Lundi en fin d’après-midi, le ministre Gérald Darmanin a annoncé son intention de dissoudre le mouvement catholique Civitas pour une phrase prononcée par Pierre Hillard lors de la cinquième université d’été du Pays Réel organisée par Civitas, soutenue par le Général Flynn. En juin dernier, le journal La Croix rappelait que depuis qu’Emmanuel Macron est devenu président de la république française, plus d’une trentaine d’organisations ont été dissoutes par le gouvernement. L’intendant en chef de ces dissolutions, le ministre de l’Intérieur qui en compte le plus à son palmarès, c’est Gérald Darmanin.
« Il s’en sert comme une arme de communication. Cela lui permet de prendre une posture d’arbitre pour décider de ce qui peut être dit ou non, et, en quelque sorte, de désigner des ennemis », déclarait le président de l’agence de communication MCBG Conseil et professeur de communication politique à Sciences Po, auprès de Marianne en juin dernier. « Il se dit sans doute : « j’annonce, donc je fais » », ajoutait Philippe Moreau Chevrolet, estimant que cela lui permet de faire « du marketing » sur sa propre personne. « Il n’est pas dingue de penser qu’il songe déjà à la prochaine élection présidentielle et tente de s’imposer le candidat naturel de la droite », ajoute même le communicant.
Prononcer des dissolutions est donc une façon pour Darmanin de briller devant les médias, de jouer symboliquement des biceps, d’essayer de continuer à se placer malgré sa déception de ne pas avoir pris la place d’Elisabeth Borne. C’est aussi le signe d’un régime de plus en plus affaibli qui ne tient que par la répression.
Chronologie des faits
La cinquième université d’été de Civitas s’est tenue du 29 au 31 juillet sur le thème Combattre le satanisme du Nouvel Ordre Mondial. Trois jours de conférences de haut niveau, dont celle de Mgr Vigano, archevêque de renommée internationale.
Le samedi 5 août, quelques activistes communautaires juifs diffusent sur Twitter un extrait de moins de deux minutes, sorties de leur contexte, de la conférence que Pierre Hillard a prononcé à cette université d’été. Le dimanche 6 août, d’autres activistes, rejoints par des antifas, tentent d’agiter les réseaux sociaux et réclament la dissolution de Civitas. Le lundi 7 août, les premiers élus Nupes/LFI entrent en scène à leur tour. L’après-midi, c’est au tour de leur chef, le franc-maçon Jean-Luc Mélenchon, de tonner contre Civitas et de réclamer que Darmanin intervienne. Un peu plus d’une heure après le tweet de Mélenchon, Darmanin lance son communiqué. Ses services sont chargés de rédiger le décret de dissolution de Civitas.
Comment tout cela se terminera-t-il ? Nul doute que Civitas utilisera les possibilités de recours qui existent dans ces circonstances. Personne n’a aujourd’hui grande confiance en l’Etat de droit. Mais les gens de Civitas ont la foi. Quelle que soit l’issue finale, ils ne seront pas vaincus. Une fois n’est pas coutume, citons le politologue Jean-Yves Camus qui, dans Marianne, estimait que « rien ne vient à bout des idées » et que les dissolutions ne sont pas en mesure d’empêcher les individus « les plus déterminés » de continuer leurs actions « sous d’autres formes ».
Pierre-Alain Depauw
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