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La finance apatride contre le peuple expliqué par deux paraboles contemporaines

Le Christ parlait souvent en paraboles, précisant que « ceux qui ont des oreilles entendant ». L’abbé Cellier disait à juste titre : « On apprend plus sur la psychologie des enfants en lisant Le Petit Nicolas que des traités d’éducation ». A titre personnel, plutôt que de me lancer dans de longues explications, je montre à mes élèves quelques extraits de films pouvant illustrer quelques notions d’économie, notamment la spéculation sur les matières premières avec Le Sucre et Un Fauteuil pour deux (la scène sur la spéculation sur le jus d’orange congelé).

L’affaire des billets et de l’or indien évoquée ces jours derniers a amené une réflexion sur l’évolution totalitaire de la société sur laquelle on pourrait écrire des livres.

Première parabole, 2e film de la série Star Wars : L’Attaque des clones. Contexte de la scène : corrompue et ingérable, la République vit ses dernières heures. Furieuse de s’être vue taxée ses routes commerciales, la Fédération du Commerce a tenté en vain d’envahir la paisible planète Naboo. Tout ce qu’elle y gagna, c’est de voir le sénateur de Naboo, Palpatine, devenir Chancelier. Il lui fallait un chef politique pour fédérer les mécontents : elle l’eut avec le comte Dooku, un idéaliste démissionnaire de l’ordre religieux en place (les Jedis, sorte de Templiers), humain de la planète Serreno. Il  lui fallait un chef militaire, elle l’eut avec un seigneur de guerre de la planète Kaleesh, Qymaen Jai Sheelal, plus connu sous le nom de guerre  « général Grievous ». Il lui fallait une base : elle l’eut avec la planète industrielle Geonosis et ses usines de robots suite au ralliement de son souverain, l’archiduc Poogle le Bref.   

C’est dans une base de celle-ci que se constitua la Confédération des Systèmes Indépendants contre laquelle – sur le papier – la République n’avait aucune chance.  Lors de la création, Dooku annonça le ralliement de près de 10.000 systèmes solaires. Mais surtout, c’est une grosse part de la puissance économique de la République qui fit alliance contre les institutions.  Surs d’eux et dominateurs et surmontant leur dégoût pour ceux qui ne sont pas élus de leur peuple, les Neimoidiens, à la tête de la Fédération du Commerce et représentés par leur vice-roi Nute Gunray  ont la place d’honneur aux côtés du comte Dooku. Ils reçoivent en premier le ralliement de la Président Shu Mai de la Guilde du Commerce, puis Wat Tambor, chef du Techno-syndicat, un trust de la robotique et l’armement annonce : « Les droïdes du techno-syndicat sont à votre disposition, comte Dooku ». Puis, la finance apporte son appui par la bouche de San Hill de la planète Muunilinst « Le clan bancaire s’engage à signer votre traité » (tout en soutenant aussi l’autre camp, bien évidemment), ainsi que l’Alliance des Corporations dirigé par Passel Argente de la planète Lethe. Fort de son réseau financier, Dooku conclut : « Très bien, nos amis de la Fédération du Commerce nous ont promis leur soutien… Leurs droïdes de combat s’ajoutant aux vôtres, nous disposons d’une armée sans équivalent dans la galaxie…  Les Jedis seront débordés. La République devra se plier à toutes nos exigences… ». Bien que vaincus, leur territoire deviendra le « Secteur Corporatif », un état indépendant vivant sous un régime de « libre entreprise », avec cependant un cartel établi contrôlant absolument tout et faussant les règles.

Le Secteur  Corporatif est dirigé par un conseil d’administration, le Direx, de 57 membres avec un chef, l’ExO et un contre-pouvoir, le Prex, tiré au sort tous les 3 ans. Le Secteur Corporatif est très intéressant de par son organisation, car il peut constituer un avant-goût du monde de demain. Vu de l’extérieur, il a l’apparence totale d’un régime de libertés. Vu de l’intérieur, c’est la plus feutrée des tyrannies. On en revient au « communisme de marché » définit par l’économiste Flora Montcorbier et que l’on retrouve dans la deuxième parabole.

