Voici in extenso cet article du salon beige :

Témoignage poignant d’une lectrice du Salon Beige sur la préférence donnée à la culture de mort dans notre société :

« A la fin de votre article, « Noyer un bébé, est-ce plus grave que de le réduire en bouillie in utéro », vous parlez de cette affreuse vérité qui est que lorsque l’on pratique un avortement, l’on est mieux remboursé d’un curetage que lors d’une fausse couche. Si vous le permettez, je vais vous faire part de mon expérience.

J’ai vécu ce drame il y a bientôt 4 ans, le coeur de mon enfant avait cessé de battre dans mon ventre au bout de 3 mois de grossesse. J’ai dû subir cette opération terrible, avant laquelle j’ai dû prendre un comprimé que l’on donne pour les avortements médicamenteux, ce comprimé entraînant dans les minutes qui suivent des douleurs particulièrement intenses. J’ai à ce moment pensé aux femmes qui avortent sans grande conviction, poussées par leur famille, le qu’en dira t-on, la société entière, et à leur chemin de croix qui commence avec ce mal sourd et puissant à la fois, et j’en ai pleuré de rage… Mon enfant, lui, ne sentait déjà plus rien, c’était mon seul réconfort.

Quelques heures après l’opération, lorsque l’obstétricien de garde est venu me voir dans ma chambre pour m’autoriser à sortir de l’hôpital, atterrée, vidée et endolorie, je le rappelle alors qu’il sort de la chambre après les 45 secondes environ qu’aura duré sa visite, pour lui demander pourquoi je n’avais pas d’ordonnance pour des médicaments contre la douleur. Son début de réponse fût une question: « C’est un avortement ? »

Moi: « non, j’ai perdu mon enfant »

Lui, refermant la porte pour aller dispenser sa froide monstruosité dans les chambres voisines: « alors non. »

J’avais non seulement perdu un de mes petits, je souffrais, mais j’avais de surcroît l’obligation de le faire en silence et sans aide du corps médical. J’en ai déduit à ce moment que si j’avais voulu sa mort, j’aurais eu le droit de ne pas avoir mal.

A trois mois de grossesse on ne peut pas récupérer son enfant pour lui offrir une sépulture, on doit être attentif à ce qui se dit car il a failli partir au labo pour être analysé, découpé, exploré et que sais-je encore. Il a fallu que je leur dise clairement non, que j’insiste pour qu’ils le laissent tranquille. On m’a regardée bizarrement.

Quinze jours plus tard, je recevais la facture, dont je me suis acquittée non sans dégoût, révolte et immense tristesse. J’ai compris à ce moment que si j’avais voulu sa mort, je n’aurais rien eu à payer… »

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