A la suite du prochain abandon des Américains de la défense de l’Europe annoncé par son bouillonnant président, les pays européens s’aperçoivent qu’ils disposent d’une défense minimale, une assurance au tiers, un croupion.
Madame Van Der Leyen, présidente de la Commission européenne, a proposé le 4 mars 2025 le plan « réarmer l’Europe » d’un montant de 800 Mds d’euros sous forme de prêt aux états en promettant des assouplissements sur les règles budgétaires. En France, les armées n’ont que trois jours de stock de munitions en moyenne pour un conflit de haute intensité. Cela va augmenter. Le ministre des Armées a déclaré que cela allait doubler. Comme l’a si bien dit un humoriste, on passera à six jours si l’ancien ministre de l’Economie Bruno Lemaire sait encore compter ! C’est pitoyable ! Six jours de stock alors que la Russie en consomme autant pendant le même délai depuis trois ans !
Pour arriver à la cheville des Russes en matière de capacités, il faudra au moins dix ans.
Par exemple, les européens n’ont qu’une défense anti-aérienne type gruyère, c’est-à-dire que le spectre n’est pas entièrement couvert, notamment la défense longue portée, la lutte contre les drones et la défense contre les missiles hypersoniques. Pour acquérir cette capacité complète entre l’achat des matériels, le recrutement de militaires, l’achat de terrain pour construire des casernes, leur formation, l’acquisition des compétences, l’entraînement, l’eau va couler sous les ponts pendant un long moment, dix ans étant le minimum par expérience.
Or, l’UE ne propose que de l’argent emprunté pour endetter un peu plus les pays qui n’en ont pas besoin, pour acheter du matériel « européen ». Et les hommes ? Il faut les recruter (actuellement, le recrutement en France n’est pas de bonne qualité concernant les militaires du rang), les former, les entraîner, les entraîner encore et encore afin qu’ils détiennent la connaissance parfaite, les réflexes et la compétence attendue pour des conflits de haute intensité auxquels les armées européennes ne sont plus habituées. Il faut transmettre cette compétence et la capitaliser. Souvent dans l’armée française, cette perte de connaissance, cette capitalisation négligée entraîne de réinventer l’eau chaude et « coûte » cher en perte de temps pour acquérir de nouveau le même niveau que l’on avait auparavant. C’est notamment l’un des points noirs.
Un autre talon d’Achille consiste dans les coups de barre de nos gouvernants.
Un jour, il y a de l’argent à profusion, et parfois dans la même année, il y a un gel des crédits, mettant tout un travail de programmation d’état-major par terre sur le temps long. Les Armées et ses capacités sont comparables à un long paquebot qui n’opère pas un demi-tour en un clin d’œil ; Cela prend du temps pour changer de direction stratégique et obtenir des armées entraînées.
En conséquence, 800 Mds d’euros en quatre ans ne vont pas changer viscéralement les choses, à la marge l’achat de matériels supplémentaires et le recrutement de personnel qui manquaient déjà dans les unités pour respecter les objectifs du ministère des Armées de la dernière loi de programmation militaire.
Nous verrons sur le temps long ce que cela donnera, notamment chez nos amis européens tels que les Allemands et les Italiens. Nous avons besoin d’une défense digne de ce nom pour protéger le territoire et les Français, pour empêcher notamment la migration de populations allogènes qui tuent et violent en France, pas d’aller guerroyer ou s’agiter près de la frontière ukrainienne par orgueil pour laquelle il n’y a aucun intérêt stratégique et économique.
Anatole Castagne.
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