Lors de son passage sur Paris Première, le 18 décembre 2019, Alain Finkielkraut n’a pas hésité à affirmer que « la Révolution française réalisait les espérances messianiques inscrites dans la Bible ».
Ces propos peuvent étonner certains. Il est juste d’affirmer que les juifs ont joué un rôle majeur dans la révolution bolchevique de 1917 en Russie. On comptait près de 80 % de révolutionnaires issus de cette communauté. En revanche, nous ne trouvons pas de juifs aux premières loges, si l’on peut dire, lors des événements de 1789. Ce sont de « bons » goyim issus, pour l’essentiel, de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie.
Cependant, ces « élites » patronnées par les philosophes (Voltaire, d’Alembert, …) se caractérisaient par un esprit imprégné d’éléments mêlant des principes maçonniques et noachites d’essence judaïsante, mâtinés pour certains de protestantisme. N’oublions pas non plus l’influence d’une sorte de super loge, « les Frères asiatiques », mélangeant judaïsme talmudique, christianisme abâtardi et espérance messianique née de l’influence du messianiste Jacob Frank (1726-1791), puis mis en œuvre par son petit cousin Junius Frey (1753-1794), de son vrai nom Moses Dobruska.
Ce sont ces esprits farcis de tels référents qui ont été les outils utiles pour casser la civilisation française née du baptême de Clovis sous les auspices de l’évêque saint Rémi. Lorsque le tiers état se déclara Assemblée constituante, le 17 juin 1789, au profit officiellement du peuple ‒ en fait au profit d’une élite oligarchique ‒ elle rompait un lien instauré par le baptême de Clovis.
Les rois de France, de Clovis à Louis XVI, ont été les lieutenants du Christ durant près de 1300 ans ; c’est-à-dire les bras droits d’un Messie vrai Dieu et vrai homme (l’union hypostatique) incarné en la personne de Jésus-Christ né à l’origine à Bethléem. La cérémonie du sacre à Reims avec l’onction de la sainte Ampoule marquait d’une manière indélébile le monarque dont la mission était de créer les conditions spirituelles et politiques pour permettre à ses sujets de gagner le Ciel. L’homme pouvait avoir des faiblesses à titre privé (l’histoire l’a prouvée) ; en revanche, la fonction royale marquée du sceau du sacre l’obligeait à préserver les lois naturelles rehaussées par les principes catholiques.
Pour la synagogue talmudique rejetant violemment ce Messie incarné, c’était une véritable abomination à faire disparaître. En reprenant le langage lourianique (rabbin Isaac Louria, 1534-1572), un roi de France lieutenant du Christ était une quelipa sous-entendu une souillure empêchant le retour du vrai Messie pour la gloire et le service seul d’Israël.
Quand, le 21 janvier 1793, la tête de Louis XVI a roulé dans le panier, un tel événement ne pouvait que complaire aux espérances messianiques talmudo-kabbalistiques. Une nouvelle métaphysique prenait la place d’une autre. La France royale, qui avait pris le relais de la royauté davidique en s’appuyant sur la reconnaissance d’un Dieu incarné, le Christ, passait à la trappe. Un tel événement ouvrait grand une porte : celle de la naturalisation des juifs.
Bénéficiant de l’appui de Cerf Beer (1726-1793), de Mirabeau, de Dohm, de l’avocat Godard ou encore du député Adrien Duport (la liste est longue), après quatorze tentatives, ce fut la quinzième qui permit d’octroyer la nationalité française aux juifs en septembre 1791.
Il nous est possible d’affirmer le caractère messianique de 1789. Les numéros d’Archives israélites, parues de 1840 à 1935, apportent un éclairage sans concession sur ces événements évoquant le rôle capital des philosophes et des « Lumières » marqués par l’influence de la synagogue.
