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La guerre d’Idlib aura bien lieu

La ville d’Idlib est le gouvernorat d’une région éponyme située au Nord-Ouest de la Syrie, entre Alep et Lattaquié à quelques 330 kms au Nord de Damas. Cette région, qui comprend la riche plaine du Ghab à l’Ouest et peuplée d’environ trois millions d’habitants, est tenue par différentes factions armées arrivées ici depuis l’année 2012 et qui échappent encore, au bénéfice d’une zone de « désescalade », au contrôle territorial du Pouvoir syrien. Parmi les groupes terroristes présents les plus connus dans cette zone on y trouve pêle–mêle des combattants de Jaïch al-Fatah (l’Armée de la conquête) regroupant principalement Jabhat al-Nosra (al Qaïda en Syrie), Ahrar al-Cham, Faylaq al-Cham ainsi que d’autres factions de combattants islamistes comme celles de l’organisation EIIL[1], acronyme qui désigne « Etat Islamique en Irak et au Levant » né en 2013 en Syrie. Ces factions représenteraient pas moins de 25 000 combattants issus de nationalités différentes dont des européens.

Depuis le début de l’été, ces groupes terroristes sont assiégés, utilisant comme bouclier humain une partie de la population civile.

 « Pourquoi ces gens se retrouvent-ils aujourd’hui concentrés dans la poche d’Idlib ? Durant la libération d’Alep en décembre 2016, puis ultérieurement avec celles de Deir ez-Zor, de la Ghouta et de Deraa, les autorités syriennes et leurs alliés russes ont (…) négocié une amnistie au bénéfice des groupes ayant accepté de rendre les armes ; les irréductibles choisissant la possibilité de s’exfiltrer à destination de la région d’Idlib. Ainsi et de fait, Idlib et sa province sont devenues le déversoir, sinon le sanctuaire de toutes les factions terroristes refusant d’accepter les progrès continus de la reconquête du « territoire national » par son « armée nationale », aidée de ses alliés russes, iraniens et du Hezbollah libanais ».[2]

Le sort des djihadistes, objet nébuleux des attentions occidentales

Aussi, depuis quelques semaines, la situation a subitement évolué: au fur et à mesure que l’armée syrienne opère sur le terrain avec l’aide des Russes dans la région d’Idlib, des voix occidentales se sont élevées pour dénoncer cette montée en puissance. En premier lieu, le Chef de la Diplomatie française qui ne dissimule plus son rôle de supplétif aux visées américaines, Jean-Yves Le Drian invoquait ce 11 septembre « (qu) il y a un risque sécuritaire dans la mesure où dans cette zone se trouvent beaucoup de djihadistes, se réclamant plutôt d’Al-Qaïda, qui sont entre 10 000 et 15 000 et qui sont des risques pour demain, pour notre sécurité». Par ailleurs, Jean-Yves Le Drian, qui a estimé à «quelques dizaines» le nombre de combattants français à Idlib, s’est ému de la «catastrophe humanitaire» que représenterait, selon lui, une intervention du gouvernement syrien. De plus il s’est inquiété d’un risque d’attaques chimiques à Idlib et a réitéré la «ligne rouge» française en la matière menaçant Damas de nouvelles frappes si un recours à des armes chimiques létales était avéré. Bref, la France semble plus inquiète du sort des terroristes que leur éradication : Idlib doit rester la citadelle des terroristes sous peine de les voir envahir nos villes et nos campagnes !! ….

De son côté, le Conseil de sécurité s’est réuni le même jour pour discuter une nouvelle fois d’Idlib, où l’ONU craint «la pire catastrophe humanitaire» du siècle…

Côté USA, les motifs sont plus complexes. Contrairement au discours sur le «retrait de Syrie», c’est le processus inverse qui est en cours: l’armée américaine qui possède un contingent de plus de 2000 hommes et qui se présente comme une force de lutte contre les terroristes – pendant qu’elle les armait avec l’appui de puissances comme la France, l’Arabie Saoudite et Israël – joue continuellement la carte du double jeu. On notera au passage que sa présence sur le sol syrien est absolument illégale. Une centaine de soldats est arrivée à Al-Tanf depuis la Jordanie ces derniers jours, alors que les armements et les munitions sont activement projetés depuis les bases du Kurdistan contrôlées par les groupes kurdes proaméricains.

