Gallimard envisage de publier en mai 2018, sous le titre « Écrits polémiques », un volume rassemblant trois pamphlets controversés de Louis-Ferdinand Céline : Bagatelles pour un massacre, L’école des cadavres, Les Beaux draps.
Âgée aujourd’hui de 105 ans, Lucienne Almanzor, la veuve de du docteur Destouches, plus connu sous son nom d’écrivain Louis-Ferdinand Céline, 105 ans, a donné son accord pour cette réédition.
C’est sans compter sur les pressions extérieures.
D’ores et déjà, le préfet Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, – la DILCRAH -, a adressé une lettre à Antoine Gallimard et mis en garde le patron des éditions Gallimard sur les risques d’une réédition de ces pamphlets de Louis-Ferdinand Céline publiés entre 1937 et 1941.
« Ce sont des ouvrages carrément antisémites et racistes. J’ai relu hier soir une partie de ‘L’École des cadavres’, qui date de 1937 : il ne s’agit pas d’une version soft du ‘Voyage au bout de la nuit’, mais d’incitation à la haine pure et dure », a déclaré le préfet.
« Mon rôle est d’alerter, de prévenir, de mettre en garde les éditions Gallimard et de les appeler à la responsabilité quant à l’appareillage critique qui accompagne cette édition. »
« Nous ne sommes pas dans un rôle de censeur, mais de lanceur d’alerte : on souhaite des garanties. »
« Dans un contexte où le fléau de l’antisémitisme doit être plus que jamais combattu avec force, les modalités de mise à disposition du grand public de ces écrits doivent être réfléchies avec soin. »
« La qualité de l’appareil critique qui les accompagne, et notamment sa capacité à éclairer le contexte historique et idéologique de leur production, ainsi que le décryptage des biais de l’auteur et des erreurs factuelles contenues sont dès lors déterminants. »
La police de la pensée devrait pourtant être rassurée puisque Pierre Assouline, dont les ancêtres sont séfarades et qui peut donc difficilement être suspecté de sympathie pour l’antisémitisme, devrait écrire la préface de cette réédition.
Dans tous les cas, quelques maisons d’éditions plus confidentielles proposent déjà à la vente les pamphlets en question.
Mais c’est la mise à disposition du grand public qui inquiète le représentant de la DILCRAH. Un individu qui en d’autres circonstances s’afficherait certainement Charlie et prétendrait être un inconditionnel de la liberté d’expression !
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