Alors que le problème est depuis longtemps évoqué ouvertement en Belgique, la France semble avoir pris, ces jours-ci, un peu plus conscience de la menace que sont les djihadistes français partis en Syrie. Leur nombre serait de 700 et ce serait une estimation approximative qu’il faudrait plutôt voir à la hausse. Selon une vidéo, il y aurait même un ancien militaire mais à ce stade il est difficile de dire si c’est vrai et de vérifier les dires de ce djihadiste. Une mère témoignait sur RTL, disant que son adolescente catholique était en train de basculer et qu’elle craignait qu’elle ne parte en Syrie. Ce n’est pas la première à appeler à l’aide l’État. Des parents se sentent impuissants. D’autres ont appris le départ de leurs enfants, une fois que ces derniers furent arrivés en Syrie. Il est alors trop tard.
Ce travail délicat de prévention est très difficile à réaliser. Il faut d’abord s’attaquer aux filières de recrutement, qui embrigadent ces jeunes pour venir renforcer les troupes djihadistes en Syrie. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’est donc attelé à un plan, déjà largement élaboré par son prédécesseur Manuel Valls, qui devrait détecter les adolescents « à risque » avant leur embrigadement ainsi que les filières. Le plan doit être présenté demain au Conseil des Ministres avec une vingtaine de mesures très concrètes. Il semblerait qu’on ait enfin compris la nocivité d’une trop grande ouverture des frontières. On aura ainsi le rétablissement de l’autorisation de sortie de territoire pour les mineurs mais aussi de centres d’accueil pour les parents inquiets des signes de radicalisation de leur enfant. Une campagne de sensibilisation devrait être mise en place.
Il n’en reste pas moins que certaines statistiques sont éloquentes. 63,3% des adolescents touchés par des dérives islamistes seraient des athées. La moitié de ceux qui sont approchés le sont d’abord par une personne physique et ensuite internet joue un rôle. Si la cyber-surveillance doit rester importante, elle sera loin de tout résoudre. Mais le plus inquiétant, c’est qu’il y a non seulement des partants mais qu’il y en a d’autres sur le territoire qui recrutent. Ces derniers ne sont pas forcément facilement détectables. Il est loin le temps où Mohammed Merah était considéré comme un loup solitaire, une exception. Il sont bien sur le territoire français, tels des agents dormants qu’on active quand il faut.
Mais pour l’instant l’État français n’a pas dit ce qu’il comptait faire pour ceux qui reviendraient, un sujet délicat et tout aussi épineux. Gilbert Collard, député frontiste, a appelé à tout faire pour les empêcher de revenir. Pour Florian Philippot, vice-président du FN, il faut leur retirer la nationalité. On peut regretter que le problème n’ait pas été pris en compte plus tôt. La France était trop occupée à tenter de faire chuter Assad. Elle n’a rien vu venir ou n’a rien voulu entendre et aujourd’hui ce conflit pourrait avoir d’autres conséquences désastreuses pour le pays.
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