Le quotidien américain « The Wall Street Journal » affirme que « les forces américaines pourraient attaquer non seulement des cibles syriennes, mais également russes et iraniennes en Syrie » afin d’éviter « une catastrophe humanitaire»…Toujours selon le même journal le président américain Donald Trump «n’a pas encore décidé ce qui entraînerait la riposte militaire et si les USA choisiraient pour cible les forces russes ou iraniennes».

Les Américains comme les Européens, les Saoudiens comme les Israéliens, incapables de délivrer le véritable motif de leur présence – celui d’éradiquer un gouvernement légitime aux vues trop restrictives à leur appétit mondialiste –   favorisent un ennemi intérieur qui non contents de les protéger, sont prêts à les défendre  en agitant le spectre des bombardements si toutefois leur éradication venait à créer une crise humanitaire !!! Mais alors précipitez-vous à nous fournir de bonnes explications ! Ne sont-ce pas ces mêmes djihadistes qui tuent quasi quotidiennement nos compatriotes innocents ici dans nos pays? Ne voit-on pas un front uni à combattre en France ou en Europe, cet islamisme qu’ils appellent pudiquement terrorisme ou barbarie ?

Par conséquent, Idlib sera bien cette guerre révélatrice des intentions. Oui les gouvernements américano-atlantistes soutiennent ces terroristes car ils servent leur cause d’expansion mondialiste. La preuve par Idlib….s’il en était encore besoin…

Idlib, révélatrice des intentions

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé ce mercredi 12 septembre que le territoire tenu par les rebelles dans la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, était un « abcès purulent » qui devait disparaître. Le ministre, qui s’exprimait après un entretien à Moscou avec son homologue saoudien a affirmé que les « terroristes » qui tiennent la région d’Idlib se servaient de civils comme de boucliers humains. « Il s’agit du dernier foyer des terroristes qui cherchent à profiter du statut de ‘zone de désescalade’ accordé à la région, qui veulent prendre en otage la population, en faire des boucliers humains, et soumettent à leur volonté des groupes qui seraient prêts à dialoguer avec le gouvernement », a dit le chef de la diplomatie russe.   » Donc, à tous les points de vue, cet abcès purulent doit être éliminé » a-t-il ajouté.

Il a également indiqué que la Russie restait en contact avec les Etats-Unis à propos de la situation dans ce secteur. La Russie renforce actuellement sa présence navale en Méditerranée orientale avec l’arrivée de 12 bâtiments  prêts à contrer « une « nouvelle provocation à l’arme chimique » instiguée par les États-Unis et la Grande-Bretagne (qui) serait en préparation, et concernerait cette fois une bourgade de la région d’Idlib »[3] alors que le président syrien Bachar al Assad semble préparer une offensive contre ces djihadistes, visés ce mois-ci par des raids aériens et des bombardements d’artillerie.

La bataille d’Idlib sera-t-elle la défaite syrienne du camp américano- atlantiste ? Très certainement. Les jeux doubles qui ont consisté à armer des factions djihadistes et à leur fournir des appuis militaires n’ont pas eu raison du réalisme politique qui se jouait là-bas où Syriens et Russes – très soupçonneux des visées  guerrières  comme du « bluff » de la ligne Washington – Paris – Tel Aviv – ont joué la carte de la souveraineté d’un Etat, laissant libre Bachar de choisir ses alliés comme de chasser ses ennemis. Ces choix sont aujourd’hui, ne l’oublions pas, le signe d’un grand courage comme d’une extrême lucidité lesquels ont pris de cours le clan qui, s’il se réclame encore du Bien, n’en fournit pas moins les apparats du Mal.

C.Mihailovitch Tripetzky

[1] ISIS en anglais

[2]Richard Labévière 10 septembre 2018 in « Proche et Moyen Orient 

[3] Le Portail des forces navales  de la Fédération de Russie – le 28 août 2018

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