Monseigneur Lefebvre n’hésitait pas à déclarer : la grande hérésie du XXe siècle est le rejet du Christ-Roi. Que faut-il entendre par cela ?

Nous le savons : Dieu, en sa deuxième Personne, le Verbe, s’est incarné en vue de racheter tous les hommes par son sacrifice rédempteur, après la faute de nos premiers parents. « Vous lui donnerez le nom de Jésus » avait annoncé l’envoyé du Père, l’archange Gabriel, à Notre Dame lors de l’Annonciation, comme à saint Joseph quelques mois plus tard. Jésus-Christ, qui dans son unique Personne unit la nature divine et la nature humaine, a donc le droit d’être appelé Roi, tout d’abord parce qu’il est Dieu. Il a tout créé de rien, et par là-même tout lui appartient, tout est en son entier pouvoir. On dit qu’il est Roi par nature.

Mais Notre Seigneur Jésus-Christ s’est incarné pour racheter tous les hommes par son sacrifice propitiatoire sur la croix. Et pour cette raison, II mérite aussi le titre de Roi par droit de conquête.

C’est donc à ce double titre qu’il est Roi. Mais être Roi est une chose, être reconnu Roi par ses créatures en est une autre. Voilà pourquoi le pape Pie XI dans son encyclique Quas Primas du 11 décembre 1925 a pu écrire :

« Ce serait une erreur grossière de refuser au Christ-Homme la souveraineté sur les choses temporelles, quelles qu’elles soient : II tient du Père sur les créatures un droit absolu, lui permettant de disposer à son gré de toutes ses créatures ».

Cela veut dire en clair que si « le royaume du Christ est avant tout spirituel » cela ne signifie nullement qu’il ne concerne que les âmes. Non. Il faut que les individus, les familles, les États, reconnaissent cette Royauté de Notre Seigneur et Lui rendent un culte public d’adoration.

L’encyclique est très expressive :

«… il n’y a lieu de faire aucune différence entre les individus, les familles et les États ; car les hommes ne sont pas moins soumis à l’autorité du Christ dans leur vie collective que dans leur vie privée… Les chefs d’Etat ne sauraient donc refuser de rendre – en leur nom personnel, et avec tout leur peuple – des hommages publics, de respect et de soumission à la souveraineté du Christ ; tout en sauvegardant leur autorité, ils travailleront aussi à promouvoir et à développer la prospérité nationale ».

Evidemment, une telle doctrine ne peut que déplaire à Satan. Alors, si le péché originel a été l’expression de l’indépendance de l’homme face à Dieu, la Révolution est la révolte de la société vis-à-vis de Dieu – Monseigneur Gaume n’hésite pas à dire : « Dieu détrôné et l’homme mis à sa place ». Mais si ces faux principes révolutionnaires se développaient en dehors de l’Église, ils ont pénétré, comme de véritables virus, à l’intérieur de cette dernière pour la détruire. A l’occasion du Concile Vatican II, ces faux principes ont été officialisés par les hommes d’Église. N’a-t-on pas entendu le pape Paul VI déclarer : « Nous plus que tout autre, nous avons le culte de l’homme » (discours de clôture du concile Vatican II, 7 décembre 1965).

Les hommes d’Église, abîmés dans leur foi, ont donc essayé de faire passer en pratique leur hérésie. Pour cette raison, la phrase : « la foule scélérate s’écrie : nous ne voulons pas du Christ-Roi », a disparu de l’hymne des vêpres de la fête liturgique établie par Pie XI. De plus, cette fête avait été fixée par ce même pape au dernier dimanche d’octobre, juste avant la fête de la Toussaint. Pourquoi me direz-vous ? Pie XI y répond : «… avant de célébrer la gloire de tous les saints, la liturgie proclamera et exaltera la gloire de Celui qui
triomphe, en tous les saints et tous les élus ».

Les clercs révolutionnaires l’ont donc déplacée et reportée au dernier dimanche avant le début de l’Avent. Mais pourquoi ? – Pour exprimer que le Règne de Notre Seigneur n’est pas ici-bas, mais dans l’autre monde, dans le royaume eschatologique. Autant dire que c’est la négation du Règne social de Notre Seigneur, comme le concevait Pie XI ainsi que toute la Tradition.

Aussi, chers amis, il ne sert à rien de se plaindre si nous-mêmes ne réagissons pas. Qu’avons-nous à changer individuellement pour reconnaître cette Royauté de Notre Seigneur et y correspondre par notre obéissance ? Rendons-nous un culte public à Notre Seigneur par la prière en famille ? Renouvelons-nous, au moins une fois par an, la consécration du genre humain au Sacré-Cœur de Jésus de saint Pie X ? Notre foyer est-il consacré au Sacré-Cœur ? De même, si nous sommes artisans, pour notre entreprise ?

Autant de questions auxquelles il nous faut répondre par l’affirmative avant que la France ne soit de nouveau consacrée au Christ-Roi. A chacun d’entre nous d’y travailler et de prier pour sa réalisation.

« Reconnus par le Christ – comme conclut Pie XI dans Quas Primas – pour de bons et fidèles serviteurs de son royaume terrestre, nous participerons ensuite, avec Lui, à la félicité et à la gloire sans fin de son royaume céleste ».

Père Jean-Marie

Source : La Simandre d’octobre-novembre 2022

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