La France subit un processus de liquidation économique, qui s’est accéléré depuis que l’euro a été mis en service en 2001. Certains aspects en sont bien visibles : balance commerciale structurellement déficitaire, explosion du chômage, baisse du PIB par habitant, etc.

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Un autre aspect, relativement invisible, de la liquidation économique de la France est le rachat massif des grandes entreprises par des étrangers, spécialement par des Américains grâce au dollar. On peut souligner que le dogmatisme européen sansfrontiériste, qui déifie la libre circulation des capitaux, expose n’importe quelle entreprise française au risque de rachat, généralement hostile.

Ce risque est d’autant plus élevé que les USA génèrent des milliards de dollars, sans aucune contrepartie réelle (par exemple une valeur fixe en or). Autrement dit, la création monétaire effrénée mise en oeuvre par les USA, associée à l’absence de contrôle de la circulation des capitaux, permet l’achat d’actifs bien réels en France avec des jeux d’écriture comptable, qui génèrent des milliards de dollars par simple claquement de doigts.

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Très loin d’être convertible en or, comme au bon vieux temps des accords de Bretton-Woods, le dollar US est à 10% du prix de l’or et sa valeur continue de baisser puisque la planche à billets, rebaptisée Quantitative Easing, tourne à plein régime.

Logiquement, la dépréciation générale du dollar US ne devrait pas affecter la France. Mais le fait est que l’ouverture totale des frontières offre aux entreprises états-uniennes l’opportunité d’acheter ce qu’elles veulent en France. Conséquence du mondialisme prédateur à la sauce dollar US, la liste des entreprises autrefois françaises qui ne sont plus françaises ou ont disparu ne cesse de s’allonger.

L’évaporation des grandes entreprises réellement françaises est d’autant moins visible que les rachats se font dans une sorte de silence indifférent et que wikipédia, par exemple, continue abusivement de catégoriser comme françaises des entreprises passées sous contrôle étranger.

Alstom (équipementier) : cette entreprise majeure a fait la une des médias en début d’année 2014, avant les Européennes. Concrètement, Alstom faisait partie du dispositif assurant à la France une indépendance énergétique par la maîtrise des techniques et des compétences. Sa branche énergie a été vendue à l’Américain Général Electric. On peut aussi s’intéresser à la scandaleuse attribution de 150 000 actions à son PDG. 

Amora Maille : le groupe français a rejoint le groupe anglo-néerlandais Unilever en 2000. La société avait débuté son activité en commercialisant des moutardes dans des pots en verre, puis avait étendu sa marque sur les vinaigrettes, ketchups, mayonnaises ou cornichons dans les années 1950. En 2008, Unilever a annoncé la fermeture de l’usine historique de Dijon.

Arcelor : le groupe sidérurgique, né en 2002 de la fusion de trois sidérurgistes européens (dont le français Usinor), a été absorbé en 2006 par Mittal Steel Company. Résultat : les usines sont fermées. Un exemple classique de rachat prédateur destiné à fermer un concurrent.

Brasseries Kronenbourg : elles font partie depuis avril 2008 du groupe danois Carlsberg, après avoir été rachetées par Scottish & Newcastle en 2000. Lancée en 1947 par Jérôme Philippe Hatt, la marque Kronenbourg doit son nom à Cronenbourg, le quartier de Strasbourg dans lequel s’installa la brasserie au début du XIXe siècle.

Converteam (conversion de l’énergie électrique) : racheté par General Electric en 2011. On peut mettre en relation avec le rachat-démantèlement de Alstom.

Danone (agro-alimentaire) : La branche biscuit du groupe (LU) a été racheté par l’américain Mondelez International en 2007 pour 7 milliards de dollars US.

Ducros : l’entreprise Ducros n’est plus française depuis 2000. Elle a été rachetée par l’américain McCormick, numéro un mondial des épices. Mais Ducros emploie encore 800 personnes en France.

Fruité : la société française de boissons non alcoolisées Fruité entreprises a été rachetée en mai 2010 par le britannique Britvic pour 237 millions d’euros. Fruité possède sa propre marque, ainsi que les sirops Moulin de Valdonne et Teisseire, rachetés en 2005, et la marque de jus de fruits bio Pressade. L’entreprise employait un peu plus de 500 personnes.

Legrand (produits et systèmes pour installations électriques et réseaux d’information) : racheté par un groupe d’investisseurs dont KKR et Goldman Sachs en 2002 pour 3,6 milliards de dollars US.

Marionnaud est passé en 2005 sous pavillon chinois, après avoir été au bord de la faillite. Le nouveau propriétaire de la marque de cosmétiques françaises est AS Watson, la filiale de Hutchinson Whampoa, le conglomérat du multi-milliardaire hongkongais Li Ka-shing. En juin 2009, le groupe a annoncé la suppression de 700 emplois, soit 17% de ses effectifs.

Péchiney : le groupe français d’aluminium a été racheté par le canadien Alcan en 2003. En 2007, ce dernier a lui-même été racheté par Rio Tinto. Résultat : racheté pour être liquidé et éliminer un concurrent.

PriceMinister, pionnier de l’e-commerce français, a été racheté par le japonais Rakuten en juin 2010. Ce groupe est la référence japonaise du e-commerce, avec 30 millions de membres et plus de 20.000 vendeurs dans sa galerie marchande, Rakuten Ichiba.

Provimi (fabrication d’aliments pour animaux) : racheté par Cargill en 2011 pour 3,5 milliards de dollars US.

Rexel (distribution de matériel électrique) : racheté par Ray Investment en 2004 pour 3,2 milliards de dollars US.

Rossignol : le numéro un mondial du ski (24% de parts de marché) a été avalé en 2005 par le roi américain du surf, Quiksilver. Et ce, sept ans après le rachat de Salomon par Adidas. Il n’y a plus de grand équipementier de sports d’hiver français.

SPIE (ingénierie électrique et construction) : racheté par Clayton, Dubilier & Rice en 2011 pour 3 milliards de dollars US.

Smoby (jouets) : en 2008, le leader français du jouet est repris par le groupe allemand Simba. Asphyxié par une dette de 277 millions d’euros, le groupe avait été placé dans un premier temps en sauvegarde avant d’être mis en redressement judiciaire.

Solocal (ex Pages Jaunes) : racheté par KKR et Goldman Sachs en 2006 pour 4,2 milliards de dollars US.

TDF (Télédiffusion de France) : racheté par Intermediate Capital et Texas Pacific Group en 2006 pour 4,1 milliards de dollars US. En septembre 2006, un article paru dans un journal britannique annonce la mise en vente de TDF. Quelques jours plus tard, TDF annonce une recomposition importante de son capital, avec l’arrivée du fonds américain Texas Pacific Group dans l’actionnariat avec 42 % du capital. De façon tout à fait symbolique, on notera que le point le plus haut de Paris est sous contrôle états-unien puisque TDF gère l’utilisation du sommet de la Tour Eiffel.

Yoplait (agro-alimentaire) : racheté par General Mills en 2012.

Dans ce carnage, l’agro-alimentaire, la métallurgie et les grands équipementiers ont payé le prix fort.

Etant donné que ces entreprises ont été rachetées avec des dollars imprimés ad libitum, on peut se demander si leur nationalisation pure et simple sans contrepartie n’est pas légitime. Elles n’ont pas été « achetées » mais razziées avec de la fausse monnaie. Il est bien certain que le projet de traité transatlantique TAFTA et ses différents avatars ne vont pas améliorer la situation. Parler d’état stratège ne suffira pas dans un contexte où les dés sont complètement pipés. 

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