Naturellement, le mot de « karaoké d’estrade » provoqua aussitôt l’effroi républicain de l’UMP et du FN. Tandis que Florian Philippot réclamait la démission de la blasphématrice, Jean-François Copé se déclarait « profondément choqué » par les propos taubiresques. En face, la Gauche en ordre de bataille fit feu de toutes ses pièces pour sauver, une énième foi, le soldat Taubira : Benoît Hamon et Manuel Valls détournèrent habilement la conversation en jugeant cette polémique absurde et sans fondement.
Ils n’ont pas été les seuls à voler au secours de la guyanaise, puisque des personnalités des médias et de la culture ont à leur tour pris position en critiquant sévèrement la Marseillaise. Sur RMC, Hervé Gattegno définit l’hymne de la République comme « une chanson pas terrible au texte assez lourdingue ». Et en profite pour se lancer dans un couplet pas terrible et assez lourdingue sur les « valeurs universelles de la France ». De son côté, le comédien Lambert Wilson met les pieds dans le plat et relance définitivement la vieille polémique sur le chant révolutionnaire en jugeant les paroles de l’hymne « sanguinaires, racistes, xénophobes ».
On conviendra que le vieux Lambert Wilson n’est plus vraiment à la page. Il devrait savoir que les accusations de racisme et de xénophobie portent de plus en plus mal, depuis que chacune de leurs utilisations se paye par une montée du FN dans les sondages. Lambert Wilson gagnerait à passer à la 4G, en critiquant les caractères sexiste et homophobe de la Marseillaise.
Sexiste, parfaitement ! Comment, Mesdames et Messieurs, un chant militaire chanté exclusivement par des hommes et pour des hommes, tandis que les femmes sont cantonnées au rôle sexiste de gardienne du foyer : « Ils viennent jusque dans vos bras/Egorger vos fils et vos compagnes ». Les « compagnes » resteraient dans les « campagnes » à garder les mioches, pendant que les hommes iraient former les bataillons pour lutter contre l’envahisseur ? Voilà qui contredit toutes les études de genre, tous les ABCD de l’Egalité, tous les programmes de lutte contre le sexisme dans les entreprises et dans l’Armée.
Pire même ! Vous en frémissez tous. Ne voyez-vous que le seul modèle familial consacré par ce chant homophobe est le modèle Père/Mère/Enfants ? Et que deviennent donc les familles monoparentales, homoparentales, et bientôt multiparentales ? Il faut bien avouer que les révolutionnaires d’antan, sur bien des points, restaient englués dans des préjugés d’un autre âge. Et puis moi qui croyais que la famille Père/Mère/Enfants, dite bourgeoise, avait été inventée au XIXe siècle. Raté. Sont vieux, quand même, les « préjugés ». Vieux comme le monde.
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