jacques-behnan-hindoMonseigneur Jacques Behnan Hindo, archevêque syro-catholique de Hassakè-Nisibi, le diocèse qui comprend aussi Raqqa, la capitale du soi-disant État islamique, a décidé de rester en Syrie, dont il est un fils aimant, pour soutenir son troupeau qu’il a choisi de ne pas abandonner. Au risque de sa propre vie puisqu’il est surveillé jour et nuit par les snipers.

Il a relâché une longue interview à un journaliste italien, Matteo Carnieletto, publiée par Il Giornale.it. Dans laquelle il évoque la guerre qui depuis 5 ans détruit la Syrie, le rôle pernicieux des Américains, le double-jeu des Kurdes, les intérêts israéliens au Moyen-Orient, les mensonges et la propagande des gouvernements occidentaux contre Bachar el-Assad, le démembrement de la Syrie si son président actuel partait. Et les persécutions des chrétiens ! Il aborde tous ces sujets avec réalisme.

Son interview, dont voici ci-dessous la traduction, nous permet d’avoir un regard sans illusions sur les manipulations politiques occidentales dont sont victimes la Syrie et les chrétiens.

« Monseigneur, récemment vous avez prononcé des paroles très dures envers les Kurdes de l’ YPG (Unités de protection du peuple kurde) en les accusant de vouloir tout arracher aux chrétiens de votre diocèse. Quelle est la situation aujourd’hui ?

La présence kurde se fait toujours plus pesante. Ici, dans la ville, ils détiennent tous les croisements et occupent les rues, spécialement dans le quartier chrétien. Les hommes de l’YPG sont en train de se comporter très mal avec nous les chrétiens. Ils sont très agressifs. Initialement ils ont pris le Sud de la ville, puis ils se sont étendus toujours plus. Ils ont pris tout le coton et toutes nos richesses. Ils ont volé jusqu’aux chaises. Ils ont tout vidé, maintenant il n’y a plus rien. Quand Daesh s’est éloigné, sont arrivés les Kurdes de l’YPG, qui voudraient créer un État indépendant, mais cela n’a pas de sens. Ils ont pris un avocat et ils l’ont nommé juge. Mais c’est quoi comme justice ? L’an dernier, en février, 35 villages ont été occupés par Daesh. Les Kurdes de l’YPG les ont vus descendre des montagnes, mais ils n’ont rien fait pour les arrêter. Ils voulaient que l’EI occupe ces terres très belles. Quand ils sont arrivés, les hommes de l’YPG m’ont dit : « Nous sommes ici pour protéger les chrétiens. » Mais ce n’est pas vrai : ils sont venus pour chasser les chrétiens.

Mais en Occident, les Kurdes de l’YPG sont vus comme des héros parce qu’ils combattent l’EI. Comment alors pouvez-vous dire cela ?

Ils travaillent pour les Américains qui les utilisent pour faire leur politique. Mais ensuite ils les abandonneront. Les Kurdes ne pensent pas à ce qui peut advenir dans une heure ou demain. Ils pensent seulement à l’instant présent. Ils n’ont rien appris de leur histoire et des persécutions des Ottomans. Savez-vous ce qu’ils sont en train de faire maintenant, les Kurdes ? Ils sont en train d’imposer leur langue dans nos écoles. Deux heures par jour pendant cinq jours. Dans le nord, ils enseignent tout en langue kurde. Je leur ai dit : « Vous n’avez pas de programmes et vous n’avez pas de professeurs compétents. Comment pouvez-vous enseigner aux enfants ? » « Nous sommes prêts à sacrifier sept générations. » Cela n’est pas de la démocratie. C’est de l’idéologie. La propagande kurde et américaine les présente comme des héros seulement parce qu’ils sont contre le gouvernement. Mais les Kurdes sont en train de faire tout cela parce qu’ils veulent un État. Ils sont en train de le faire uniquement pour leur intérêt.

C’est un scénario très sombre, si c’est vrai – comme c’est le cas – que les Kurdes ont exploité le cessez-le-feu pour ériger des barricades. Selon vous, la trêve a-t-elle été utile pour les civils dans des zones comme Alep ?

Je suis contre le cessez-le-feu. La première fois que l’armée syrienne a avancé contre les rebelles, les américains ont demandé une trêve et ainsi les terroristes se sont réorganisés pour attaquer les soldats loyalistes. Avec l’actuel cessez-le-feu, ils ont fait la même chose. De Mistura et l’ONU parlent seulement d’Alep Est, où sont présents les rebelles, mais ils ne parlent jamais de l’autre partie de la ville, où résident un million deux cent mille syriens qui sont continuellement bombardés par les djihadistes. Même l’archevêché d’Alep a été touché par un missile, mais les Américains, les Français et les Italiens n’en ont pas parlé.

Il est vrai que durant la trêve « les rebelles » sont fournis en armes et munitions. Mais qui les leur donne ?

C’est certain qu’elles n’arrivent pas par avion parce que tout est bloqué. Elles viennent de la Turquie. La Turquie aide Daesh et aussi l’Amérique, qui de fait ne veut pas sa destruction. D’un côté les USA le combattent, de l’autre ils l’aident. Ils entraînent les rebelles qui ensuite passent les armes à Al-Qaida et à l’EI. Quand les chefs de gouvernements occidentaux parlent, ils ne disent que des mensonges. Ils ne veulent pas combattre Daesh ni Al-Nosra. Ils ne veulent pas que la Russie et les Syriens les bombardent. »

Suite de la IIe et dernière partie jeudi 29 septembre 2016.

Francesca de Villasmundo

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