Seconde parabole, 2e saison de la série Jéricho.  Contexte de la série : les Etats-Unis ont été frappés par un « 11 Septembre » à la puissance 1000. 23 bombes atomiques de 20 kilotonnes ont détruit 23 grandes villes américaines, tuant le Président, le Vice-président et la quasi-totalité du gouvernement. Seules New-York et Colombus (où étaient censés exploser les bombes atomiques 24 et 25) ont été sauvées. Colombus est devenu la capitale de ce qui reste des Etats-Unis, soit toute la rive est du Mississipi, dirigés par le ministre de la Santé. Le Texas fait bande à part, dirigée par sa Gouverneur devenue Présidente de la République du Texas. L’ouest est devenu les Etats-Alliés, capitale Cheyenne (Wyoming), et dirigée par le sénateur de cet état, John Tomarchio, jeune leader charismatique et énergique… qui n’a pas hésité à lancer l’arsenal nucléaire dans sa zone sur la Corée du Nord et l’Iran, les rayant de la carte, car jugées responsables des destructions nucléaires… mais aussi tirer des missiles dans la stratosphère pour griller tout le système électronique des Etats-Unis.  Car John Tomarchio est surtout un cadre dirigent d’une entreprise appelée Jennings & Rall, qui contrôle absolument tout ce qu’il y a à contrôler.  Là encore, nous sommes dans le communisme d’état le plus pur. Sous couvert d’aider le pays à se reconstruire, J & R s’immisce dans tout, et c’est dans son propre quartier général de Cheyenne que se tient l’assemblée constituante fondatrice des Etats-Alliés. Et c’est bien sur tout à fait par hasard que J & R ait le seul système informatique qui ait résisté aux tirs de missiles et que des filiales à elle ont été chargée du contrôle de la destruction de missiles nucléaires ex-soviétiques… dont l’uranium sera analysé comme celui ayant fabriqué les bombes ! Car, bien évidemment, c’est J & R qui était derrière les attentats nucléaires afin de prendre le contrôle des Etats-Unis de manière démocratique et totalitaire. Fusionner Mordechaï et Elchanan (Marx et Rothschild ad usum goyim).

Comparons  Jennings & Rall, le Secteur Corporatif et un régime communiste. Dans les deux premiers cas, nous sommes dans un régime « démocratique et libéral ». Mais dans les faits, c’est un Conseil d’Administration qui dirige tout, les décisions étant prises collectivement. Oui, comme dans un Soviet.  Et avec un président qui n’est qu’un gérant choisi parmi eux. Oui, comme un Secrétaire Général. Dans les Etats-Alliés, un paysan doit acheter ses semences chez J & R, son tracteur – acheté à un concessionnaire agréé J & R avec de l’argent emprunté à un organisme de crédit J & R – ne peut être réparés qu’avec des pièces détachées d’un garage J & R. L’épicier ne peut acheter sa marchandise en gros que chez J & R, le pharmacien doit s’approvisionner en médicaments dans un laboratoire J & R. Ils sont tous payés avec des billets de banques d’une banque centrale contrôlée par J & R et ayant remplacé les dollars verts. Ils paient leurs impôts aux officines de recouvrement J & R. Et si le peuple n’est pas sage, il y a Ravenwood, les mercenaires, pardon, la « compagnie de sécurité » de J & R, aux méthodes meurtrières. Mais les chaines de télés contrôlées par J & R,  les médias contrôlés par J & R et les manuels scolaires rédigés par J & R sont là pour apprendre aux gens à penser correct… Remplacez  J & R par Parti Communiste et vous avez l’URSS. Le Communisme de Marché, c’est les Soviets plus les magasins pleins. Une économie de type centralisée, à fournisseur unique, engraissant une nomenklatura. On est loin de la démocratie, on est loin de l’économie de marché. On est simplement dans une dictature plus soft où l’huissier remplace le milicien, l’interdit bancaire (mort sociale) remplace la prison et le binôme communication-marketing remplace la propagande. Dans le Secteur Corporatif, même chose. Médias, infos, loisir, tourisme, manipulation des taux de changes, tout est fait pour maintenir « les consommateurs » dans un état de frénésie irréfléchie et de les déposséder de tout, car toute leur paie sert à acheter à crédit des choses qu’ils fabriquent. Comme le chantait Eddy Mitchell dans les années soixante : « Rien n’est à toi, tu ne vaux pas un seul centime, tout appartient à la Société Anonyme ».  Ca c’est le côté « Ouest ». Mais la règlementation fiscale est de nature très soviétique : il y a deux catégories d’entreprises : les « Investisseurs », celles du Conseil d’Administration (du Gosplan quoi), qui ont des privilèges fiscaux, les informations en exclusivités, un droit de regard sur tout ; et les « hôtes » que l’on plume à coups de taxes, de règlements délirants, et que, le cas échéant, on prive de matières premières et de débouchés si elles gènes trop (et si malgré tout cela, elles arrivent à tenir, alors de temps en temps l’une d’elle est admise au Conseil d’Administration pour donner l’illusion d’un changement), exactement comme en URSS où le soi-disant secteur privé n’était en fait qu’un secteur public camouflé soumis aux désidérata de l’état. Il existe d’ailleurs un pays qui est quasiment en « communisme de marché ». Il s’appelle la Chine…

Petite remarque… Si vous êtes un comploteur et que vous voulez garder secret votre complot mais avec de gros risques de fuites, que faire ? Simple, utilisez Hollywood et faite un film décrivant exactement votre complot. Comme ça, quand quelqu’un le dénoncera, on le traitera de « crétin allant trop au cinéma » ou de « fou délirant confondant fiction et réalité ». Jadis, la force du diable était de faire croire qu’il n’existait pas, aujourd’hui, c’est de faire croire qu’il est virtuel.

Hristo XIEP

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