C’est le 7 janvier, soit le 25 décembre dans le calendrier julien, que l’Eglise orthodoxe russe fête Noël. Cette année, la célébration de la Nativité de Jésus-Christ est marquée à Moscou d’un cachet particulier. En effet, dans la cathédrale du Christ-Sauveur sont exposés à la vénération des fidèles jusqu’au 13 janvier les présents déposés à la crèche de Bethléem par les trois rois-mages venus y adorer le Rédempteur.
Il y a deux milliers d’années, les plaquettes d’or, l’encens et la myrrhe offerts à l’enfant-Dieu par les rois-mages ont été soigneusement conservées par la sainte Vierge qui, à la fin de sa vie terrestre, les a remis avec son voile et sa ceinture à la communauté chrétienne de Jérusalem. Au IVème siècle, ils ont été acheminés à Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient. Par la suite, face au péril islamo-ottoman, les précieuses reliques ont été transférées au monastère Saint-Paul, sur le mont Athos, d’où elles sont sorties pour la première fois il y a quelques jours pour être exposées à la contemplation des chrétiens à Moscou, puis Saint-Pétersbourg, Minsk et Kiev.
C’est dans une cathédrale du Christ-Sauveur remplie de 5000 personnes que le patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyril a célébré la messe de minuit en présence des fameuses reliques. Dans l’ensemble, plus de 230 000 orthodoxes auraient assisté à la liturgie de Noël dans 365 monastères, couvents, cathédrales et églises de la capitale. Si l’on en croit les enquêtes sociologiques, après l’effroyable XXème siècle et ses 70 ans de totalitarisme athée, la Russie connaît actuellement une remarquable rechristianisation. Ainsi, en 2002, 50 % des Russes se déclaraient orthodoxes ; ils étaient 68 % en 2013. Dans la même période de temps, les personnes se définissant comme athées sont passées de 32 à 19 % de la population.
Comme à leur habitude, le premier ministre Dmitri Medvedev et son épouse Svetlana, réputée très religieuse, ont assisté à la messe de minuit en la cathédrale moscovite du Christ-Sauveur. Les festivités de Noël furent l’occasion pour le chef du gouvernement de saluer chaleureusement le primat de Russie. « La fête de Noël nous montre la lumière de la foi, la chaleur de l’amour et la joie de l’espérance. Cela consolide les fondations morales de notre société et aide les gens à apprendre les valeurs chrétiennes de bonté, de miséricorde, et de respect mutuel. A ce sujet, on doit beaucoup à l’Eglise orthodoxe russe, ainsi qu’à vos efforts, votre sainteté. Votre mission désintéressée, vos appels inlassables à suivre les préceptes chrétiens et votre contribution personnelle énorme à la résurrection spirituelle du pays méritent un profond respect. […] Je vous suis sincèrement reconnaissant pour votre attention et votre patronage spirituel. Mon épouse se joint à mes salutations. » a déclaré Dmitri Medvedev dans son message au patriarche Cyril.
Quant à Vladimir Poutine, c’est en la cathédrale de Sotchi qu’il a assisté à la divine liturgie de la Nativité. Le président s’est, lui aussi, adressé au patriarche de Moscou et de toute la Russie. « L’Eglise orthodoxe russe et les représentants d’autres confessions chrétiennes en Russie prennent une part active et créative dans la vie du pays et de la société, contribuent à donner une éducation digne à la jeune génération, aident les familles, les mères, les enfants, faisant inlassablement attention à préserver notre héritage culturel unique. Je suis convaincu que les efforts de l’Eglise dans les domaines de l’instruction et de l’éducation, de la miséricorde et de la charité, dans d’autres sphères non moins importantes continueront à trouver compréhension et appui de la part de l’Etat et de la société. » peut-on notamment lire dans le télégramme du chef de l’Etat.
Dans la journée du 7 janvier, le patriarche Cyril s’est aussi exprimé dans un entretien diffusé sur la chaîne de télévision Rossiya-1. Partageant son inquiétude quant au déclin spirituel et à la corruption des mœurs en Occident, Cyril a fermement condamné toute tentative d’ôter à Noël son véritable sens : « C’est une action politique, un acte prémédité pour évincer les valeurs et les fêtes chrétiennes de la vie des gens. C’est un désarmement spirituel des masses. Il s’agit d’une tendance extrêmement dangereuse. » Continuant sur sa lancée, l’évêque russe en a appelé à l’histoire récente de la Russie pour nous avertir des horreurs de l’athéisme : « Le droit des individus de professer ouvertement le christianisme est violé dans un Occident obsédé par la protection des droits de l’homme. Bien sûr, les valeurs chrétiennes demeurent dans la vie des gens. De nombreux ouest-Européens gardent tout cela dans leurs cœurs. Mais la tendance politique générale des élites est indubitablement antichrétienne et antireligieuse. Nous avons traversé une ère d’athéisme et nous voulons crier au monde entier pour qu’il entende : arrêtez, nous savons quel genre de vie c’est. » Fidèle à sa mission de pasteur, le primat de Russie n’a pas non plus manqué de fustiger comme il se doit le péché devenu norme : « Nous vivons une époque où, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un péché est légalisé, implanté de force par l’État… Lorsqu’un péché devient une norme de conduite, la société cesse d’être viable. »
En Russie souffle décidément un vent bien plus frais, plus sain, plus pur qu’en Occident sur lequel semble tomber un épais brouillard moral des plus putrides.
Baudouin Lefranc
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