Les négociations sont en cours à Paris où une délégation égyptienne est présente depuis quelques jours. L’enjeu est de taille puisqu’il pourrait s’agir d’un contrat global de plus de 5 milliards d’euros qui serait signé très prochainement. De quoi réduire très partiellement les finances en déroute de l’Etat français…
Si le contrat FREMM est bien signé, c’est l’avenir du bassin industriel lorientais qui serait consolidé pour quelques années. Cependant, cette vente ne serait pas sans conséquences pour la Marine nationale qui verrait l’arrivée de frégates modernes retardé de quelques mois voire quelques années.
La frégate Normandie est sur le point d’être achetée par la Marine tandis que la Provence, moins avancée, alterne entre périodes de chantier à Lorient et essais à la mer et s’apprêtait d’ici quelques mois à rejoindre Toulon, son futur port base. Toutes deux pourraient donc voir leur avenir sous un autre nom et des cieux plus orientaux.
Pour la Marine, le défi est de taille dans un contexte où ses missions sont toujours aussi nombreuses et les moyens de plus en plus réduits (en particulier sur la façade toulonnaise où seulement deux frégates anti sous-marines doivent assurer l’entraînement de 6 SNA).
Une telle vente affecte donc le processus de modernisation de la flotte française qui est engagé et nécessite très certainement de revoir la loi de programmation militaire (LPM 2014-2019) qui prévoyait l’acquisition de 6 de ces très modernes frégates d’ici 2019. Si on peut se réjouir de voir consacrée l’excellence française en matière d’armement, le risque existe de voir la série de 8 (voire 11) FREMM françaises se réduire au fur et à mesure que les commandes étrangères sont passées.
Enfin, si l’Egypte peut apparaître aujourd’hui comme un partenaire stratégique crédible au Moyen-Orient, l’instabilité chronique de ce pays est à souligner et, en dépit de la détermination du maréchal Al Sissi pour combattre l’islamisme, les garanties sur l’avenir du pays restent maigres. L’exemple récent de la dissémination de l’armement libyen (dont de nombreux matériels de fabrication française) – si rapidement retrouvé entre les mains des jihadistes du Sahel après la guerre en Libye – doit conduire à la plus grande prudence en matière d’exportation d’armement…
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !