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La Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (en anglais : Asia-Pacific Economic Cooperation ou APEC) a été créé en 1989 sous forme d’un forum économique intergouvernemental annuel, dans  le but de faciliter la croissance économique, la coopération, les échanges et l’investissement de la région Asie Pacifique.

Dans son interview à l’agence Tass, le 14 novembre dernier,  à son retour du sommet de l’APEC qui précédait son départ pour le sommet du G20, Vladimir Poutine a été très clair:

« Nous sommes pour la suppression des déséquilibres, pour travailler ensemble, mais cette tâche est réalisable seulement par des efforts conjoints, Il est essentiel de présenter un front commun pour aborder toutes ces questions qui émergent sur le chemin. Si nous prenons un chemin différent … Les Etats-Unis envisagent la création de deux alliances: une trans-atlantique, et l’autre, trans-Pacifique. Si celles-ci doivent être deux groupes isolés l’un de l’autre, le résultat final ne sera pas l’élimination des déséquilibres de l’économie mondiale, mais leur exacerbation. Bien sûr, nous sommes pour la suppression de ces déséquilibres, pour travailler ensemble, mais cette tâche est réalisable seulement par des efforts conjoints. »

Et il ajoutait à propos des dispositions de la Russie face à la crise financière qui se profile:

Un pays comme le nôtre trouve la situation plus facile à gérer. Pourquoi? Parce que nous sommes producteurs de pétrole et de gaz et que nous gérons nos devises / réserves d’or avec parcimonie. Nos réserves sont assez grandes et elles nous permettent de nous sentir rassurés sur notre capacité à maintenir nos obligations sociales et à garder tous les processus budgétaires et l’ensemble de l’économie dans un certain cadre. Et que dire de ceux qui ne possèdent pas ces réserves? Une telle situation sera difficile pour eux. Mais je tiens à dire encore une fois que nous aurons une discussion commune, et que nous chercherons une décision commune sur le changement des choses pour mieux et éliminer les déséquilibres. »

« Et que dire de ceux qui ne possèdent pas ces réserves ?«  Le président russe devait tout particulièrement penser aux USA qui sont en train d’épuiser leurs dernières réserves d’or. A propos de réserves, la Russie est nettement plus sécurisée que les USA, puisqu’elle possède la seconde plus grande réserve d’or du monde après la Chine. 

La France n’est pas membre de l’Apec, bien qu’elle soit présente dans le Pacifique avec la Nouvelle-Calédonie, et ses îles de Polynésie. Mais depuis  les événements de Nouvelle-Calédonie en  1988, il ne fait aucun doute que les gouvernements socialistes successifs œuvrent pour séparer la Nouvelle-Calédonie de la France… Ceci expliquant peut-être cela.

Quoiqu’il en soit les forums de l’Apec n’attirent pas autant l’attention des Français que le G20 auquel la France est conviée. Pourtant l’APEC manifeste concrètement une volonté de sortir de la domination du dollar et du monde unipolaire imposé par les USA, suceptible de beaucoup plus nous atteindre que les sommets du G20, qui ne débouchent jamais sur aucun engagement concret.

Les pays membres de l’APEC sont:

Australie (1989), Brunei(1989),  Canada (1989), Corée du Sud (1989), États-Unis (1989),Indonésie (1989), Japon (1989), Malaisie (1989), Nouvelle-Zélande (1989), Philippines (1989), Singapour (1989), Thaïlande (1989), Chine , 1991), Hong Kong (1991),  Taipei chinois (1991), Mexique (1993), Papouasie-Nouvelle-Guinée (1993), Chili (1994), Pérou (1998), Russie (1998), Viêt Nam (1998).

Emilie Defresne

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« La Russie et la Chine doivent résister aux pressions de Washington et rester unies dans l’intérêt du monde entier. » Le leader chinois Xi Jinping ne pouvait pas être plus clair lorsqu’il s’est adressé au président russe Vladimir Poutine. Pour sa part, le dirigeant russe, dans son intervention au sommet de l’APEC qui s’est tenu à Pékin ces jours derniers, a déclaré que « l’alliance du futur » réside dans le partenariat Yuan-rouble. C’est-à-dire dans l’abandon par deux des principales puissances économiques mondiales du dollar pour les échanges dans le domaine de l’énergie (puisque Moscou et Pékin ont signé une alliance aux proportions gigantesque dans ce domaine), mais également dans le secteur du marché de l’armement.Alors que la plupart des médias occidentaux s’attardent sur les polémiques suscitées par la galanterie excessive de Poutine vis-à-vis de la femme du président chinois, ou sur la querelle entre Pékin et Washington à propos des droits de l’homme, la réalité est que le sommet de l’APEC ces 10 et 11 novembre ont marqué un changement majeur dans les équilibres internationaux.Car s’il est vrai que lors du forum de l’APEC – formé de 21 pays répartis de chaque côté de l’Océan Pacifique, créé au moment de la chute du bloc soviétique, et dont le montant des échanges représente 48% du commerce mondial -, chaque pays, petit ou grand, a essayé de favoriser ses propres intérêts en signant ici ou là des accords ou des contrats à géométries variables, il est également vrai que l’édition 2014 a vu l’émergence définitive dans cette zone de la puissance économique et politique de la Chine, le renforcement de l’axe Pékin-Moscou, et a marqué un coup d’arrêt brutal pour les États-Unis.

