Photo: le convoi humanitaire russe se dirige vers Lougansk

Qu’en est-il de la paix dans le Donbass ?

Un nouveau convoi d’aide humanitaire est parvenu à Lougansk en provenance de Russie, avec 2000 tonnes de vivre, des médicaments et des générateurs d’électricité. Alors qu’au départ il était prévu l’échange de la totalité des prisonniers des deux côtés des belligérants, les difficultés, prétendument administratives que Kiev a soulevé dans son règlement ont ralenti considérablement le processus. Néanmoins un échange de 37 prisonniers à pu avoir lieu.

Par ailleurs, ainsi que l’avait relevé le ministère russe des Affaires étrangères, Kiev profite de la trêve pour masser du matériel militaire et des hommes aux abords de la zone de conflit, avec une augmentation des intervenants militaires étrangers, notamment Polonais et Américains. Profitant d’une paix relative, les hommes de la junte minent divers ouvrages d’art, notamment des ponts, afin qu’ils soient prêts à sauter pour retarder les troupes de la Novorossiya… Pour quelle éventualité ?

Dans la nuit des tirs d’artillerie avaient repris à la périphérie de Donetsk et aujourd’hui même le Conseil municipal signale des tirs dans tous les districts de la ville. Les bombardements de la junte ont fait un mort et six blessés civils la nuit de vendredi à samedi. A la télévision russe, un des responsables de la République Démocratique de Donetsk a annoncé hier qu’aucune alliance politique ne pouvait être envisagée de la part de la Novorossiya en raison de toutes les vies sacrifiées à la défense de la région.

Tout cela se passe dans un contexte de tension internationales puisque les sanctions de l’UE et des USA contre la Russie -pour « actes illégaux en Ukraine » (Sic!)-, se sont encore accentués et alors que l’étau de l’OTAN, ne semble pas en voie de se desserrer autour de la Russie.

Cela ne signifie pas que toutes les bonnes cartes sont dans les mains de Washington pour autant. Si l’OTAN au Pays de Galle a convenu d’avancer ses pions dans la Baltique et en Ukraine, on peut néanmoins considérer que la Russie a remporté une victoire politique à Bruxelles.

Au sein de l’UE se sont dessinés deux pôles antagonistes, l’Allemagne et les pays de la vieille Europe, qui n’acceptent de voter de nouvelles sanctions contre la Russie qu’à contre-coeur sous la pression des États-Unis et en les minimisant au maximum. Beaucoup de rodomontades, peu d’actes. Face à ce bloc qui traine des pieds se trouvent les vassaux de Washington: la Grande-Bretagne, la Pologne, les États baltes et l’Ukraine.

Tandis que les uns temporisent les autres aboient. Dans ce concert discordant, la France qui traîne les pieds, elle aussi, se trouve tellement affaiblie par l’image que l’impopularité de François Hollande renvoie au monde entier, que celui-ci s’est vu contraint de faire en parole la concession de l’abandon de la livraison des Mistrals à la Russie. néanmoins les marins russes sont toujours en formation à Saint-Nazaire et aujourd’hui le premier des deux Mistral a fait son premier essai en mer avec à la manœuvre les 200 marins russes. Imagine-t-on ce que deviendrait la crédibilité de la France si elle n’honorait pas des contrats si difficiles à obtenir ?

S’ajoute au contexte de tensions internationales l’annonce d’une vaste coalition, sans mandat de l’ONU pour intervenir en Irak et même en Syrie. Situation que la Russie ne pourra certainement pas tolérée s’agissant de la Syrie. Tandis que l’OTAN avance ses pions l’OSC (Organisation de Coopération de Shangaï) poursuit son petit bonhomme de chemin en s’élargissant à de nouveaux pays. L’OSC dont l’une des principales motivations est de remplacer l’étalon dollar par l’étalon or. La Russie livre d’ailleurs, depuis quelques mois déjà, son pétrole en d’autres devises, tandis que le Chine amoncèle l’or du monde entier.

On l’aura compris dans ce bras de fer entre la Russie et l’empire américain, le maintien du foyer de guerre en Ukraine sert les intérêts des USA, mais pas ceux de l’UE. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se dit persuadé que l’Union Européenne secouera le joug de Washington. Il constate que ses collègues occidentaux ne se font pas prier pour téléphoner, et rencontrer les représentants russes. Un empressement qui n’est pas vraiment désintéressé alors que l’hiver arrive et qu’une Ukraine en guerre risque d’être un obstacle à une bonne distribution de gaz en provenance de Russie. Le Ministre a rappelé que son pays poursuivait le projet du renforcement d’un partenariat stratégique avec l’UE dans l’idée de créer d’ici 2020 une zone de libre-échange entre l’UE et l’Union douanière de la Russie, de la Biélorussie et du Kazakhstan. Et justement Stefan Füle, le Commissaire européen à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage déclarait quasiment en même temps que Lavrov:

« Il est temps pour les relations officielles à un niveau élevé de coopération entre l’Union européenne et l’Union douanière », a-t-il dit.

Ceci alors que les parties ont convenu de reporter la mise en œuvre de l’accord de l’UE-Ukraine jusqu’à la fin de 2015 au cours des consultations trilatérales Russie-Ukraine-UE qui se sont tenues à Bruxelles vendredi.

Il semble que l’UE n’ait pas du tout le même intérêt que Washington à la prolongation du conflit en Ukraine.

 

Emilie Defresne

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