Nous citons quelques extraits :
« Si Voltaire nous a été funeste, le voltairianisme nous a été éminemment utile » (Archives israélites du 1er juin 1878)
« Ce n’est pas seulement comme Israélites, c’est comme Français que nous devons bénir la Révolution » (Archives israélites du 23 mai 1889)
« Il [le rabbin de Lille lors de la célébration du centenaire de la Révolution] a évoqué le souvenir des illustres philosophes du XVIIIe siècle qui se sont faits les apôtres des grands principes libéraux auxquels la France sut donner leur réelle application dans l’immortelle Déclaration des droits de l’homme. (…) La cérémonie s’est terminée par une touchante prière pour la prospérité et la grandeur de la France et du régime républicain qu’elle a adopté » (Archives israélites du 23 mai 1889)
« Nous ajouterons que tout Israélite qui a du cœur et de la mémoire, à quelque nationalité qu’il appartienne, doit avoir pour seconde patrie, pour patrie idéale, la France de 1789 ! » (Archives israélites du 23 mai 1889)
« Lorsque l’ami de Mendelssohn, le célèbre Wesely, grand rabbin de Berlin, reçut la nouvelle de la prise de la Bastille, il se leva, se revêtit de son taleth, et se tournant vers l’orient, s’écria : ’’Béni sois-tu, mon Dieu, qui as chassé l’iniquité de la terre, brisé à jamais le règne de l’arbitraire et fais naître le droit et la vérité’’ » (Archives israélites du 23 mai 1889)
« La Révolution française, en un mot, a un caractère hébraïque très prononcé » (Archives israélites du 6 juin 1889)
« Qui mieux que le peuple juif était à même d’accepter la solution des grands problèmes sociaux apportés par le XVIIIe siècle, solution, d’ailleurs, qu’il avait aidé, par son passé, à faire pressentir et naître, et dont il prédit toute la réalisation dans l’ère messianique ? Les aspirations généreuses de l’âme, les progrès conduisant l’humanité à une fin élevée, nul ne les approuve plus que lui, ne les bénit plus que lui. En servant la cause du libéralisme, il sert naturellement l’œuvre moderne. ’’Tout Juif est un libéral’’, a dit un profond penseur » (Archives israélites du 21 novembre 1889)
« La France naît à la lumière (…). Mais cette lumière, qui s’accroît toujours, fait mal bientôt aux autres peuples, et ils recherchent avec terreur les ténèbres. L’horizon s’assombrit encore de côté-là ; l’homme recule de nouveau, le Moyen Âge se rouvre ; les vieux siècles, celui des Albigeois, celui de la Saint-Barthélémy, se redressent ; le martyre de la race martyre va recommencer ! (…). L’influence que cette Révolution, spirituellement sublime comme nous venons de le voir, et ne contredisant en rien nos doctrines a exercée sur le judaïsme, et particulièrement sur le judaïsme français, a dû être aussi bienfaisante que considérable. » (Archives israélites du 21 novembre 1889).
« Tout 1789 était en germe dans l’hébraïsme …, Liberté, égalité, fraternité des hommes et des peuples, la Thora leur a donné la seule base solide, l’unité de l’espèce humaine. » (Archives israélites du 24 juillet 1890).
« Cette fois-ci encore, Dieu avait si bien présidé à l’œuvre de régénération que ceux mêmes qui ont joué un rôle principal dans cette épopée grandiose ont avoué naïvement, dans la suite, n’avoir jamais prévu les conséquences de leurs actes. Il y avait un entraînement irrésistible et un beau jour, sans qu’on ait su pourquoi, des idées étranges circulèrent parmi les hommes, et la conscience universelle, animée par un souffle nouveau, se mit à renier le passé, à protester contre ces errements, ses abus et ses excès. Une immense pitié s’était emparée du monde en faveur de tous les déshérités du sort, en faveur des petits et des humbles, en faveur de ceux qui luttaient et qui souffraient Les temps messianiques n’étaient-ils pas proches. (…) Le 22 septembre 1792 [proclamation de la République] fut comme le couronnement des tentatives timides de plusieurs siècles en faveur des doctrines qui doivent régir les Sociétés modernes et qui resplendissent en lettres d’or au frontispice de nos monuments » (Archives israélites du 29 septembre 1892).
« (…) Robespierre, dont pendant les premières années de la Révolution le nom fut écrit de tant et de si étranges façons, ‒ on disait Roberspierre, Robertzpierre, Robes-Pierre, Robets-Pierre, et il semblait être un inconnu pour tous, ‒ Robespierre, l’’’homme vertueux’’ par excellence, dominait les partis, après en avoir sacrifié plus d’un à ses inimitiés personnelles comme à son ambition politique. » (Archives israélites du 22 juin 1893).
Enfin, nous présentons au lecteur l’intégralité du numéro d’Archives israélites du 24 septembre 1891 célébrant le centenaire de la naturalisation des juifs. C’est une pièce d’archive de qualité venant de la partie adverse. Nous publions un extrait de ce document révélateur :
« L’émancipation était dans l’air, longtemps avant qu’éclatât le mouvement de 1789. Les grands penseurs du XVIIIe siècle avaient semé dans les esprits des idées généreuses et humanitaires dont la réalisation devait fatalement profiter à la race si méprisée des Juifs. La Révolution donnait brusquement leur maturité aux graines que les philosophes de cette époque avaient, par leurs écrits, leurs discours, leur enseignement, déposées dans tous les cœurs et qui germaient doucement. L’éclosion avait été préparée de longue main. Voltaire, qui n’aimait pas les Juifs, qui les a même criblés de ses plus mordants sarcasmes, travaillait inconsciemment pour eux par ses écrits philosophiques. »
Le 21 janvier 2020, ayons une pensée pour le roi de France Louis XVI mis à mort place de la Concorde. Cet innocent a payé de sa vie le travail de sape d’une synagogue dont l’influence délétère s’est répercutée sur son bras armé : les philosophes. La France, elle, n’a pas fini de payer ce crime !
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