L’accord sur les céréales aura eu raison de l’entente entre deux ennemis séculaires : la Pologne, suivie de la Hongrie et de la Slovaquie, s’oppose aux directives de Bruxelles et continuent de bloquer les importations de céréales ukrainiennes. Kiev commence à s’impatienter, et devient querelleur. Varsovie se désengage et n’enverra plus d’armes.
L’entente entre les deux alliés s’effondre à cause des importations de céréales ukrainiennes en Europe
Rien ne va plus entre les deux alliés, la Pologne et l’Ukraine, qui avaient mis leur animosité séculaire entre parenthèses, pour détruire, affaiblir, l’empire russe. Alors que Moscou tient toujours debout, l’entente entre les deux ennemis d’hier refait surface, pour le plus grand dam de Kiev qui perdrait, avec l‘abandon de Varsovie, un de ses plus fidèles soutiens.
Jusqu’à peu, la Pologne faisait partie des alliés les plus proches de l’Ukraine. Que ce soit pour les livraisons d’armes ou pour sanctionner la Russie, Varsovie et Kiev collaboraient étroitement. Après le début de la guerre, la Pologne a en outre accueilli plus d’un million d’Ukrainiens. Mais aujourd’hui, l’entente entre les deux alliés s’effondre à cause des importations de céréales ukrainiennes en Europe.
En mai 2022, l’Union Européenne avait levé les droits de douanes sur les céréales venant d’Ukraine afin de l’aider financièrement. Une mesure qui, dès le début a été constatée par les pays de l’Est. Depuis le printemps dernier, afin de protéger ses agriculteurs et son industrie, Varsovie a engagé un bras de fer avec l’UE et Kiev en imposant un embargo sur les produits céréaliers ukrainiens. C’est le début de la mésentente.
L’embargo polonais contre les produits ukrainiens fait grincer des dents Zelensky
Vendredi dernier, l’UE, toujours plus prompte à soutenir les intérêts des autres que ceux des pays membres, a décrété la fin de l’interdiction d’importer des céréales ukrainiennes par les cinq États de l’Est de l’UE, ce qui a provoqué des embargos unilatéraux auxquels Kiev a répliqué lundi en annonçant porter plainte devant l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Il n’en fallait pas davantage pour que la tension monte d’un cran du côté de la Pologne : « En train de se noyer, l’Ukraine peut nous entraîner dans les profondeurs » a déclaré, hier mercredi 20 septembre, le président polonais Andrzej Duda lors d’une conférence de presse à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. « Quiconque a déjà participé au sauvetage d’un noyé sait que c’est incroyablement dangereux », a-t-il ajouté en explicitant : « Si les Polonais ne soutiennent pas ces actions [du gouvernement], il nous sera difficile de continuer à soutenir l’Ukraine comme nous l’avons fait jusqu’à présent.».
Le communiqué de la diplomatie polonaise déclare en outre que « faire pression sur la Pologne dans les forums multilatéraux ou envoyer des plaintes aux tribunaux internationaux ne sont pas des méthodes appropriées pour résoudre les différends entre nos pays ».
La Pologne ne transférera plus d’armes à l’Ukraine
De son côté, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a averti mercredi qu’il élargirait la liste des produits ukrainiens interdits d’importation si Kiev devait intensifier leur conflit sur un embargo sur les céréales. Et a lâché le coup fatal à Kiev, mettant ses menaces à exécution : « Nous ne transférerons plus d’armes à l’Ukraine. Nous armons maintenant la Pologne avec des armes plus modernes » considérant que « les autorités ukrainiennes ne comprennent pas à quel point l’industrie agricole polonaise a été déstabilisée », et combien les récentes déclarations de Zelensky et de son administration ont déplu aux Polonais.
Si l’importation des céréales d’Ukraine en Union Européenne est la raison officielle de la fin de la bonne entente entre la Pologne et l’Ukraine, le désastre de la contre-offensive ukrainienne sur le front contre la Russie pourrait bien être la raison cachée de l’abandon de Zelensky par Varsovie. Personne n’aime être du côté de celui qui parait déjà vaincu…
Francesca de Villasmundo
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