La principale raison est que l’APEC a choisi de suivre la Chine sur le chemin, encore timide et expérimental, d’un traité commercial centré sur l’Asie, qui offre une alternative et se pose en concurrent direct du traité TPP proposé par Washington à certains pays de la zone et qui excluait précisément la Russie et la Chine.

Signe que l’hégémonie des États-Unis en Asie est en train de subir un coup d’arrêt majeur, et que la tentative de Washington de compenser cela sur le plan militaire, en étendant sa présence directe, de l’Australie aux Philippines en passant par la Corée du Sud, n’est plus suffisante pour contrecarrer le processus d’éloignement des pays de la région vis-à-vis des intérêts de la bannière étoilée. Pire, il est probable que la plus grande agressivité militaire et économique de Washington produit l’effet inverse pour certains pays qui, même s’ils souffrent de l’invasion économique chinoise, commencent à préférer Pékin à ce bon vieil Oncle Sam.

Certains observateurs attribuent ce revers aux erreurs d’Obama et de son équipe d’experts peu avisés, mais il semble clair que nous nous trouvons face à un changement qui fera date, avec l’émergence de nouvelles puissances capables de tenir tête à celle que l’on peut désormais qualifier de « superpuissance sur le déclin ». Certes, le fait que l’actuel ambassadeur américain à Pékin déclare ne pas être vraiment expert de la Chine en dit long sur la confusion qui règne là-bas.

Ce qui est sûr, c’est que la Chine, qui jouait sur son terrain, avait pour objectif de développer rapidement ses relations internationales et son hégémonie. Non seulement en signant un accord sur le gaz avec la Russie, mais en essayant également de détendre ses relations avec le Japon, même s’il faudra voir combien de temps cela durera vu les aspirations de ce dernier, et notamment des nationalistes au pouvoir à Tokyo, à accéder au rang de grande puissance. Mais cela constitue néanmoins un grand pas en avant par rapport à la position d’affrontement de ces dernières années, que ce soit sur le contentieux des Îles Senkaku/Diaoyu, ou par rapport au réarmement du Japon qui visait clairement l’adversaire chinois, en symbiose avec la stratégie belliqueuse des États-Unis dans la région.

Et cela ne s’arrête pas là pour la Chine qui a également conclu un important traité de libre-échange avec la Corée du Sud. Sans parler du fait que la plupart des accords signés entre Xi Jinping et Obama – dans le secteur commercial, militaire, antiterroriste, de la Santé, et des infrastructures – sont plus avantageux pour la Chine et pour sa projection au plan international que pour les États-Unis.

Il est indéniable que le sommet de Pékin s’est conclu en faveur de la Chine, laquelle a explicitement, et avec succès, proposé à ses partenaires un important accord et un agenda pour les prochaines années, afin de mettre en place un ordre régional basé sur la prédominance de Pékin, et sur une cohabitation au moins théorique avec les intérêts américains.

Devant un parterre de plusieurs centaines de chefs d’entreprise, le leader chinois a exalté le rôle de la Chine dans l’économie mondiale, faisant remarquer que les investissements chinois prévus pour les 10 prochaines années s’élèveront à 1250 milliards de dollars. Xi Jinping a ensuite expliqué sa théorie de la « nouvelle normalité » à propos de la croissance, basée sur une augmentation annuelle du PIB inférieure à celle de ces dernières 30 années (qui se montait à environ 10%), sur l’amélioration progressive de la structure économique interne, et sur la prééminence de l’innovation sur les investissements.

En outre, le leader chinois a annoncé que Pékin investira pas moins de 40 milliards de dollars dans le fonds visant à développer des infrastructures dédiées à la Silk Road Economic Belt, une réédition de la « Route de la Soie » basée sur un projet d’infrastructures multimodales qui reliera le géant asiatique à l’Europe à travers une route terrestre (qui se calque sur l’ancienne Route de la Soie), et une autre maritime.

Une stratégie qui vise clairement à réduire la dépendance de ces régions vis-à-vis de l’hégémonie américaine le long des voies de communication maritimes, et qui pourrait pousser Pékin à maintenir un rôle actif en matière de politique étrangère, en particulier en recherchant une plus grande stabilité en Asie centrale et au Moyen-Orient, entrant ainsi en collision frontale avec les plans américains de déstabilisation et les intérêts économiques de l’Union européenne.

À propos des résultats et du contenu de ce récent sommet APEC, nous vous proposons ci-dessous deux articles qui nous semblent éclairer l’essence d’une véritable refonte des équilibres et des rapports de force au niveau international à l’avantage évident de la Chine, en passant par-dessus les narrations occidentales bâties sur des questions qui, sur le plan des relations entre grandes puissances, nous semblent véritablement de peu d’importance.  Source: Le Saker français

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