Expériences de mort imminente : un dernier sursaut cérébral ? Pas si sûr, ni si simple…
L' »Expérience de mort imminente » ou EMI (en anglais, imminent death experience ou IDE ou encore NDE, near death experience) est une expression désignant un ensemble de « visions » et de « sensations » exceptionnelles vécues par des individus confrontés à leur propre mort (mort clinique, coma avancé ou simple perception de leur mort imminente, que le danger soit réel ou simplement perçu comme tel).
Ces expériences correspondent à une caractérisation relativement récurrente et spécifique contenant notamment : la décorporation, la perception visuelle dans toutes les directions simultanément, la « sensation » d’avoir la capacité de « traverser » les obstacles physiques (les murs, la matière…), la vision complète de sa propre existence (revue de vie), la vision d’un tunnel, la rencontre avec des entités spirituelles ou des personnes proches décédées, la vision d’une lumière, un sentiment d’amour infini, de paix et de tranquillité, l’impression de posséder une connaissance omnisciente, l’impression qu’il n’y a plus d’écoulement du temps, l’impression d’une expérience ineffable et d’union avec des principes divins ou supranormaux.
Les études sur le sujet restent rares — il n’y a pour l’instant que 20 ans de réelle recherche. On estime que de 5 à 10% des personnes ayant fait un arrêt cardiaque et survécus peuvent relater des EMI. Et pour des questions évidemment techniques, les expériences sont difficiles à mener en laboratoire…
La lecture des témoignages des patients ayant vécu une expérience de mort imminente est souvent concordante.
Des scientifiques du Michigan (Etats-Unis) proposent une explication de ce phénomène repris par la FSSPX dans un un intéressant article publié sur fsspx.news :
C’est au milieu des années 1970 que la notion d’expérience de mort imminente (EMI) fait irruption dans le grand public, avec le succès d’édition de l’ouvrage de Raymond Moody, La vie après la vie. L’auteur y rassemble nombre de récits troublants, au fil de ses rencontres avec des personnes sorties de leur coma après avoir été considérées comme cliniquement mortes.
Des descriptions souvent confondantes au point qu’elles pourraient faire penser à une sorte de mimétisme. Au début des années 2000, seize critères ont été retenus afin d’établir une EMI, parmi eux : une lumière irradiante, le passage dans un tunnel, le sentiment de quitter son corps, l’abolition du temps, l’approche vers un point de non-retour, une plénitude attirante…
Les patients ayant vécu cela auraient-ils vraiment expérimenté la mort ? La réalité est peut-être plus simple et moins épique.
En mai 2023, des chercheurs de l’Université du Michigan (Etats-Unis) ont analysé les électroencéphalogrammes de quatre patients en fin de vie, avant et après le retrait du système de respiration artificielle. Le constat est à chaque fois identique : à la suite de la privation, des ondes rapides de type gamma sont enregistrées, témoignant d’un sursaut inédit d’activité cérébrale précédant la mort.
De façon plus précise, les scientifiques ont observé, peu avant le dernier souffle, une accélération du rythme cardiaque et un pic d’ondes gamma émises depuis une zone postérieure du cerveau, celle qu’on associe à la conscience, aux rêves, à la méditation ou à la récupération de la mémoire.
« Si cette partie du cerveau est stimulée, cela signifie que le patient voit quelque chose, peut entendre quelque chose et potentiellement ressentir des sensations extérieures à son corps », a expliqué Jimo Borjigin, l’auteur principal de l’étude, ajoutant que cette partie semblait comme « en feu ».
« C’est comme un orage d’activité électrique juste avant l’encéphalogramme plat », explique pour sa part Steven Laureys. Pour ce chercheur qui dirige le Centre du cerveau de l’Université de Liège, ce sursaut cérébral est « d’une intensité insoupçonnée, mais cela semble se confirmer.
« Cela avait déjà été observé chez des rats par la même équipe et une équipe chinoise avait également rapporté un cas chez l’homme l’année dernière. Nous menons nous aussi notre propre étude sur cette transition du cerveau mourant et nous avions vu ce type d’activité rapide sans trop oser en parler. »
Ce que la science cherche encore à déterminer, ce sont les mécanismes neurophysiologiques qui déclenchent cette activité cérébrale intense : serait-ce l’ultime tentative de « réinitialiser » la mécanique humaine qui arrive au terme de son existence terrestre ? Ou bien ce regain d’ondes gamma serait-il causé par le relâchement terminal du cerveau qui signalerait la désinhibition brutale de toutes ses connexions ?
On peut en tout cas avancer l’hypothèse concernant les patients qui sont « revenus » d’une EMI : ce ne serait pas tant une expérience au sens strict de la mort qu’ils auraient vécu, mais plutôt une expérience de l’imminence et de la proximité de cette mort qui les a – pour cette fois – épargnés. Quoi qu’il en soit, ces réflexions sont aussi l’occasion, durant ce mois de novembre de prier pour les âmes de nos défunts.
A l’évidence, face à ce mystère captivant, pensons tous à prier en vue de ce jour vers lequel nous allons tous irrémédiablement.
Et rappelons-nous de « ne pas mettre notre confiance en nous-mêmes, mais de la mettre en Dieu, qui ressuscite les morts. C’est lui qui nous a délivrés de cette mort si imminente, qui nous en délivre, et qui, nous l’espérons, nous délivrera dans la suite, surtout si vous-mêmes vous nous assistez aussi de vos prières, afin que ce bienfait, nous étant accordé en considération de beaucoup de personnes, soit aussi pour un grand nombre l’occasion de rendre grâces à notre sujet » [Saint Paul, Seconde Epitre aux Corinthiens, I,10-11].
Fabien Laurent
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