Le Rwanda, ancienne colonie allemande devenue belge suite au Traité de Versailles et pays de prédilection du professeur Bernard Lugan, est plus connu pour le travail manuel que pour le sport bien qu’ayant repris le slogan de la firme d’article de sports Nike : « Just do it » (simplement, fait-le !) dans un concept ludique (selon les normes bantoues) : fabrique un puzzle avec ton voisin Tutsi.
Bien entendu, nulle médaille olympique ne vient orner le palmarès rwandais, la meilleure performance étant la 8e place en finale du 10.000 mètres des JO d’Atlanta en 1996 obtenue par Mathias Ntawulikura, premier noir d’Afrique a participer à 5 olympiades (1988, 1992, 1996, 2000 et 2004) et ce dans trois épreuves différentes (5.000 mètres en 1988, 10.000 mètres en 1992 et 1996, marathon en 2000 et 2004).
Au Rwanda, comme dans plus de 75 % des pays du monde, le sport le plus populaire est le football. Un grand scandale vient d’éclater fin décembre, impliquant le Rayon Sport FC, le club de la ville de Nyanza, siège de pouvoir royal d’autrefois, capitale du pays de 1958 à 1962 et lieu d’affreux massacres lors des divers génocides ponctuant l’histoire du pays et dont les conciliaires belges marxisants n’ont pas la moindre des responsabilités. Corruption ? Dopage ? Vidéo impudique ? Que nenni, nous sommes dans l’Afrique profonde. Donc, le scandale a trait à la sorcellerie.
Rappelons les faits. Le FC Rayon est un club important sur l’échiquier rwandais : 7 titres de champion (1975, 1981, 1997, 1998, 2002, 2004 et 2013), 9 coupes du Rwanda (1976, 1979, 1982, 1989, 1993, 1995, 1998, 2005 et 2016), 1 coupe CECAFA (Afrique des Grands Lacs) en 1998 et le trophée des 100 ans de Kigali en 2007. Sa meilleure prestation sur la scène continentale fut un quart de finale de la Coupe de la CAF (l’équivalent africain de la feue la Coupe UEFA, disparue en 2004 après fusions avec la Coupe africaine des Vainqueurs de Coupe pour donner la Coupe africaine des confédérations, exactement comme la Coupe des Vainqueurs de Coupe et la Coupe UEFA ont fusionnées en Europe pour donner la Ligue Europa) en 2002, où après avoir éliminé aux penalties les Angolais de l’Atletico Sport Aviacão de Luanda 1-0/0-1 puis les Guinéens du Satellite FC de Conakry 2-3/4-2, ils tombèrent contre les redoutables marocains du Faith Union Sport Rabat 0/2/1-2.
Le 16 décembre, le FC Rayon affrontait le Mukura Victory Sports au stade Huye de Butare pour le compte de la 9e journée de l’Azam Rwanda Premier League. En tête du championnat et restant sur 4 victoires de rang, Rayon affrontait un adversaire englué dans les profondeurs du classement. Pourtant, les locaux ouvrirent le score sur pénalty. C’est alors que Moussa Camara, avant-centre de 22 ans et de nationalité malienne du FC Rayon, se livra à un « juju », un rituel de sorcellerie, sur le poteau des buts de Mukura. Quelques instants plus tard, il marquait le but égalisateur de son équipe, le score en restant là. Le score oui, mais non les réactions. Après avoir frôlé le lynchage par les joueurs jaune-et-noir, Camara reçut un carton jaune de l’arbitre. L’affaire n’allait pas en rester là. La Fédération fut saisie…
Le 24 décembre, le vice-président de la FERWAFA (la Fédération rwandaise de football), Vedaste Kayiranga, annonçait dans les colonnes du New Times, le grand quotidien en langue anglaise de Kigali, des mesures accrues contre la pratique de la sorcellerie dans le football. Désormais, chaque pratique ésotérique serait passible des peines suivantes : 3 points de pénalités et 500.000 francs rwandais (580 €) d’amende pour l’équipe, 4 matchs de suspensions et 200.000 RwF (332 €) d’amende pour un entraîneur et 3 matchs de suspension et 100.000 RwF (116 €) d’amende pour un joueur. Et le vice-président d’ajouter : « Bien qu’il n’y ait aucune preuve scientifique de l’utilisation de la sorcellerie, ces mesures seront fondées sur les comptes-rendus des matchs officiels et tout ce qui aura été réputé comme incitant à la sorcellerie sera pris en considération ».
Monsieur le vice-président à la mémoire courte… Se souvient-il des qualifications de l’édition 2004 de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations, l’équivalent de notre Euro) se déroulant en Tunisie, notamment d’un certain match du 6 juillet 2003 quant à la surprise générale, le Rwanda battit le Ghana 1 à 0 suite à un but de Jimmy Gatete, s’assurant la 1re place du groupe 13 et la qualification, alors que les Amavubis (les Guèpes, surnom de l’équipe nationale) avait été surclassé 4-2 par les Black stars au match aller. Sur le terrain, les joueurs ghanéens étaient de vrais zombies, sans réaction, des accusations formelles de sorcellerie ayant été avancées notamment par leur sélectionneur goan (de Goa, ancien comptoir portugais aux Indes) Mariano Barreto, qui avait dit que ce qu’il avait vu à Kigali dépassait en puissance le macumba brésilien.
Les pratiques de sorcelleries sont fréquentes dans le football africain, avec de la contagion en Europe. On se souvient comment en 2002 le Sénégal s’était vanté d’avoir utilisé la sorcellerie pour battre l’équipe de France, championne du monde en titre, sur le score de 1 à 0, alors que les Bleus alignaient 6 joueurs noirs ou mulâtres. On se souvient aussi que Robert Nouzaret avait ramené certaines superstitions d’Afrique quand il est revenu entraîner en Europe, entre autre quand il ordonna à la mairie de Saint-Etienne de faire réparer une croix lumineuse sur les hauteurs de la ville, le club n’ayant plus gagné à domicile depuis qu’elle était tombée en panne (Dieu écoute rarement les demandes intéressées). Mais il n’y a pas que le football et que l’Afrique où la sorcellerie est puissante. Haïti, terre du démon par excellence, en sait quelque chose…
Hristo XIEP
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