d’un côté, le sourire du visiteur qui n’en croit pas ses yeux et, de l’autre, l’éclat de rire du sot qui mime le monument le temps d’un cliché. Car le malheureux ne tient pas longtemps dans la position du modèle.

Et pourtant, nous sommes tous des sots car le modèle nous en dit beaucoup sur nous-mêmes. La tour de marbre qui penche ainsi de tout son corps vers le sol au risque de la chute, c’est le commun des mortels qui risque la chute dans ses penchants quotidiens. Qu’ils soient de droite ou de gauche et d’un point cardinal à l’autre ; qu’ils soient du désir ou de l’inadvertance, de l’avant vers l’arrière ou de l’arrière vers l’avant, nos penchants naturels sont la cause de nos vicissitudes. A chacun donc de se redresser selon ses moyens afin de retrouver la droiture de son corps, la noblesse de ses gestes, la rectitude de sa pensée.

Mais il y a plus sot encore que le spectateur du modèle qui ne comprend pas le modèle lui-même : c’est celui qui fait de la tour son propre modèle, le reproduit à l’infini, et invite l’autre à faire de cette image son propre modèle. La pente est sûre, l’inclinaison plus forte et la chute, toujours plus proche, emporte plus de monde avec elle.

Depuis la perte du rayonnement colonial de l’Occident sur le reste du monde qui fut provoqué par les communistes, maître de la chute de l’esprit, et financée par les américains, maîtres des penchants délétères, songeons à nos responsables politiques qui ne cessent de promouvoir leurs penchants naturels vers le désordre des mœurs ou le désordre social : en 1967, De Gaulle et Pompidou laissent le parlement voter la loi sur la contraception sous la pression idéologique de la gauche. En 1975, Giscard d’Estaing facilite le divorce en instituant le divorce par consentement mutuel et en faisant, par surcroit, de la rupture de la vie commune (6 ans à l’époque) une cause de dissolution du lien conjugal supplémentaire à la précédente. En 2004, sous Chirac et Raffarin, ce délai est ramené à deux ans. Giscard et Chirac, encore eux, font voter la loi Veil sur l’avortement en 1975 qui ouvre ainsi la voie au crime in utero. Les mêmes institutionnalisent le regroupement familial en 1976, et le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative française, l’érige en principe général du droit en 1978. Sous la présidence Sarkozy, il n’y eut point de lois portant dégradation des mœurs, mais le comportement de cet homme en accélère l’impertinence. Et de fait, Le Président Hollande reprend le flambeau de la désolation par son comportement de jouvenceau immature et légalise, en 2014, le mariage des personnes de même sexe.

La tour penche. Le dirigeant penche comme elle et entraine tout le monde dans ses penchants. Or il est difficile de penser penché. Il n’est que l’Auvergnat pour « pencher » comme il pense. Et pourtant, les successeurs de Giscard furent à l’imitation du modèle, et les successeurs de leurs successeurs ne font pas moins qu’accentuer le degré d’inclinaison. L’on peut parler alors d’inclination, et d’inclination au mal.

Notons aussi que la Tour de Pise penche vers le sud. Nos dirigeants actuels penchent tous vers le sud, y compris le Saint Père, pour accueillir ce que le sud a de plus prometteur : le désordre, la violence, la corruption et la misère. Le continent africain est riche de mille ressources mais le penchant ancestral de l’africain pour l’animisme et le tribalisme anéantit la manne. De nos jours, le penchant africain pour l’islam aggrave le problème au lieu de le résoudre.

La colonisation occidentale de l’Afrique et de l’Asie fit de l’élan éducatif et économique apporté aux populations locales une occasion gigantesque de mission pour l’Eglise catholique. Ame des pauvres, elle nourrissait les esprits, convertissait les cœurs et redressait les corps. L’Eglise a cette vocation de remettre droit ce qui ne l’est plus, de bâtir des clochers pointés vers le ciel et de montrer que la croix du Christ est le lien inaltérable entre le Ciel et la Terre. Un lien droit, turgescent qui appelle à l’inclinaison de la tête en signe d’adoration mais non de chute. Or avec la décolonisation et l’idéologie qu’elle véhicula, les hommes d’Eglise ont cessé les missions ou les ont réduites à si peu de choses. « A quoi bon redresser les hommes, puisque tous ensemble nous nous inclinons, comme la tour, dans un immense éclat de rire ! ».

Seuls quelques docteurs ont encore l’esprit de mission. Ils ne sont pas dans les rangs de Médecins sans Frontières, ils ne sont plus à Rome. Ils sont ceux qui gardent le seul catholicisme dans leur cœur comme l’axe vertical de la vie terrestre à la vie céleste.

Gilles Colroy

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