Arnaud Raffard de Brienne est un journaliste et écrivain français.

L’évocation de l’esclavage induit chez tout un chacun l’image de Noirs, fers aux pieds, achetés et vendus comme de vulgaires marchandises, par d’infâmes négriers blancs sans scrupules. La littérature historique fut très prolixe pour tout ce qui touche à la traite Atlantique, qui débuta au XVe siècle sous l’impulsion des Portugais par le transfert de milliers d’esclaves africains sur l’île portugaise de Sao Tomé dans le golfe de Guinée pour s’achever au milieu du XIXe siècle à l’issue des différents abolitionnismes et après avoir impliqué, à différents degrés, les grandes nations occidentales.

A l’inverse on ne peut qu’être surpris par le silence quasi général sur d’autres esclavagismes. Ce petit livre vient y remédier.

Il nous rappelle qu’il y eut un système esclavagiste de grande envergure mis en place par les musulmans, à partir du VIIe siècle, au début de l’expansion arabe et musulmane puis généralisé avec une ampleur et sur une durée dépassant l’entendement. L’esclavagisme arabo-musulman a précédé la traite Atlantique de près de mille ans et a perduré jusqu’à aujourd’hui, de façon plus discrète. Les traites arabo-musulmanes déportèrent de 17 à 18 millions d’Africains et d’Européens, soit bien plus que les traites transatlantiques.

Il y eut aussi l’esclavage des Noirs par les Noirs. Ainsi, en Afrique de l’Ouest, la plupart des ports négriers étaient sous la coupe de Noirs africains et le plus souvent de rois africains. On oublie que les grands Etats africains que furent le Bénin, le Dahomey, l’Ashanti et le royaume d’Oyo, bâtirent leur expansion et leur prospérité sur le commerce d’esclaves.

Il y eut, malgré le grand silence d’aujourd’hui à ce sujet, la traite des Blancs. Pour la seule période comprise entre 1530 et 1780, période forte activité barbaresque en Méditerranée et dans l’Atlantique, plus d’un million d’Européens furent enlevés de force au cour de razzias sur les littoraux italien, français, espagnol, sicilien, corse ou au cours des innombrables actes de piraterie en Méditerranée et dans l’Atlantique.

Et l’on occulte bien souvent aujourd’hui qu’au XVIIe siècle, il y eut davantage d’esclaves blancs déportés annuellement aux Amériques que d’Africains !

Enfin, il y eut aussi un esclavagisme juif sur lequel beaucoup d’historiens se montrent décidément bien pudibonds. Dès le IXe siècle, en France, les juifs étaient pourtant communément montrés comme les maîtres de ce trafic. De même, dans l’Espagne sous domination musulmane, les juifs prirent une grande part dans les transactions liées à la main-d’œuvre servile. Et au début du XVIIIe siècle, on comptait en Amérique cent vingt-huit navires négriers dont la plupart appartenaient à de riches négociants et armateurs juifs de Charleston, en Caroline du Nord, et de Newport, en Virginie.

Au vu de l’actualité, la lecture de ce livre est donc très conseillée pour répondre à la désinformation ambiante !

La désinformation autour de l’esclavage, Arnaud Raffard de Brienne, éditions Atelier Fol’fer, 100 pages, 16 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

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